jeudi 3 mai 2018

MALINA MOYE "Bad as I wanna be " (2018)



Malina Moye commence à se faire un nom outre Atlantique, invitée de festivals, événements, plateaux télés et régulièrement citée dans les revues spécialisées parmi les meilleures guitaristes féminines en activité. Afro-américaine et gauchère, il n'en fallait pas plus aux médias pour s'affoler et la présenter comme une sorte d'Hendrix au féminin. Mais quand je vois dans sa bio que plusieurs de ses singles ont été bien classés dans les charts R'nBi, un doute, voire un certain effroi, me saisissent...

Déjà en général je n'aime pas trop les nouveaux Hendrix, les nouvelles Janis, le nouveau untel ou untel qui en général font pschiiit rapidement. Signée chez Fender qui en a fait sa nouvelle tête de pont elle participe en 2012 au Experince Hendrix tour aux cotés de Eric Gales, Eric Johnson, Johnny Lang ou Kenny-Wayne Shepherd, donc on se dit que la demoiselle doit quand même avoir quelque chose et que tout cela n'est pas qu'une posture marketing et que la beauté (humm ces photos suggestives dans le livret) ne doit pas occulter un certain talent.

La preuve avec "Something to say" qui nous rassure d'entrée avec un funk épais et lourd  qui nous fait penser que la filiation de Miss Moye est plutôt à chercher du coté de  Sly Stone, George Clinton (Funkadelic / Parliament), James Brown, Bootsy Collins, Prince, Lenny Kravitz ou des Red Hot Chili Peppers que du Voodoo child... La suite avec "Jumpin' " évoque carrément Prince, avec un  penchant pop/hiphop  où les guitares se font discrètes, pas désagréable mais... Place à du plus sérieux avec "If 6 were 9", relecture  funky du " If 6 was 9" d'Hendrix avec cette fois  un jeu hendrixien comme il se doit. Comme sur "Betta you", où on note la présence à la basse de papa, George Moye, qui a joué avec Bernard Allison, Shemekia Copeland, Buddy Miles, Eric Gales ou Lance Lopez. Sachant que sa maman a elle été choriste de Tina Turner on peut dire qu'elle a de qui tenir.

"Are you the one" nous montre la facette que je craignais : une soupe r'n'bi collante et sirupeuse sans aucun intérêt si ce n’est celui de pouvoir passer sur les radios poubelles et pollueuses (que fait Nicolas Hulot?), mais je suis sévère il y a quand même un petit solo final à retenir.
"A little rough" me réconcilie avec Malina, rien que pour l'intro à la "Crosstown traffic" ou "Purple haze" de qui vous savez , un des meilleurs titres, où notre guitar héroïne montre ses muscles, à l'image de la jaquette où elle pose fière et conquérante. En revanche "Woman 2 woman" s’avère beaucoup moins bon, épouvantable dirons certains. Heureusement on revient vite au funk avec "Run free" puis avec "Enough" à la soul sixties avec chœurs  gospel et section de cuivres, et pour ne rien gâcher un bon solo. On termine avec "K-Yotic"  avec un invité de choix, une légende même, Bootsy Collins à la basse et au chant pour un funk torride évidement.

Voila le genre de production qui me laisse perplexe et partagé, à la croisée d'Hendrix (un petit peu mais rien qui justifie la "nouvelle Hendrix" prétendue, de funk (beaucoup), de  trucs plus modernes et commerciaux;  dommage car indéniablement au chant ou à la 6 cordes elle  a du potentiel et est de surcroît sympathique si l'on en juge par  son engagement pour le droit des femmes, et l'asso "Drive hope fondation" qu'elle a créé pour aider les  démunis. A elle maintenant de trouver sa voie.

ROCKIN-JL


2 commentaires:

  1. Ca pourrait être du Red Beans...

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  2. elle me fait penser à Cathy Jean dans le sens où, comme pour cette dernière, elle met en avant sa plastique qu'elle a fort belle au demeurant, alors qu'elle a largement des atouts musicaux indéniablement plus intéressants pour les amateurs de blues

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