mardi 19 juin 2018

YVES SIMON : de la Guitare à la Plume - par Pat Slade




Il y a déjà longtemps que je voulais parler d’Yves Simon. Chanteur, auteur, musicien écrivain, ce gars a tout pour plaire !








Des débuts (très) difficiles

Né 4 mois avant la fin de la seconde guerre mondial, Yves Simon passera une jeunesse tranquille dans les Vosges, entre un père cheminot (et ses «privilèges») et une mère infirmière. Le métier de son père lui permettra de voyager à moindre coût et Yves Simon est un bourlingueur, il aura ainsi l’occasion de découvrir Paris et de nombreux coins de France. Déjà, à l’âge de quinze ans, ses centres d’intérêt sont nombreux et d’essence artistique. Il navigue entre musique et littérature. Intéressé par la guitare et l’accordéon, c’est à cet âge qu’il fonde avec quatre copains les Korrigans un groupe dans lequel il tient la guitare. Le répertoire du groupe est tournée vers le rock’n’roll, la musique qui, à l’époque, révolutionne le monde entier. Ils jouent dans les casinos de Vittel et de Contrexéville, mais le jeune homme écoute autant Brassens et Gréco que les Beatles et les Rolling Stone les étoiles montantes du moment. Pourtant  l’écriture reste sa passion la plus forte, à 16 ans il décroche son Bac et les musiciens du groupe se séparent  pour entamer leurs études supérieures. Il fréquente la faculté de Nancy en classe de théâtre et, en parallèle, des cours d’art dramatique au conservatoire local. A l’époque des trente glorieuses, Yves Simon va connaitre la vie de bohème, partagé entre les cours à la fac et les fêtes estudiantines.

Ne sachant pas trop dans quelle direction s’orienter, pendant cette période, il commence à écrire des chansons tout en grattant sa guitare et surtout, il lit assidûment. Il va monter sur Paris, s’inscrit à la Sorbonne et prépare le concours d’entrée à l’IDHEC le top des écoles de cinéma. Il décrochera un diplôme de lettres, mais laissera tomber l’école de cinoche. Il décide de se consacrer à la musique, il participe à une émission télévisé «Le jeu de la chance» qui était le premier radio crochet qui permettait à des artistes de chanter devant un public qui votait à l’applaudimètre, c’est dans cette émission qu’apparaitront pour la première fois Mireille Mathieu et Thierry le Luron. Après son passage Yves Simon décrochera un contrat chez Fontana. En 1967 il enregistre deux trente trois tours qui passeront inaperçus. Il abandonne Paris pour sillonner le monde, la Turquie et les Balkans avant de traverser les États-Unis de part en part. Il va se faire connaitre par son premier roman qu’il a écrit en 1969 publié deux ans plus tard «Les jours en couleurs» suivi par «L’homme arc-en-ciel». Ses premiers ouvrages sont des succès, on lui propose de travailler dans la presse. Il écrira dans Actuel le magazine de Jean-François Bizot et on pourra aussi l’entendre sur l’antenne d’Europe n°1.

Puis il reviendra à la chanson en 1972 en sortant un 45 tours qui connaitra un certain succès «Les gauloises bleues». Avant que ne sorte son premier album, il se retrouve en première partie à Bobino de son idole Georges Brassens, il fera aussi celle de Maxime Le Forestier et de Philippe Chatel. Son premier album sort en 1973 «Au pays des merveilles de Juliet» c’est un succès critique ainsi que public, le 33 tours obtient le Grand Prix de l’Académie du Disque. Quant à la chanson titre inspirée par la comédienne Juliet Berto, elle devient un des piliers de son  répertoire. Le disque suivant «Respirer Chanter» confirme sa patte, son influence américaine et son talent, le titre phare «J’ai rêvé New York» scandé comme un slam rapide avec une certaine satire de la grosse pomme. Ce sera encore un succès et il sera certifié disque d’or en quelques semaines. 


Mais le personnage reste difficile à classer, entre ses albums et ses romans, est-ce un chanteur qui écrit ou un écrivain qui chante ? Yves Simon ne se pose pas trop la question et continue son petit bonhomme de chemin. En 1974, il fait sa première grande scène parisienne avec une série de concerts à l’Olympia où, pour l’occasion, il fera venir pour la première fois en France l’accordéoniste argentin Astor Piazzola. Il fera aussi sa première tournée au Japon, un pays où il aura toujours un succès certain. En 1975, parait un de ses rares albums live enregistré au Théâtre de la Ville avec Transit Express le groupe de Serge Perathoner (Il en enregistrera que deux durant toute sa carrière, dont un au Japon). Son livre suivant portera le titre du nom de son nouveau groupe «Transit Express».

Si son album suivant «Raconte-moi» renferme quelques très beau titres comme «Les films de Polanski», le suivant «Macadam» sera beaucoup plus sombre mais il va s’entourer d’artistes de premier ordre, Jacques Higelin viendra pour une partie d’accordéon, Marcel Azzola et son bandonéon, Laurent Voulzy en Backing Vocals et même Jean-Jacques Milteau et son harmonica. Début 1977, il trouve les tournées trop lourdes et les enregistrements s’enchainent à un rythme tel qu’il ne peut plus s’adonner à la passion de l’écriture. Après encore un album «Un autre désir» et une nouvelle tournée du Japon à l’Allemagne ne passant par le Canada, il décide de faire une pause, sans quitter la musique, mais en abandonnant la scène. Fin 77, il va écrire la bande originale du film de Diane Kurys «Diabolo Menthe» qui sera un énorme succès populaire grâce à la chanson-titre (Il fera trois BO des films de Diane Kurys comme «Cocktail Molotov» qui sera la première apparition de François Cluzet sur un écran).

Il va sortir son quatrième roman «L’Amour dans l’âme» qui, comme les précédents, connaîtra un certain succès en librairie et sera traduit dans plusieurs langues. Il reviendra sur scène avec un nouvel album et il apparaîtra dans le compte musical pour enfant de Philippe Chatel «Emilie Jolie». Les temps changent, La barbe disparait, le look et le son prennent la direction des années 80, fini la guitare, bonjour les synthés. Il retourne au pays du soleil levant ou il chantera sur scène à Hiroshima en 1982 pour la commémoration de l’explosion atomique du 6 août 1945 devant 20.000 personnes. L’année suivante sera enrichissante avec l’album «USA-USSR» et le titre phare «Amazoniaque» et en parallèle un nouveau livre «Océan» qui sera son premier gros succès. Jusqu'à l’année 2007, il n’enregistrera que quatre albums alors que sa carrière d’écrivain deviendra des plus prolifiques. En 1987 et «Le Voyageur Magnifique», il recevra le prix des libraires, le prix Médicis avec «La Dérive des Sentiments» en 1991, le recueil de textes «Sorties de nuit» aura le Grand Prix de la poésie de la Sacem en 1994 et le prix Erckmann-Chatrian en 2011 avec «La compagnie des Femmes». Il réapparaitra sur une scène, après trente ans d’absence, aux Francofolies de La Rochelle en 2007, l’accueil sera triomphal. Il reprendra son ancien répertoire, mais apportera aussi des nouveautés qui préfigureront le nouvel opus qui sortira peut de temps après.  

Yves Simon écrivain a pris le pas sur Yves Simon chanteur, un artiste qui n’est ni un docteur Jekyll et M.Hyde mais un chanteur-écrivain qui aime prendre le temps de faire les choses sans à avoir à courir après le succès.      




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