Jamais je n’aurais cru un jour faire
un RIP sur quelqu'un que j’adorais, mais ce sont des choses inéluctables, dans la logique de la vie. Le grand Jacques n’a plus eu «Le courage de vivre» et nous donne «Un coup de blues». Les marchands de piano sont orphelins. Vous allez me demander pourquoi un mois d'attente. Tout simplement parce que les médias sont déjà passés à autre chose et que Jacques est toujours là.
Ci-gît une star
Son
allure dégingandée, sa tignasse en bataille, ses concerts marathon et surtout
ses mots ont fait de lui une légende dans la chanson et la poésie française. Higelin
c’était l’homme qui prenait position pour les mal logés, pour toutes les
croisades qu’il trouvait justes et s'il avait pu, il aurait donné sa chemise à
plus malheureux que lui. Mais c’est surtout l’artiste qui va laisser un grand
trou dans la culture de l’hexagone. 19 albums studios, 9 live en 49 années de
métier. Celui qui commencera sa carrière par le cinéma en 1959 dans «Nathalie Agent
Secret» et plongera ensuite dans celui du théâtre avec Rufus, de la musique et de la scène accompagné de Brigitte Fontaine et de son compagnon Areski Belkacem, prendra la tangente dès le début des années 70, sentant que le monde de la musique
se révolutionnait et qu’il pouvait, lui aussi, apporter quelques chose à l’édifice.
Higelin repassera régulièrement devant une caméra, celle d'Yves Robert dans «Bébert et l'Omnibus» en 1963, «Elle court elle court la banlieue» de Gérard Pirès, avec Marthe Keller en 1973, il ne pouvait pas manquer d'apparaitre dans «La Bande du Rex» en 1980, et récemment, son dernier film «Jappeloup» où il était impeccable en éleveur de chevaux, en 2013.
Et en 1974 «BBH 75» sera reconnu comme l’album
qui aura ouvert la route du rock en France. En fait, une trilogie électrique, complétée de «Irradié» et «Alertez les bébés !» deux ans plus tard. Quoi dire d’autre ensuite ? Je
ne vais pas énumérer tous les albums, ils sont devenus des classiques, rien que «Champagne…»
et «Caviar…»
seront de très grosses ventes. Mais en dehors des albums, Higelin était la bête de
scène, un gars qui commençait ses concerts à l’heure et qui te laissait sur les
rotules trois ou quatre heures plus tard alors que le dernier métro avait déjà
le moteur refroidi. Combien de litres de sueur, de pianos usés jusqu’à la corde,
de kilomètres parcourus, d'improvisations rocambolesques (voir les titres à rallonge dans le fameux live à Mogador), avec parfois, c'est vrai, des interprétations qui tournaient au grand n'importe quoi, à force de hurlements de gosier ! Combien de fans comblés par une présence scénique d’un homme qui
donnait tout ? Higelin, c’était la générosité même, l’ayant
croisé quelques fois, je ne l’ai jamais vu rabrouer quelqu’un qui lui demandait
un autographe ou autre chose. Un mec simple, proche des autres qui va manquer à
tout ceux qui l’on aimé.
Jacques Higelin, c'est aussi des périodes distinctes, des virages artistiques, la comédie, la chanson "Rive-gauche", le rock, et ensuite... un peu tout ça à la fois, puisqu'il ira piocher dans tous les styles, des caraïbes au boogie, n'oubliant pas ses premiers amours pour le jazz. Son dernier disque s'appelait «75», double référence à son âge, et au «BBH 75», dont l'ultime titre faisait 21 minutes !
Il a rejoint Alain Bashung et Jim Morisson, et le cimetière du Père-Lachaise va devenir le paradis des rockers poètes. Jacques a eu un enterrement en fanfare pour ne pas dire en concert (le matin même on enterrait Véronique Colucci à Montrouge). Tout a commencé au Cirque d'Hiver où il a foulé la piste par deux fois en 1981 avec la Chanteuse Armande Altaï et le danseur Jean Babilée. Il y reviendra faire un tour de chant en 1994 (J'y étais !). En ce jour du 12/04/2018, le cimetière avait des airs de salle de concert, un public qui applaudissait à tout rompre et chantait les titres de l'artiste qui passaient sur une sono, parmi le vol des ballons de baudruches et de sa fille Izia qui haranguait la foule à chanter plus fort. une drôle de salle de concert qui jouait à guichet fermé ! La présentation du cercueil aux fans venus nombreux, ce dernier fera le tour de la place centrale pour que tout le monde puisse le voir de près. Je pense que le grand Jacques d’où il est, devait être content du déroulement de son enterrement, il aurait surement aimé ça si il avait pu être "présent".
