Il reste définitivement fidèle au style qu'il a développé. A savoir, le résultat d'un héritage bien assimilé (pour les plus évidents) de Robin Trower, de Jeff Beck (dont il a aussi adopté, pour certaines de ses grattes, le fameux micro signature de Seymour Duncan, le SH4), de David Gilmour, de Peter Frampton, et de Wishbone Ash.
Par contre, les effets de guitares, bien que présents, se sont fait beaucoup plus discrets qu'auparavant.
Ce qui n'empêche nullement de superbes envolées guitaristiques, à faire pâlir toutes les icônes citées. Toujours un gros son de guitare, charnu et plein, mais là encore, avec une saturation plus mesurée qu'autrefois ; peut-être un peu plus de Fender Stratocaster gonflées que de Gibson. Ce n'est qu'à une seule occasion, pour une introduction, que l'on entend un son clair, dépourvu de toute forme de saturation.
Son timbre de voix demeure quelque part entre Peter Frampton, Martin Turner et Andy Powell de Wishbone Ash (encore et encore, une référence qui revient sans cesse) et David Gilmour.
La section rythmique reste la même depuis 2007, avec notamment le batteur Miri Miettinen qui jouait déjà avec Granfelt dans les années 80 au sein des Gringos Locos - puissant quintet finlandais qui s'était fait remarquer dès son premier opus avec son mélange de Heavy-rock US, Southern-rock et Heavy-Boogie 70's (trois sympathiques albums) -. Un tandem à la fois puissant et groovy qui n'a rien à envier à ceux désormais mythiques des années 70.
Bien que l'on soit indéniablement dans la même veine que les précédents opus, le penchant pour un Heavy-rock-progressif semble un peu plus marqué. Pour faire court, dans l'ensemble ça se situerait entre un Pink-Floyd plombé et Wishbone Ash. C'est flagrant sur un titre tel que « This Soul of Mine », ainsi que sur « What Comes Around Goes Around ».
Les références aux « Jam-band », comme Gov't Mule ou Widespread Panic, que l'on retrouvait sur les précédents disques, sont ici suspendues.
L'embauche de Kasper Martenson aux claviers (Five-Fifteen, Stratovarius) a un impact flou sur la musique. Pas transparent mais pas pesant non plus. Sans la transformer, sa participation offre, sur certains titres, un agréable parfum « Purplien ». Ainsi, « You Ain't Got Nothing On Me » évoque le Deep-Purple de « Who do you think we are » et de « Never before ». Alors que le final, l'entêtant « Julie », retrouve (au bout de près de deux minutes) l'ambiance magique générée par les duels d'antan de Ritchie Blackmore et de Jon Lord. Des claviers qui apportent une couleur supplémentaire à cette déjà généreuse palette, et qui renforcent la structure des compositions. Cela, sans jamais être envahissant, le maître d'oeuvre restant Ben Granfelt, véritable amoureux de la guitare rock ; et ça s'entend.
Tandis que le court instrumental « Lia » se situe entre un Ronnie Montrose planant et le jeu aux doigts doublé d'un travail au vibrato estampillés Jeff Beck.
Et « Bright lights & Dreams » pourrait être le croisement improbable entre un Frank Marino jazzy et un Peter Frampton bluesy.
En clôture, avec « Suburban Blues Jam », le Finlandais rejoint à nouveau le chemin tracé par Robin Trower.
Au final, un véritable kaléidoscope, qui s'entremêle, dans un savant dosage, diverses couleurs issues du Classic-rock - de la branche Heavy - des années 70, et des nouveaux héritiers de ce riche patrimoine.
Un disque qui oscille entre un Heavy-rock-progressif et un Heavy-rock travaillé, soutenu par des guitares viriles et illuminé par des musiciens infaillibles. Et surtout un sorcier de la guitare capable de donner vie et parole à ses guitares. Pour s'exprimer, il privilégie les tonalités charnues, chaleureuses et chantant.
Dans la continuité de l'excellent "The Sum of Memories", bien qu'un cran en dessous, plus cool également, mais toujours d'une qualité rare.
Malheureusement, des problèmes familiaux ont freiné la carrière du "Band" de Ben Granfelt. Alors qu'il travaillait sur un onzième album, au début de 2010, il a été contraint de mettre le groupe - et le disque - en sommeil. Quelque temps plus tard, Bryn Jones, du furieux Los Bastardos Finlandes, lui a demandé de le dépanner pour une tournée. Finalement, il reste dans ce groupe et participe à la composition et l'enregistrement de trois galettes de ce Dirty Heavy-Rock'n'Roll finlandais (souvent dans la lignée de Motörhead, de Mother Superior et de Peer Günt). Cependant, si ces disques sont de bonne facture, ils n'égalent pas ceux du Ben Granfelt Band. Ils n'en ont ni la finesse ni la richesse de ce dernier.
🎼🎶
⇨ Autre article / Ben Granfelt : "The Sum of Memories" (2006)
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