mardi 5 juin 2018

DE GAINSB'ART A GAINSBOURG - par Pat Slade




Dans Gainsbourg, il y a tout : la poésie, la provoc, l’amour, le sexe, l’alcool, le tabac, le cinoche… !




De Lucien Ginsburg à Serge Gainsbourg




Serge (Lucien) Gainsbourg, l’homme  la tête de chou, l’homme affable, l’homme à femmes, aurait eu 90 ans le 2 avril de cette année. Sa vie bien remplie a donné lieu à l'écriture de beaucoup de livres et de biographies. Chanteur, musicien, compositeur, poète, écrivain, acteur, réalisateur, peintre… sa carte de visite une fois dépliée devait ressembler à un triptyque. Joseph, son père, était musicien et peintre, pianiste plutôt classique, il deviendra musicien de jazz dans les boîtes de nuit. Son fils Lucien se mettra très tôt au piano en suivant les mêmes traces que son père, classique d’abord et jazz ensuite par l’intermédiaire des œuvres de Georges Gershwin. En 1938, il va croiser la vedette de l’époque, Fréhel, une rencontre qui va le marquer et qui, sûrement, influencera son intérêt pour la chanson. A l’âge de 13 ans, son père passionné de peinture, l’inscrira dans une académie d’art.

 Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il n’était pas bon de porter une étoile jaune, «Une étoile de shérif» ou «Je suis né sous une bonne étoile… jaune» comme il disait lui-même.  La famille Gainsbourg de confession juive ashkénaze doit fuir Paris et ira se réfugier en zone libre vers Limoges, Lucien sera contraint de se cacher dans un internat. La famille échappera heureusement à la déportation. En 1945 de retour dans la capital, Lucien entre au lycée Condorcet, mais le jeune homme est en échec scolaire et sera renvoyé rapidement. Pratiquant la peinture et le dessin depuis longtemps, il intègre l’école des beaux-Arts, il travaillera énormément la peinture, eut pour professeur Fernand Léger, dans le but de faire le chef-d’œuvre qui ferait de lui l’égal d’un Picasso ou d’un Goya. 

Mais toujours insatisfait de son travail, il abandonnera sa formation deux ans plus tard. Il peint des femmes nues et rencontrera sa première femme Elisabeth Levitsky. En parallèle, il s’inscrit dans une école de musique pour apprendre le solfège. Après un service militaire qu’il passera le plus souvent en prison pour insoumission, privé de permissions, il commence à s’enivrer au vin avec ses camarades de régiment. Jusqu’à trente ans il trouve un emploi d’éducateur pour les enfants juifs et les jeunes rescapés des camps nazis au centre de Champsfleur à le Mesnil-le-Roi. Il s’entend bien avec les enfants et leur fait découvrir le dessin et la musique, c’est aussi là-bas qu’il compose à la guitare ses premières chansons. Ce sera après son mariage qu’il va s’éloigner de la peinture. Il va détruire ses toiles (Plus tard, il détruira les billets de 500 francs) et arrêter définitivement de peindre. Selon la rumeur, il n’existait plus qu’une seule toile qu’il avait offerte à Juliette Greco et qui sera volée à son domicile en 2015.

Jusqu'à trente ans, il vivra de petits boulots comme professeur de dessin et de chant, ou comme surveillant, et puis se sera la révélation en voyant Boris Vian sur scène. Il commence à courir le cacheton comme pianiste-guitariste dans les bals et les cabarets. En 1954, il est admis à la SACEM et dépose ses six premières chansons sous le pseudonyme de Julien Grix. Pendant deux ans, il sera le pianiste et chef d’orchestre de la boite de transformiste «Madame Arthur» tout en continuant à composer en parallèle. Déjà des artistes plus confirmés comme les Frères Jacques ou Philippe Clay ajouteront ses chansons à leurs répertoires, c’est à cette même époque qu’il abandonne son prénom qu’il déteste pour devenir Serge Gainsbourg. En 1958 il sort son premier 25cm «Du chant à la une !» avec un titre phare «Le Poinçonneur de Lilas», qui sera boudé par le public, mais encensé par Boris Vian. Gainsbourg chanteur, musicien et poète était né.




