lundi 30 juillet 2018

MON GAMIN de Pascal Voisine (2017) par Luc B.


Voilà un court roman, qui se lit très bien, parce qu’il est particulièrement bien écrit, et construit (flash back, différents narrateurs). Une fois dedans, on ne le lâche pas facilement, happé par les personnages, et parcqu'on a envie de savoir...
Marc Alder, la cinquantaine, chanteur à succès qui a mis fin à sa carrière (une sorte de Bruel, j’ai l’impression…) revient dans son village natal à l’occasion des obsèques de sa belle-mère. La seconde femme de son père, qui est le directeur de l’asile psychiatrique du coin. Marc Alder, c’est un pseudo de scène. Son vrai nom, c’est Thierry. Ce Thierry qui va se souvenir de son adolescence, en août 1977, et d'une certaine journée en particulier. 
Au centre du récit, il y a aussi Francis, autre narrateur, à la première personne. Et Gilles, dit Mains-de-Marteau, parce qu’il est costaud et peut assommer un type d’une main ! On a aussi Richard, un infirmier de l’asile, fan d’Elvis Presley, dit "l'ange bleu" pour ses tatouages. Des points de vue différents sur l’intrigue, un chapitre est même entièrement raconté par un mort, un cadavre, qui nous relate plusieurs semaines d’évènements.
Car des évènements, il va s’en passer. Tout tourne autour d’une date, le 17 août 1977, le lendemain de la mort d’Elvis Presley. Le King apparait en filigrane dans tout le roman, ce n’est pas un gimmick, mais au contraire un élément essentiel à l’histoire. Comme on croise beaucoup d’autres musiciens, car Thierry, 14 ans à l’époque, est un dingue de musique. Et il souffre d’arithmomanie ! Il ne peut s’empêcher d’apprendre par cœur les dates d’enregistrements, le nombre de titres sur un disque, la durée exacte de toutes les chansons ! Et il aime bien trainer chez Richard, regarder sa collection Presley, dont la fameuse guitare double manche, la Gibson EBS 1250 Double Bass !
Il va se passer autre chose ce jour-là, plus tragique encore que la disparition du proprio de Graceland. L’auteur, Pascal Voisine, plante sa petite graine  dès le début, très habilement, avec Gilles Mains-de-Marteau qui déclare à Thierry «  tu sais, y’a 40 ans, j’ai tout vu par la fenêtre ». Qu’est ce qu’il a vu ? Et qui d’autres l'aurait vu ? C'est ce que l’auteur va nous raconter...
Il y a pas mal de personnages, que l’auteur parvient en quelques lignes à croquer, à rendre vivant, palpable. Le généreux mais un peu neu-neu Francis, hébergé à l'asile, les gamins du coin, Gérard Dramoin, le gendarme qui mène sa petite clique de notables à la pogne, Jean Daniel le père, et bien sûr Emelyne, seconde épouse, tout juste 25 ans, si belle et désirable. De quoi alimenter les fantasmes de Thierry, dont la libido s’enflamme cet été-là, entre ces virées avec Francis,  les baignades au lac, le cérémonial de l’écoute de 33 tours, le stage à l’asile de fous…  
Puis l’action se cristallise sur la funeste journée du 17 août, où le monde va s’écrouler, les conséquences dramatiques d’une série d’évènements, dont Thierry n’avait pas tous les tenants et aboutissants à l’époque, et qu’il va découvrir 40 ans plus tard.
Difficile évidement d’en dire plus, mais c’est un livre que j’ai beaucoup aimé, qui va à l’essentiel, qui commence comme une chronique initiatique, nostalgique, et bascule dans l'étude de moeurs, presque dans le roman Noir.
235 pages, chez Calmann Lévy (me devrait sortir en Poche sous peu)          

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