Quand Slade est pris dans la
tourmente punk, ça nous donne un album bien burnée.
Qu’est-il arrivé à Slade ?
Slade, le groupe glam mégastar des
années 70 qui va enfiler les hits les un derrière les autres avec un rock
simpliste mais efficace, va, le temps d’un album, abandonner son rock «Bruyant» pour évoluer vers un son plus
pop, plus lissé, plus propre. Pourquoi ? Pour essayer de percer le marché
américain. Il déménagera à New York le temps d’enregistrer en 1976 «Nobody’s Fools» et se
refaire une jeunesse dans leur carrière à grand renfort de tournées, le
résultat ne sera pas à la hauteur de leurs espérances. Un fois cette parenthèse
américaine terminée, le mouvement Glam rock est sur le point de mourir
entrainant avec lui, Gary Glitter, Sweet et d’autres artistes du genre dans sa chute. A
sa place, le Punk rock va entrer en scène, fini la musique de bisounours ! Finis les paillettes et le statut de number
one, il va falloir que le groupe se
remette en question.
Mais Slade
a le sens de la formule et de l’autodérision et il se pose la question :
«Whatever
Happened to
Slade» (Qu’est-il arrivé à Slade ?). Gered Mankowitz qui a travaillé avec les Stones et Hendrix, fera
la photo de couverture de l’album. Elle est faite à Londres au 4 Rock Street ou
les gars posent à coté de leurs portraits de fin d’adolescence. Une allégorie liée à un
changement de style ? Un nouveau Slade ? Certainement, car le groupe a
troqué ses plateforms boots, tenues colorées et chapeau à miroir pour des
santiags et du cuir. Même le guitariste Dave Hill
se rasera la tête pour adopter un look punk en adéquation avec son
époque. Et musicalement, ils vont aussi s’adapter. Slade va mettre ses compétences
mélodiques au service d’un Hard-Rock un peu crade, un peu gras mais efficace
et entrainant. Le batteur Don Powell envoie sévère et Jim
Lea, l’excellent bassiste et
mélodiste qu’il est, font, avec cet album une section rythmique que beaucoup de
groupe Hard-Rock auraient pu envier.
«Whatever
Happened to Slade» est surement l’album le plus sous-estimé du
groupe, c’est pourtant un véritable album de Hard-Rock où presque aucune
chanson n’est commerciale. Dès le premier titre «Be», tout de suite les tympans en
prennent pour leur grade, la voix de Noddy Holder
n’a pas bougé d’un iota et on découvre les talents de soliste de Dave Hill. Un seul Single sera tiré de l’album «Gypsy Roadhog»
et sera très mal reçu par ses paroles qui décrivent l’histoire d’un marchand de
cocaïne en Amérique ; il sera, après une interprétation télévisée, interdit de
diffusion, il n’atteindra que la 48ème place dans les charts. Quelques années plus
tard, Noddy Holder déclarera que : «C’était en fait une chanson anti-drogue».
Mais beaucoup d’autres titres auraient pu faire les beaux jours de l’album, comme
«Dog of
Vengeance» où la guitare de Hill dégage
des minis soli comme il n’avait jamais fait auparavant. «It Ain’t Love But It Ain’t Bad» une
basse incendiaire et un riff d’enfer, les vieux glam-rockers n’ont rien perdu
de leur pêche ! Idem pour «The Soul, The Roll and The Motion» Un riff qui te
laisse sur le derrière pour rester poli et Noddy
qui hurle comme si il n’avait plus que le temps de chanter le titre avant de mourir. «One Eyed
Jacks With
Moustaches», ça frappe dur, ça joue fort et ça se permet de faire un
petit effet rock 50’ en plein milieu du morceau !!! «Big Apple Blues» Porte bien son
titre et fait bien voir que Slade a toujours les yeux tournés vers l’Amérique.
Mais on ne change pas de style du jour au lendemain «Dead Men Tell No Tales» est la
preuve flagrante que Slade est toujours un groupe qui écrit de bons
titres comme il faisait avant.
La
chronique concerne l’album vinyle. Sur la réédition de 2007, 9 titres venant des faces B seront rajoutés avec des titres
comme «Give
Us a Goal», «Burningin the Heat of Love», «Rock'n' Roll Boléro» et un classique popularisé
par Elvis Presley «My Baby Left Me» que la voix de Noddy et les arrangements vont dépoussiérer, adieu le
rock de Memphis, bonjour celui de Wolverhampton.
«Whatever
Happened to Slade» est peut être un album un peu bourrin, mais, il
n’y a pas de temps mort entre les titres. Le suivant sera un live enregistré en
partie au Etat-Unis et en partie en Angleterre, mais pour la suite «Return to Base» en 1979 ne sera pas une réussite. Il
faudra attendre leurs passage au festival de Reading en 1980 à la place d’Ozzy Osbourne et l’enregistrement
de «We'll Bring the House Down» pour les voir revenir dans les charts.
Après
avoir flirté avec les étoiles et être redescendu de leur nuage, Slade a su négocier un virage à 180° et réussir à continuer son bonhommes de chemin.
Le Slade
Glam était passé de mode, le Slade Hard-Rock est venu le remplacer.
Effectivement, c'est un disque intéressant de Slade, le début de leur période de vaches maigres. Le succès fout le camp, Slade survit en jouant dans les clubs et les bases militaires. Dave Hill loue sa Rolls pour des mariages, et quitte le groupe quelques semaines avant le festival de Reading 1980. Ils remplaceront au pied levé Ozzy, rappelant Hill pour l'occasion, leur prestation les remet en selle, et ils vont se consacrer à un Hard-Rock saignant plus en adéquation avec l'époque, et de très bonnes factures. Le "Alive II" de 1979 est pour moi excellent, fruit d'un groupe aux abois qui se bat avec le couteau entre les dents, toujours convaincu de sa musique.
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