Gainsbourg pris dans la toile 





Ce sacré Grand-père
Gainsbourg a toujours été un passionné de cinéma et très tôt dans sa carrière il va se présenter devant la caméra. Des 1959 il apparaît dans «Voulez-vous danser avec moi ?» au coté de celle qui sera plus tard son égérie : Brigitte Bardot. Comme le ridicule ne tue pas, il n’aura pas peur de se mettre en jupe dans une série de trois péplums qui ne resteront pas dans les annales. Entre des apparitions dans des téléfilms au début des années 60 et des  films d’espionnage «Carré de dames pour un as» avec Roger Hanin ou «Estouffade à la caraïbe» avec Frederick Stafford plus connu dans le rôle d’OSS 117 et Jean Seberg, il faudra attendre 1968 avec «Ce sacré Grand-père» avec Michel Simon pour le voir dans un rôle plus important. Il chantera en duo avec Michel Simon le titre «L’Herbe tendre» en direct lors du tournage. Il tournera beaucoup de petits rôles dans des films qui ont marqué comme «Slogan» de Pierre Grimblat «Les Chemins de Katmandou» d’André Cayatte ou plus important comme dans «Je vous aime» de Claude Berri en 1980.

Pourquoi rester devant la caméra quand on peut passer derrière ? Et dès 1976, il réalisera «Je t’aime moi non plus» avec Jane Birkin et Joe Dallesandro acteur connu comme sex-symbol du cinéma underground. La musique du film décrochera le César 1977. Sur les cinq films qu’il réalisera, tous toucheront un certain public même s'ils ne furent pas des succès en salle. D’ «Equateur» à «Charlotte for Ever» et «Stan The Flasher» l’image de la mort et du sexe sont toujours présentes et restent des éléments récurrents du monde gainsbourgien

Mais il fera aussi quelques clips vidéo pour d’autres chanteurs comme Marianne Faithfull «Intrigue», Renaud «Morgane de toi», Brigitte Bardot «Bubble Gum», Indochine «Tes yeux noirs» Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin bien sûr !   
En 1987, il fera aussi un court métrage sur la dixième édition du Printemps de Bourges.

Serge Gainsbourg ce n’est pas seulement Gainsbarre et l’image du fumeur et buveur invétéré, c’était aussi un homme à femmes pourtant timide, de Bardot à Vanessa Paradis, il a écrit pour toutes celles qui ont croisé sa route, Adjani, Deneuve, Françoise Hardy, Anna KarinaPetula Clark, France Gall, Régine, Valérie Lagrange, Marianne Faithfull, Dalida, Mireille Darc, Juliette Gréo et bien sûr Jane Birkin.

Le Gainsbourg mal rasé et provocateur qui brûle un billet de 500 francs en direct et qui crée des polémiques avec ses albums comme dans «Rock Around the Bunker» avec les titres «Nazi Rock» et «SS in Uruguay», qui sera boycotté par les critiques pour ses propos dérangeants, «Aux armes et caetera» avec sa Marseillaise en reggae qui lui vaudra un cocard après une rencontre avec d’anciens parachutistes à Strasbourg. Et n’oublions pas un Serge Gainsbourg en smoking, torché comme
avec Whitney Houston
un petit lu qui ira jusqu’à dire à
Whitney Houston «I want to fuck her !» Cette dernière deviendra plus rouge que noir et quittera le plateau de Michel Drucker furieuse et outrée, mais Serge était un grand seigneur, à deux heures du matin, il ira déposer des fleurs devant sa porte de l’hôtel Georges 5. Il la recroisera quelques années plus tard à Monaco pour la remise d’un prix et de l’anecdote, ils en ont beaucoup ri ! Il a su se créer un personnage que toutes générations confondues vont aimer, une image dans laquelle personne ne restaient insensible, ses détracteurs comme ses admirateurs. 

Serge Gainsbourg, un cœur tendre qui le lâchera le 2 mars 1991.     




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