L'arbre anthropophage » illustration de P.Kauffmann |
Ce nouvel opus est
si délirant qu'il est assez difficile de vous en donner un synopsis bien
cohérent sans trop dévoiler les surprises qui attendent le lecteur. Vertigineux
!
Comme
souvent chez Brussolo, l'héroïne, Jillian Caine, n'est
pas une Jason Statham en jupon, plutôt une trentenaire célibataire qui essaye de joindre les deux
bouts en rédigeant des scénarios pour des réalisateurs qui ont peu de chance de
recueillir des Oscars. Son agent lui propose un job dans ce domaine en
travaillant pour Dieter Jürgen, un cinéaste à la réputation très sulfureuse, auteur
de snuff movies distribués sous le manteau et projetés plus souvent en secret dans
les caves bondées de pervers que dans les salles des distributeurs. Le type vit planqué dans une
usine abandonnée protégée par des bikers placés sous la responsabilité d'un
brave petit gars bodybuildé surnommé "Presse-purée". Vous voyez le genre.
Promenons-nous dans les bois de Dipton... |
Quand il faut payer le loyer, ben on accepte la
mission et après une préparation et une visite à un Humphrey Mallory pourtant dissuasif, Jillian
accepte ce deal sans enthousiasme. Elle va accompagner la fine équipe de tournage jusqu'à Dipton, un groupe hétéroclite dont Miranda Hollis, actrice nulle, chargée du rôle de Debbie. L'accueil par les autochtones sera glacial. Interdiction
de tout : téléphone, radio, télé, se promener en ville surtout la nuit ; les amish
version couvre-feux en Transylvanie… De toute façon, ils ne sont tolérés que dans un seul endroit : la maison où Debbie et son
mari Matt Fevertown, feu le charmant
psychopathe misogyne et "gourou" du patelin ont vécu : une demeure de
40 pièces pour 4 personnes à l'époque ! Un angoissant dédale de petites pièces,
des réduits occupés par des générations successives et imbriqués les uns dans
les autres comme si chaque espace devait subsister au temps et rester vierge de
nouveaux occupants. L'endroit sent donc la malédiction : Samuel Fevertown, le père de Matt Fevertown, est mort avec tous ses
chevaux qu'il a fait enterrer sous le seul coin d'herbes verdoyant du patelin. Serions-nous
chez les dingues ? Ah détail important : chaque maison possède un arbre ancien
et robuste que l'on ne doit laisser dépérir à aucun prix, mais vraiment aucun.
Les geôliers y veillent, mais qui
sont-ils ?
... Oui mais avec modération !!! |
À partir de là, le roman va s'évader dans un délire
total certes, mais où chaque épisode d'une imagination effrayante trouve une fin
logique pour préparer la démence du suivant. La plume alerte de Brussolo assure une cohésion parfaite. On
va rencontrer (liste très peu exhaustive) : une mine d'or antédiluvienne à éviter, un pénitencier pour créatures extraterrestres
monstrueuses, des arbres qui vous régénèrent en cas de maladies graves et même
de décès (faire gaffe aux effets secondaires), une forêt compacte qui protège le monde
extérieur de ce cauchemar, un étrange monastère où un vieux druide soigne des
patients qui se couvrent de feuillage (ça démange affreusement semble-t-il). Juste un tout petit
échantillon de la folie douce de l'auteur. Et puis qui est vraiment Dieter Jürgen ? Une hécatombe sera à prévoir.
Quant à l'avenir de Jillian ?
Vous verrez bien…
Certains pourront trouver ce livre à la narration
quasi hystérique (dans le bon sens du terme) d'une bêtise assumée. Ceux qui
aiment les histoires complètement "barrées" ne seront pas déçus,
c'est le cas de votre cher chroniqueur… Jérôme Bosch, Dürer ou Gustave Doré auraient aimé en faire une édition illustrée…
Folio (2 février 2017) ; 496 pages
Jamais rien lu de cet auteur, mais je vais "essayer" ce bouquin. Il paraît bien barré.
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