Il y a déjà longtemps que je voulais
parler d’Yves Simon. Chanteur, auteur, musicien écrivain, ce gars a tout pour
plaire !
Né 4
mois avant la fin de la seconde guerre mondial, Yves Simon passera une jeunesse
tranquille dans les Vosges, entre un père cheminot (et ses «privilèges») et une mère infirmière. Le métier de son père
lui permettra de voyager à moindre coût et Yves Simon est un bourlingueur, il aura ainsi
l’occasion de découvrir Paris et de nombreux coins de France. Déjà, à l’âge de
quinze ans, ses centres d’intérêt sont nombreux et d’essence artistique. Il
navigue entre musique et littérature. Intéressé par la guitare et l’accordéon, c’est
à cet âge qu’il fonde avec quatre copains les Korrigans
un groupe dans lequel il tient la guitare. Le répertoire du groupe est tournée
vers le rock’n’roll, la musique qui, à l’époque, révolutionne le monde entier.
Ils jouent dans les casinos de Vittel et de Contrexéville, mais le jeune homme
écoute autant Brassens et Gréco que les Beatles
et les Rolling Stone les étoiles montantes du
moment. Pourtant l’écriture reste sa
passion la plus forte, à 16 ans il décroche son Bac et les musiciens du
groupe se séparent pour entamer leurs
études supérieures. Il fréquente la faculté de Nancy en classe de théâtre et,
en parallèle, des cours d’art dramatique au conservatoire local. A l’époque des
trente glorieuses, Yves Simon va connaitre la vie de bohème, partagé entre
les cours à la fac et les fêtes estudiantines.
Ne
sachant pas trop dans quelle direction s’orienter, pendant cette période, il
commence à écrire des chansons tout en grattant sa guitare et surtout, il lit
assidûment. Il va monter sur Paris, s’inscrit à la Sorbonne et prépare le
concours d’entrée à l’IDHEC le top des écoles de cinéma. Il décrochera un
diplôme de lettres, mais laissera tomber l’école de cinoche. Il décide de se
consacrer à la musique, il participe à une émission télévisé «Le jeu
de la chance» qui était le premier radio crochet qui permettait à des
artistes de chanter devant un public qui votait à l’applaudimètre, c’est dans
cette émission qu’apparaitront pour la première fois Mireille
Mathieu et Thierry le Luron. Après son
passage Yves
Simon décrochera un contrat chez Fontana. En 1967 il enregistre deux trente trois tours qui passeront inaperçus.
Il abandonne Paris pour sillonner le monde, la Turquie et les Balkans avant de
traverser les États-Unis de part en part. Il va se faire connaitre par son
premier roman qu’il a écrit en 1969
publié deux ans plus tard «Les jours en couleurs» suivi par «L’homme arc-en-ciel». Ses
premiers ouvrages sont des succès, on lui propose de travailler dans la presse.
Il écrira dans Actuel le magazine de Jean-François Bizot et
on pourra aussi l’entendre sur l’antenne d’Europe
n°1.
Puis
il reviendra à la chanson en 1972 en
sortant un 45 tours qui connaitra un certain succès «Les gauloises bleues». Avant que
ne sorte son premier album, il se retrouve en première partie à Bobino de son
idole Georges Brassens, il fera aussi celle de Maxime Le Forestier et
de Philippe Chatel. Son premier album sort en 1973 «Au pays des merveilles de Juliet»
c’est un succès critique ainsi que public, le 33 tours obtient le Grand Prix de
l’Académie du Disque. Quant à la chanson titre inspirée par la comédienne Juliet Berto, elle devient un des piliers de son répertoire. Le disque suivant «Respirer Chanter»
confirme sa patte, son influence américaine et son talent, le titre phare «J’ai rêvé New
York»
scandé comme un slam rapide avec une certaine satire de la grosse pomme. Ce
sera encore un succès et il sera certifié disque d’or en quelques
semaines.
Mais
le personnage reste difficile à classer, entre ses albums et ses romans, est-ce
un chanteur qui écrit ou un écrivain qui chante ? Yves Simon ne se pose pas trop
la question et continue son petit bonhomme de chemin. En 1974, il fait sa première grande scène parisienne avec une série de
concerts à l’Olympia où, pour l’occasion,
il fera venir pour la première fois en France l’accordéoniste argentin Astor Piazzola. Il fera aussi sa première tournée au
Japon, un pays où il aura toujours un succès certain. En 1975, parait un de ses rares albums live enregistré au Théâtre de
la Ville avec Transit Express le groupe de Serge Perathoner (Il
en enregistrera que deux durant toute sa carrière, dont un au Japon). Son
livre suivant portera le titre du nom de son nouveau groupe «Transit Express».
Si son album suivant «Raconte-moi» renferme quelques très beau
titres comme «Les
films de Polanski», le suivant «Macadam» sera beaucoup plus sombre mais il va
s’entourer d’artistes de premier ordre, Jacques Higelin
viendra pour une partie d’accordéon, Marcel Azzola
et son bandonéon, Laurent Voulzy en Backing
Vocals et même Jean-Jacques Milteau et son harmonica.
Début 1977, il trouve les tournées
trop lourdes et les enregistrements s’enchainent à un rythme tel qu’il ne peut plus
s’adonner à la passion de l’écriture. Après encore un album «Un autre désir»
et une nouvelle tournée du Japon à l’Allemagne ne passant par le Canada, il
décide de faire une pause, sans quitter la musique, mais en abandonnant la
scène. Fin 77, il va écrire la bande originale du film de Diane Kurys «Diabolo Menthe» qui sera un énorme succès
populaire grâce à la chanson-titre (Il
fera trois BO des films de Diane Kurys comme «Cocktail Molotov» qui sera la première apparition
de François Cluzet sur un écran).
Il va
sortir son quatrième roman «L’Amour dans l’âme» qui, comme les précédents,
connaîtra un certain succès en librairie et sera traduit dans plusieurs
langues. Il reviendra sur scène avec un nouvel album et il apparaîtra dans le
compte musical pour enfant de Philippe Chatel «Emilie Jolie».
Les temps changent, La barbe disparait, le look et le son prennent la direction
des années 80, fini la guitare, bonjour les synthés. Il retourne au pays du
soleil levant ou il chantera sur scène à Hiroshima en 1982 pour la commémoration de l’explosion atomique du 6 août 1945 devant 20.000 personnes. L’année
suivante sera enrichissante avec l’album «USA-USSR» et le titre phare «Amazoniaque»
et en parallèle un nouveau livre «Océan» qui sera son premier gros succès. Jusqu'à
l’année 2007, il n’enregistrera que
quatre albums alors que sa carrière d’écrivain deviendra des plus prolifiques. En 1987 et «Le Voyageur
Magnifique», il recevra le prix des libraires, le prix Médicis avec «La Dérive des
Sentiments» en 1991, le
recueil de textes «Sorties de nuit» aura le Grand Prix de la
poésie de la Sacem en 1994 et le
prix Erckmann-Chatrian en 2011 avec «La compagnie des
Femmes». Il réapparaitra sur une scène, après trente ans d’absence,
aux Francofolies de La Rochelle en 2007,
l’accueil sera triomphal. Il reprendra son ancien répertoire, mais apportera aussi des nouveautés qui préfigureront le nouvel opus qui sortira peut de temps après.
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