mercredi 18 juillet 2018

DOG DAYS REVOLUTION "Overloaded" (2013), by Bruno



     Nombre d'artistes ont généré moult suiveurs. Des bons, des passables, des mauvais et quelques rares génies qui ont su transcender l'influence pesante de leur(s) mentor(s) pour aller ailleurs, voire bien au-delà.
D'autres n'eurent guère d'autre ambition que de simplement parvenir à jouer correctement la musique de leur(s) mentor(s).
     

       Et, évidemment, il y a toujours quelques astres imposants dont la très forte personnalité a marqué à jamais les esprits et qu'une partie du public n'apprécie pas que l'on touche. Comme si c'était quelque chose de sacré, d’impénétrable, que l'on ne devait pas toucher de nos mains impures, au risque de la souiller.
Un cas apparemment exacerbé dans le milieu du Hard-rock, où une part du public est constitué de passionnés fidèles. prêts à tomber à bras raccourci sur le premier qui oserait reprendre à son compte le patrimoine de leur groupe fétiche.
AC/DC doit être la formation a avoir été la plus copiée. L'apparente et relative facilité de leur musique ayant incité la prolifération de clones, de roublards escamoteurs, mais aussi d'authentiques paroissiens cherchant à répandre, à transmettre la "sainte musique".
Sans omettre les astucieux et studieux élèves qui ont su contourner l'obstacle du pur et simple plagiat.

       A l'origine, Dog Days Revolution n'est rien d'autre qu'un tribute-band finlandais dédié à AC/DC. Oui, mais vraiment un très bon tribute-band, capable de sonner comme les Australiens, jusqu'au chanteur qui est un mix de 50 % de Bon Scott et de 20 % de Brian Johnson. Il en manque 30 ? Non, le reste est à mettre au crédit de Dan McCafferty. Le chanteur de Nazareth.
Et la référence avec l’Écossais ne s'arrête pas là car même si lors des premières écoutes la référence avec  le Hard-rock-bluesy couillu des frères Young saute aux yeux, ces Finlandais ne se contentent pas de se repaître des cendres fumantes des glorieuses années du quintet Australien. Leur culture musicale ne se limite pas à ce seul groupe. Sans jamais vraiment quitter la sphère d'un Hard-boogie-blues accrocheur assez typé, on remarque que finalement des titres tels que "She's Allright" et "Fire Fire" ont finalement plus d'atomes crochus avec Nazareth. En particulier celui des années 90, et plus précisément celui de l'excellent "Boogaloo" de 1998, avec le mésestimé Jimmy Murrison.

     Et on milieu de toute cette décharge de Heavy-blues-rock incandescent et festif, s'est faufilé "Fox on the Run"  ; une reprise de Sweet, tiré de "Desolation Boulevard" (1974) et "45 tours" au succès international (dont plusieurs "number one"), repris maintes fois et qui a encore réussi à s'immiscer dans la B.O. d'un blockbuster : "Les Gardiens de la Galaxie 2".
Bref, dans ce dépôt de munitions typées "Hard-blues" - à manipuler avec précaution et avec interdiction formelle de fumer - , on survole les périodes d'AC/DC, des débuts avec le galvanisant et juvénile "So Simple is Rock'n'Roll" à l'ère des stades avec "Rich And Famous" qui flirte avec le Heavy-Metôl, ou encore celles qui brouillent les cartes comme  "I Don't Drive My Car" qui détourne le riff de "Bad Boy Boogie" (un riff tant de fois subtilisé que les frères Young aurait pu passer une décennie en procédures) pour l'amener sur le terrain de Brian Johnson. On y trouve donc aussi quelques Scuds plus empreints d'ingrédients européens, et plus particulièrement de Nazareth. D'ailleurs, le disque se termine sur une ballade de bourrin, ou plutôt un "Hard-blues" à la rengaine Pop qui évoque les chaudes heures de ce groupe Écossais. 
Ce qui rend donc forcément leur répertoire plus intéressant.

       Il y a ici une maîtrise assez rare pour un groupe qui ne se targuait d'être uniquement un tribute-band. Et pour cause. Tous sont des musiciens qui ont déjà pas mal roulé leur bosse. Sur les routes Scandinaves, mais aussi Européennes. Eski Palosaari a enregistré son premier disque en 1991 avec le trio Jackflash. Iffe Lindholm en 2004 avec le groupe de Heavy Metal "Grayblack". Ce dernier est considéré par la bande comme un businessman (par accident), rêvant de jouer dans un vrai groupe de Rock'n'Roll ; et aussi fan de bière.
La section rythmique représente les plus expérimentés. A savoir le batteur Twist Twist Erkinharju, qui après la longue parenthèse des célèbres Leningrad Cowboys (avec Ben Granfelt), fonde avec quatre autres desperados Los Bastardos Finlandeses (sous le pseudonyme El Bastardo Grande). Mais surtout, il a fait partie de la grande et longue aventure de Peer Günt ! Avec le bassiste Tsöötz Kettula. Ce fameux trio, vieille gloire nationale dont la genèse remonte à 1976 et la première galette à 1985. Avec donc la présence des deux loustics, Erkinharju et Kettula, dès ce premier essai éponyme. Alors là, à l'évocation de ce mythique trio, dont la renommée dépassa les frontières européennes, on se dit que forcément on n'a pas affaire à des amateurs. Pas des rigolos, ni des musiciens du dimanche. C'est du sérieux.
Rien d'étonnant donc à ce qu'ils affichent autant d'aisance.
Ces gars là ne se sont pas improvisés musiciens pour jouer la musique de leur groupe fétiche. Ils étaient déjà depuis belle lurette des musiciens accomplis et chevronnés, ayant à leur actif quelques galettes. En fait, leur tribute-band est avant tout un palliatif pour tromper l'ennui de leur retraite - ou semi retraite - tout en se faisant plaisir. Et surtout en le faisant proprement, sérieusement. Ça a commencé par des reprises, pour le fun et quelques concerts où Iffe Lindholm reprenait le jeu de scène d'Angus Young, avec culottes courtes et casquette, puis, comme bien souvent, du matériel original s'est accumulé et a nécessité un enregistrement légitime.
Bien leur en a pris.

     Un bon disque pour l'été. Et peut-être pour faire de la place sur la plage, autour de la serviette ... apparemment, il y a de nombreuses personnes qui ont besoin viscéral de s’agglutiner, comme si les transports en commun et les foules des trottoirs à l'heure de pointe leur manquaient.

 
🎶♩😈🚨♽♼

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