samedi 21 juillet 2018

SAINT-SAËNS - La Danse Macabre – Daniel BARENBOÏM – par Claude Toon




Danse macabre par Monika Meglić (cherchez l'erreur)
Poursuite des petits billets estivaux… Qui n'a pas entendu un jour ou l'autre la brève mais amusante Danse Macabre de Camille Saint-Saëns avec l'incontournable humour sarcastique de l'auteur de la tonitruante Symphonie avec Orgue ?
Inutile d'être un mélomane grand amateur de musique classique, ce poème symphonique a été exploité dans un nombre impressionnant de films ou de séries TV : de Buffy contre les vampires en passant par Grimm, dans le jeu vidéo Alone in the dark, dans La Règle du Jeu de Jean Renoir, et même semble-t-il par le groupe de Black Métal Suédois Marduk dans un album quasi éponyme. J'ai écouté quelques morceaux à péter les vitres de ces gens-là, je n'ai pas trouvé une seule note qui ressemble de près ou de loin à l'ouvrage de Saint-Saëns… Si les Rockers du Deblocnot ou nos lecteurs peuvent m'éclairer… Sans oublier une adaptation poilante de Francis Blanche chantée par les 4 barbus.
Saint-Saëns a composé cette pièce symphonique en 1874. Il s'inspire d'un poème plutôt farfelu d'Henri Cazalis (1840-1909), un écrivain contemporain de Saint-Saëns. Comme le Déblocnot ne recule devant rien, je vous en donnerai le texte.
L'ouvrage, assez court, sera créé par les concerts Colonne en 1875. Il a été assez bien accueilli et devra même être bissé. À noter que Saint-Saëns détestait le courant wagnérien qui commençait à conquérir le style Français sous la houlette de César Franck, mais il était ami de Franz Liszt dont le principe de l'emploi des leitmotive et du romantisme parfois outrancier (Clic) se rapproche de celui de Wagner ; hors les deux derniers s'appréciaient beaucoup. Comprend qui pourra… Liszt, l'inventeur officiel du poème symphonique avec Ce que l'on entend sur la Montagne d'après Hugo écouté en mai, a influencé notre Saint-Saëns national pour l'orchestration plutôt rutilante.

Daniel Barenboïm au Panthéon en 1981 en l'honneur de l'élection de Tonton
On se souvient que depuis un article consacré à son 5ème concerto pour piano, je vois Saint-Saëns d'un œil plus favorable, un auteur n'ayant, tout compte fait, pas peur de certaine audaces sous un apparent académisme. L'emploi d'un xylophone en 1874 est une réelle nouveauté à cette époque. Il est vrai que la sonorité clinquante et percutante de l'instrument est idéale pour symboliser le fracas des nonos des squelettes. 😊 Donc un orchestre généreux surprenant dans cette France du début de la IIIème république :
1 picolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors (2 en sol et 2 en ré), 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, 3 timbales, triangle, cymbales, xylophone ! 1 harpe, les cordes et un violon solo.
Dans les années 70, Daniel Barenboïm avait gravé un certain nombre d'œuvres symphoniques de Saint-Saëns dont la danse Macabre et l'inénarrable Bacchanale de Samson et Dalila au kitsch oriental assumé, même si hilarant. On retrouve dans l'album présenté en introduction la symphonie avec Orgue dans une belle interprétation ainsi que diverses pièces orchestrales sympathiques, le Carnaval des Animaux, le second concerto sous les doigts de Pascal Rogé. Bref : une anthologie d'initiation à l'œuvre pour orchestre de Saint-Saëns de haute volée. On écoutera la Danse Macabre dans cette version qui illustre le dessin animé de la vidéo.
L'argument est assez simple. Après une courte introduction assez sombre, un violon solo (luben Yordanoff) aux timbres grinçants et symbolisant le diable vient animer un sabbat diabolique sur un rythme de valse. L'interprétation commence à [1:03].
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Zig et zig et zig, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon,
La mort à minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon.

Le vent d'hiver souffle, et la nuit est sombre,
Des gémissements sortent des tilleuls ;
Les squelettes blancs vont à travers l'ombre
Courant et sautant sous leurs grands linceuls,

Zig et zig et zig, chacun se trémousse,
On entend claquer les os des danseurs,
Un couple lascif s'assoit sur la mousse
Comme pour goûter d'anciennes douceurs.

Zig et zig et zag, la mort continue
De racler sans fin son aigre instrument.
Un voile est tombé ! La danseuse est nue !
Son danseur la serre amoureusement.
La dame est, dit-on, marquise ou baronne.
Et le vert galant un pauvre charron – Horreur !
Et voilà qu'elle s'abandonne
Comme si le rustre était un baron !

Zig et zig et zig, quelle sarabande !
Quels cercles de morts se donnant la main !
Zig et zig et zag, on voit dans la bande
Le roi gambader auprès du vilain !

Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde,
On se pousse, on fuit, le coq a chanté
Oh ! La belle nuit pour le pauvre monde !
Et vivent la mort et l'égalité !

Quand je parlais d'un poème un peu barré...

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