mercredi 22 août 2018

CWT "The Hundredweight" (1973), by Bruno


     Nouvel élément ajouté au chapitre des pépites « oubliées » (en particulier celles des années 70). J'aime bien ce chapitre. Réservé aux bafouilles sur ces groupes qui ont disparu après avoir réussi à enregistrer et à sortir le fameux premier disque. Le but ultime, l'Eldorado, la Terre Promise, hélas atteint au prix de pénibles et douloureux efforts et qui souvent a servi à donner le coup de grâce à des jeunes dont la tête était pleine de rêves et d'espoir.  Qui se sont souvent retrouvés éreintés par des années de galères, de mauvaise nutrition et de nuits écourtées.

      Dans la catégorie des loosers magnifiques, un vrai champion de la catégorie "obscur de chez obscur", CWT. Un disque culte pour les férus de pièces rares.
Même Rockin' JL, autre archéologue frappa-dingue bien connu, n'en a jamais ouï dire. Il a même cru à une "fake-news", et a demandé une réunion extraordinaire, mais presque tout l'monde est en vacances.

     CWT... CWT ? Un sigle qui peut ne rien évoquer car il s'agit de l'abréviation de "centweight" ; une ancienne unité de mesure anglaise, généralement utilisée dans le milieu de l'élevage qui correspondrait à environ de 112 livres. Soit 50,80 kilos. Intéressant, non ?
CWT est le patronyme mystérieux d'un bien obscur combo du Royaume-Uni et les informations à son sujet sont aussi nombreuses que les clubs de remise en forme pour E.T. dépressifs sur la surface de la lune. Elles se limitent à quelques bribes. On sait juste qu'il s'agit d'un trio composé de Graham Jones, guitariste et claviériste, Peter Kirk, bassiste et pianiste, et Collin White, batteur.
Trois musiciens anglais qui se sont retrouvés sur un label Allemand féru de Rock-progressif, d'artistes"new-age" et de Krautrock (dont Out Of Focus), Kuckuck Records. Le trio devait certainement tourner régulièrement en Allemagne, où il a fini par intéresser cette maison de disques teutonne.

     C'est le controversé Andrew Loog Oldham qui est dépêché pour produire l'album. L'ancien manager des Rolling Stones, et le fondateur du label Immediate Records qui signa les Small Faces, PP Arnold, Rod Stewart, Humble Pie, John Mayall, The McCoys.

     Ce disque est un OVNI dans l'univers musical de l'époque. En effet, ce petit commando délivre une puissance, une force de frappe du genre "artillerie lourde" qui préfigure celle que l'on retrouvera des années plus tard chez de jeunes chevelus pyromanes qui allumeront la mèche à une poudrière qui incendiera tout le Royaume-Uni avant de s'étendre sur l'Europe : la NWOBHM. 
Cependant, CWT opère un contraste surprenant en habillant sa musique d'une section de cuivres quasi omnipotente.
Du fait de cette fusion - qui n'était pas une première -, le trio est parfois classé dans la catégorie Progressive.
     On subodore que c'est la production, probablement inspiré par ce qu'ont pu faire des groupes tels que Deep Purple, Uriah Heep et Gun, qui est allé quémander de l'aide à Cy Payne pour tenter d'édulcorer la rudesse du trio avec quelques arrangements d'orchestration de cuivres. Cy Payne, qui était connu à l'époque pour ses thèmes de séries télévisées (dont "Star Trek" et "The Thunderbirds") et ses réinterprétations orchestrales de succès pop (du genre à émerveiller Claude Toon ...). Soit, rien de bien marquant comme l'aura été le travail par exemple de John Barry.
   Cependant, dans le cas "CWT", Cy Payne, à quelques exceptions près, semble avoir trouver la bonne formule. Plutôt que de chercher à en mettre partout, Payne semble suivre l'exemple de la section de cuivres des studio Stax. A l'écoute, personne n'aurait été surpris de retrouver les noms de Wayne Jackson et Andrew Love dans les crédits. Finalement, bien souvent, les cuivres renforcent la rythmique, donnant alors une sensation de puissance accrue. Avec - il est vrai - un souffle de fraîcheur en sus.

     Plus surprenant encore, le trio - ou la production - s'est adjoint les services d'un chanteur, Charlie Jardine. Qui, le malheureux, n'a même pas eu droit de citation. Un parfait inconnu. A se demander s'il a vraiment existé. Son chant, puissant, se situerait entre Barry Ryan (mister "Eloise"), Rod Evans (Deep Purple Mark I) et Chris Farlowe (Atomic Rooster et solo), reprenant le chemin creusé par Ian Gillan. Un chanteur coincé entre le style british-pop des 60's et le proto-Hard.

     La photographie de la pochette, sombre image morbide de pierres tombales, a tout pour attirer une population friande de sonorités Heavy-Metal, voire Thrash ou Doom que l'on verra éclore une décennie plus tard. Toutefois, bien que le chant hargneux et puissant ainsi que la lourde tonalité de la guitare, font de cette unique galette un objet proto Heavy-Metal, l'inspiration du trio paraît essentiellement venir de compatriotes tels que Uriah-Heep, Atomic Rooster et Deep-PurpleLe long break instrumental de "Mephistopheles" s'inspire des parties semi-improvisées de Deep-Purple. Le guitariste reprend d'ailleurs un mouvement de Ritchie Blackmore lorsque ce dernier se calque sur la dernière phrase du solo de Lord sur "Child In Time". 
Sinon, le palpitant "Steam Roller" semble sortir tout droit du répertoire de Leslie West tant la rythmique écrasante évoque Mountain et le break pas moins que le trio West, Bruce & Laing.
Tandis que le Hard-blues "Roly Poly" pourrait trouver sa place auprès de Hackensack, voire d'un Free en live ; malgré les cuivres qui, ici, le sortent du "tout Hard-blues" brut de décoffrage.

     Étonnamment, la reprise de Love, "Signed D.C.", s'insère plutôt bien au milieu de ce bruit blanc sidérurgique. C'est qu'elle est pas mal plombée, malgré le premier et troisième mouvements, plus bucolique, avec la présence d'une flûte qui évoque l'atmosphère de Gravy Train.

     Après cet album, hélas sans lendemain, les musiciens rentrent au pays, à Birmingham, et fondent un nouveau groupe avec le chanteur David Kubinec : The Rats. Pour un très bon opus de Heavy-rock, entre Glam-rock et Hard-blues à la ZZ-Top. 





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3 commentaires:

  1. Et si CWT signifiait : Collin White Trio ?...

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    1. Ouais, on a frôlé le pire, genre PQ trio ou WC trio...

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  2. Ha ouais, je vois ... on rentre de vacances frais et requinqué.

    Non, mais, non ... sans rire. A t'on déjà vu un batteur donner son nom à un groupe ? Ce n'est pas cohérent. Enfin, un batteur ... [ :-)) ]
    Il y avait bien un rouquin teigneux, mais il avait la réputation de n'être pas tout seul dans sa tête ...
    (Non, Luc ! Lâches ce disque ! Il ne t'as rien fait)

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