jeudi 16 août 2018

CHRONIQUES d'AUSTRALIE PART V : RADIO BIRDMAN

Avec Radio Birdman* nous tenons là l'un des principaux groupes australiens, pas en termes de popularité ni de ventes de disques mais en termes d'influence, en effet on ne compte plus les groupes qui ont voulu  sonner comme eux au pays des kangourous. On les cite souvent comme les précurseurs de la scène "indé" australienne. Pourtant leur existence a été brève et semée de malentendus. Bref, c'est un peu l'archétype du "groupe culte".

Tout commence à Sidney en 1974 lorsque le chanteur Rob Younger et le guitariste Deniz Tek décident de former leur propre  band, Younger faisait partie de The Rats et Tek de TV Jones. Ce dernier est américain et a grandi prés de Detroit et a donc été exposé aux furieux Stooges de Iggy  ou au MC5, à 20 ans il part pour l'Australie pour ses études en médecine, qui se transformeront surtout en études en rock'nroll... Les deux compères recrutent le claviériste et guitariste  Pip Hoyle, le batteur Ron Keeley, et le bassiste Carl Rorke bientôt remplacé par Warwick Gilbert, le guitariste Chris Masuak les rejoint en 76, remplacement Hoyle (celui ci reviendra un an plus tard). C'est alors  l'émergence de la scène punk de Sidney et  Radio Birdman se fait remarquer, notamment par des prestations scéniques explosives. Pourtant ils vont essuyer plusieurs refus des maisons de disques avant qu'un petit label indépendant,  Trafalgar Studios à Annandale, accepte de financer leur premier album "Radio appear". C'est une déflagration sonore dans le petit monde du rock des antipodes dans laquelle explosent les influences Stooges**, MC5 mais aussi Doors, Velvet underground, Blue Oyster Cult, Beach Boys, New York Dolls, Stones, 13th floor elevators... Ignoré des radios commerciales et des circuits de distribution classiques  l'album se vend par correspondance et également en direct, puisque les membres du groupes vont eux même le distribuer dans les magasins de disques underground quand ils ne le vendent pas directement à l’arrière de leur van de tournée. L'année suivante ils réenregistrent l'album avec une track list légèrement différente***, destinée à l'export. Ils enregistrent aussi un second album, "Living eyes" , qui n’apparaîtra dans les bacs qu'en 1981. Mais les nuages s"accumulent , entre des ennuis dûs aux Hells Angels qui les suivent, une tournée ratée en Angleterre durant laquelle ils se font jeter par le public punk qui à cause de leurs cheveux longs les prend pour des hippies, leur label qui se casse la gueule, une tournée américaine avec les Ramones annulée au dernier moment, des  conflits d'égo dans le groupe...

C'en est trop et le groupe se sépare en 1978 après 4 petites années d'existence.
en 2016, cheveux moins longs et plus gris..
Les 6 musiciens  se dispersent alors dans différents groupes, ainsi Younger sera des New Christs ou Died Pretty, Masuak des Hitmen ou Screaming Tibesmen, d'autres chez Hoodoo Gurus, etc, Tek ,Younger et Gilbert feront partie d'un éphémère supergroupe punk en compagnie de Denis Thompson (MC5) et Ron Asherton (Stooges) nommé  the New race.
Radio Birdman se reforme en 96 pour quelques dates et tourne sporadiquement depuis , avec quelques changements dans le line up et sort même un album en 2006 " Zeno beach", et hasard du calendrier je  découvre qu'ils seront en France bientôt pour quelques dates (nfoconcert.com/artiste/radio-birdman)

Classé au 13 eme rang des meilleurs disques de rock australiens****  "Radio appear" a influencé des générations de musiciens ; même s'il n'a pas apporté la reconnaissance mondiale aux Radio Birdman qui resteront une  sorte de pendant australien maudit  des Ramones mais -à mon sens -  plus complets que ces derniers. Les cantonner au genre punk est en effet réducteur et  leur héritage est conséquent, celui d'un des meilleurs rock'n'roll band issu de l’île aux kangourous.

ROCKIN-JL


* leur nom vient d'une erreur: en écoutant la chanson des  Stooges "1970" ils croient entendre "radio birdman" et non "radio burnin"

**ils reprennent souvent les Stooges en concert '"search & destroy" et nomment leur QG "funhouse" (deuxieme album des Stoges, 1970)

*** sur la première mouture on trouve une reprise fumeuse des Stooges ("TV eye") et sur la seconde une des 13th Floor Elevators ("you"re gonna miss me"), sur la première la ballade "Love kills" et sur la seconde "Aloha Steve & Danno", morceau surf sous amphet qui rend hommage à la série Hawaii five-zero, mais les meilleurs morceaux communs aux deux versions de l'album sont "Man with golden helmet" inspiré par une toile de Rembrandt, un morceau trés Doorsien à la "riders on the storm" , l'apocalyptique "Descent into the Maelstrom" lui tiré d'une nouvelle de EA Poe (qui a dit que les rockers étaient incultes?)  et  "New race" hymne punky avec son refrain "yeah up"

**** voir le livre "the 110 Best Australian albums" . (dans le livre "the top 50 australian album of all time" il est carrément classé à la seconde place)





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