Dans Gainsbourg, il y a tout : la poésie, la provoc, l’amour, le
sexe, l’alcool, le tabac, le cinoche… !
De Lucien Ginsburg à Serge Gainsbourg
Serge (Lucien) Gainsbourg, l’homme la tête de chou, l’homme affable, l’homme à
femmes, aurait eu 90 ans le 2 avril de cette année. Sa vie bien remplie a donné lieu à l'écriture de
beaucoup de livres et de biographies. Chanteur, musicien, compositeur, poète,
écrivain, acteur, réalisateur, peintre… sa carte de visite une fois dépliée
devait ressembler à un triptyque. Joseph, son père, était musicien et peintre, pianiste plutôt classique, il deviendra musicien de jazz dans les boîtes
de nuit. Son fils Lucien se mettra très tôt au piano en suivant
les mêmes traces que son père, classique d’abord et jazz ensuite par
l’intermédiaire des œuvres de Georges Gershwin.
En 1938, il va croiser la vedette de
l’époque, Fréhel, une rencontre qui va le
marquer et qui, sûrement, influencera son intérêt pour la chanson. A l’âge de
13 ans, son père passionné de peinture, l’inscrira dans une académie d’art.
Pendant la
Seconde Guerre Mondiale, il n’était pas bon de porter une étoile jaune, «Une étoile de
shérif» ou «Je suis né sous
une bonne étoile… jaune» comme il disait lui-même. La
famille Gainsbourg
de confession juive ashkénaze doit fuir Paris et ira se réfugier en zone libre
vers Limoges, Lucien
sera contraint de se cacher dans un internat. La famille échappera
heureusement à la déportation. En 1945 de retour dans la capital, Lucien
entre au lycée Condorcet, mais le jeune homme est en échec scolaire et sera
renvoyé rapidement. Pratiquant la peinture et le dessin depuis longtemps, il
intègre l’école des beaux-Arts, il travaillera énormément la peinture, eut
pour professeur Fernand Léger, dans le but de
faire le chef-d’œuvre qui ferait de lui l’égal d’un Picasso
ou d’un Goya.
Mais toujours insatisfait de son travail, il
abandonnera sa formation deux ans plus tard. Il peint des femmes nues et
rencontrera sa première femme Elisabeth Levitsky. En parallèle, il s’inscrit dans une école de musique pour apprendre le solfège.
Après un service militaire qu’il passera le plus souvent en prison pour
insoumission, privé de permissions, il commence à s’enivrer au vin avec ses
camarades de régiment. Jusqu’à trente ans il trouve un emploi d’éducateur pour
les enfants juifs et les jeunes rescapés des camps nazis au centre de
Champsfleur à le Mesnil-le-Roi. Il s’entend bien avec les enfants et leur fait découvrir le dessin et la musique, c’est aussi là-bas qu’il compose à la
guitare ses premières chansons. Ce sera après son mariage qu’il va s’éloigner
de la peinture. Il va détruire ses toiles (Plus
tard, il détruira les billets de 500 francs) et arrêter définitivement de
peindre. Selon la rumeur, il n’existait plus qu’une seule toile qu’il avait
offerte à Juliette Greco et qui sera volée à son domicile en 2015.
Jusqu'à trente ans, il vivra de petits boulots
comme professeur de dessin et de chant, ou comme surveillant, et puis se sera la
révélation en voyant Boris Vian sur scène. Il
commence à courir le cacheton comme pianiste-guitariste dans les bals et les
cabarets. En 1954, il est admis à la
SACEM et dépose ses six premières chansons sous le pseudonyme de Julien Grix. Pendant deux ans, il sera le pianiste et
chef d’orchestre de la boite de transformiste «Madame Arthur» tout en
continuant à composer en parallèle. Déjà des artistes plus confirmés comme les Frères Jacques ou Philippe
Clay ajouteront ses chansons à leurs répertoires, c’est à cette même
époque qu’il abandonne son prénom qu’il déteste pour devenir Serge
Gainsbourg. En 1958 il
sort son premier 25cm «Du chant à la une !» avec un titre phare
«Le
Poinçonneur de Lilas», qui sera boudé par le public, mais encensé par
Boris Vian. Gainsbourg
chanteur, musicien et poète était né.