La chanson
perd un poète et un baladin, il nous laisse dans la bouche un goût de «Vague à
l’âme»,
il va rejoindre son «Paradis Païen» après «Une tranche de vie» de toute
manière, «Ici
c’est l’enfer». Celui qui avait «Le courage de vivre» maintenant «Pars»
et sûrement il y aura un nom pour le repos de son âme.
«Je suis mort,
qui dit mieux»
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAu milieu des années 90 j'avais assister a un concert d'Higelin à Annecy s'en connaitre le moindre morceau de cet artiste hors norme. Ce soir là j'avais pourtant passé un extraordinaire moment avec le chanteur et ses musiciens.
RépondreSupprimerDeux souvenirs me reviennent instantanément en mémoire. Le premier est a mettre sur le compte de son batteur qui se vautra lamentablement sur l'introduction d'un morceau. Ce qui s'en était suivi entre le batteur et Jacques Higelin avait renversé toute la salle de rire. Je revois le batteur derrière son kit se faisant lui même hara-kiri et Higelin de le reprendre avec humour et bien vaillance.
L'autre souvenir est celui d'un spectateur qui n'en finissait pas de réclamer à Jacques SON morceau préféré entre deux morceaux. Au bout d'un moment Higelin l'avait copieusement remis a sa place en lui faisant remarquer qu'il ferait mieux de partager ce moment avec tous ceux qui l'entourait, plutôt que d'hurler de façon incessante qu'il voulait que Higelin lui joue SON morceau. Inutile de dire que le public ne s'était pas fait prier pour applaudir à tout rompre l'intervention légitime du chanteur. "T'es pas tout seul mec, regardes autour de toi et profite de ce concert avec les autres, au lieu de de nous faire ch**** depuis le début a te la jouer perso". Voilà à quelque chose près ce que lui avait dit Higelin. On ne l'a plus réentendu ensuite ;-)
Sacré personnage ce Jacques Higelin. Paix à son âme.
PS: Le grand cirque de sa fille lors des obsèques de son père, moi en revanche j'ai trouvé ça bien excessif.
Le grand cirque de sa fille? Excessive comme Papa, elle exprimait son chagrin comme elle est. Il faut quand même savoir que c'est la "petite dernière" et qu'elle fut très proche de Jacques dés son enfance,ce qui n'a pas été vraisemblablement pas le cas des "deux grands",surtout Arthur. Je me souviens d'un concert (hors tournée) à Arcachon: le grand Jacques, seul sur scène, une bouteille de rouge sur le piano et Izia (8 ans) arrivant du fond de la salle pour le rejoindre...pas pour picoler(!) mais embrasser son Papa.
SupprimerL'ayant vue une multitude de fois en concert et hors scène, des anecdotes j'en ai plein ma besace, mais mes plus beau souvenirs resteront dans ma mémoire et ne seront pas étalé en place publique !
RépondreSupprimerDommage Pat ! Une ou deux anecdotes supplémentaires en guise de jolis souvenirs (histoire de lui dire encore merci) moi j'aurai pas été contre du tout. Considérant que la musique ne prévaut qu'à condition d'être partagée et propagée de toutes les manières possibles et de toutes les façons. Sinon à quoi bon ? Si c'est juste pour se caresser dans le sens du poil...
RépondreSupprimerBon ! une petite alors. Jacques n'était pas le gars qui avait la langue dans sa poche et un soir de concert en 1985 à Melun, j'étais avec un très bon pote à qui j'avais dessiné un tee-shirt qui représentait la pochette du concert à Mogador et après le concert (soit plus de trois heure après), nous l'avons retrouvé en Backstage et mon camarade a voulus lui faire signer le fameux tee-shirt (qu(il portait sur lui). Jacques s''approche lui demande de tirer dessus pour le tendre et lui gueule dessus : "Mais Bande pas !!!" Eclat de rire évidemment ! Tout c'est finis devant une bière avec Brigitte Fontaine !
RépondreSupprimerTu vois ce n'est pas le genre d'anecdote que je peux étalé au grand jour, c'est très perso et puis mon pote est lui aussi décédé depuis.
Tu as des anecdotes plein ta besace et tu en exhumes une avec cette fin si triste... :-(
RépondreSupprimerJ'espère que ton ami a repris ses séances de dédicaces depuis l'arrivée du grand Jacques tout là haut ?
Quand je songe à toute la violence, la colère et la haine qui sévissent en notre bas monde ces derniers temps, je nourri l'espoir que la haut, tous ceux qui s'en sont déjà aller y respire un air autrement plus respirable que le notre. Prions !