Gainsbourg pris dans la toile
Ce sacré Grand-père |
Gainsbourg a toujours été un passionné de
cinéma et très tôt dans sa carrière il va se présenter devant la caméra. Des 1959 il apparaît dans «Voulez-vous
danser avec moi ?» au coté de celle qui sera plus tard son
égérie : Brigitte Bardot. Comme le ridicule
ne tue pas, il n’aura pas peur de se mettre en jupe dans une série de trois
péplums qui ne resteront pas dans les annales. Entre des apparitions dans des
téléfilms au début des années 60 et des
films d’espionnage «Carré de dames pour un as» avec Roger
Hanin ou «Estouffade
à la caraïbe»
avec Frederick Stafford plus connu dans le rôle
d’OSS 117 et Jean Seberg, il faudra attendre 1968 avec «Ce sacré Grand-père» avec Michel Simon pour le voir dans un rôle plus important.
Il chantera en duo avec Michel Simon le titre «L’Herbe tendre»
en direct lors du tournage. Il tournera beaucoup de petits rôles dans des films
qui ont marqué comme «Slogan» de Pierre
Grimblat «Les Chemins de Katmandou» d’André Cayatte ou plus important comme dans «Je vous aime»
de Claude Berri en 1980.
Pourquoi
rester devant la caméra quand on peut passer derrière ? Et dès 1976, il réalisera «Je t’aime moi
non plus» avec Jane Birkin et Joe Dallesandro acteur connu comme sex-symbol du
cinéma underground. La musique du film décrochera le César 1977. Sur les cinq films qu’il réalisera, tous toucheront un certain public
même s'ils ne furent pas des succès en salle. D’ «Equateur» à «Charlotte for
Ever» et «Stan The Flasher» l’image de la mort et du
sexe sont toujours présentes et restent des éléments récurrents du monde
gainsbourgien
Mais
il fera aussi quelques clips vidéo pour d’autres chanteurs comme Marianne Faithfull «Intrigue», Renaud «Morgane de toi», Brigitte
Bardot «Bubble
Gum», Indochine «Tes yeux noirs» Charlotte Gainsbourg et Jane
Birkin bien sûr !
En 1987, il fera aussi un court métrage
sur la dixième édition du Printemps de Bourges.
Serge Gainsbourg ce n’est pas seulement Gainsbarre
et l’image du fumeur et buveur invétéré, c’était aussi un homme à femmes
pourtant timide, de Bardot à Vanessa Paradis, il a écrit pour toutes celles qui ont
croisé sa route, Adjani, Deneuve, Françoise Hardy,
Anna Karina, Petula Clark, France Gall, Régine, Valérie Lagrange, Marianne
Faithfull, Dalida, Mireille Darc, Juliette Gréo et bien sûr Jane Birkin.
Le Gainsbourg
mal rasé et provocateur qui brûle un billet de 500 francs en direct et qui crée
des polémiques avec ses albums comme dans «Rock Around the Bunker» avec les titres «Nazi Rock»
et «SS in
Uruguay», qui sera boycotté par les critiques pour ses propos
dérangeants, «Aux
armes et caetera» avec sa Marseillaise en reggae qui lui
vaudra un cocard après une rencontre avec d’anciens parachutistes à
Strasbourg. Et n’oublions pas un Serge Gainsbourg en smoking, torché comme
un
petit lu qui ira jusqu’à dire à Whitney Houston «I want to fuck
her !» Cette dernière deviendra plus rouge que noir et quittera
le plateau de Michel Drucker furieuse et outrée,
mais Serge
était un grand seigneur, à deux heures du matin, il ira déposer des fleurs
devant sa porte de l’hôtel Georges 5. Il la recroisera quelques années plus
tard à Monaco pour la remise d’un prix et de l’anecdote, ils en ont beaucoup
ri ! Il a su se créer un personnage que toutes générations confondues vont
aimer, une image dans laquelle personne ne restaient insensible, ses
détracteurs comme ses admirateurs.
avec Whitney Houston |
Serge Gainsbourg, un cœur tendre qui le lâchera
le 2 mars 1991.
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