vendredi 25 mai 2018

LE FILS de Jo Nesbo (2015) par Luc B.




On ne va pas tourner autour du pot : voilà un excellent polar, du genre Noir, Série Noire, d’un auteur que je découvre. Jo Nesbo est norvégien, comme Henning Mankell, autre romancier célèbre de cette contrée nordique. On lui doit une quinzaine de livres, dont la plupart mettent en scène l’inspecteur Harry Hole. Connais pas.
LE FILS est un roman indépendant de la série. 600 pages remplies ras la gueule de flics et avocats véreux, de caïds monstrueux, de tueurs pas vraiment raffinés, trafiquants de dope, proxénètes, de junkies. Pas simple de raconter cette histoire complexe, aux multiples ramifications, mais parfaitement compréhensible in fine.
C'est joli Oslo...
D’un côté, Sonny Lofthus, qui croupit en taule depuis 12 ans, pour meurtre. Personnage mutique, junky, qui avec la complicité du directeur adjoint de la prison, une belle ordure, Arild Franck, reçoit quotidiennement sa dose d’héroïne. Pourquoi un tel traitement ? Parce qu’en échange, Lofthus accepte d’endosser des crimes qu’il n’a pas commis. Dans sa bulle opiacée, il fait figure de sage, à qui les autres détenus se confessent. Sonny Lofthus est donc au courant de beaucoup de choses crapuleuses… Si ce type sortait de sa torpeur, et racontait tout, ce serait de la bombe. Et justement, il s’évade…
Parce qu’il vient d’apprendre que son flic de père, officiellement suicidé, a été en réalité assassiné. Vengeance ! Lofthus commence à dézinguer brutalement tous ceux qui sont liés à la mort de son père. Liens que le lecteur peine à comprendre, mais c’est fait exprès, sinon autant commencer un bouquin par la fin ! Comme cette madame Iversen, abattue chez elle. Et qui semblait pourtant parfaitement innocente. C’est sur ce meurtre qu’enquêtent l’inspecteur Simon Keffas (ex addict au jeu d’argent) et sa stagiaire Kari Adel, débarquée de la brigade financière. Ils enquêtent aussi sur la mort de l’aumônier de la prison (tiens tiens...), puis sur une série de règlements de comptes entre truands (croit-on), dominés par le Jumeau, sorte de Keyzer Söze de USUAL SUSPECT, qui règne sur le crime organisé depuis des années en toute impunité.
... mais pas partout.
Beaucoup de personnages (mais vraiment beaucoup, on y perd parfois son latin, ou son norvégien), il faudrait aussi parler de Martha qui dirige un centre pour drogués dans lequel Sonny se réfugie, des ex-détenus, des SDF, qui tous ont un vrai rôle dans l’intrigue. Et la femme de Keffas, qui par contre me semble un peu trop prendre de place dans l’histoire. Beaucoup de fils à tirer pour les enquêteurs, chaque découverte en amenant une autre, jusqu’à former un puzzle, où chaque pièce s’imbrique.
Le récit est tendu, parfois violent, le parcours de Sonny Lofthus est parsemé de cadavres. Un personnage mystérieux, pas causant, mais dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est extrêmement gentil, dont émane paix et sérénité. Intelligent, réfléchi, organisé, pour semer derrière lui les policiers qui le recherchent, comme tous les truands de la ville, sommés par le Jumeau de lui mettre la main dessus.
A l’enquête policière, se rajoute au fur et à mesure un autre sous-texte : le passé des personnages, leurs liens, les meurtres endossés par Lofthus, la collusion des tenants du pouvoir pour étouffer des histoires aussi malhonnêtes que sordides. Aucun temps mort, un intérêt accru au fil de la lecture.
Pourtant, juste une petite remarque… Si on peut croire qu’un type accro à l’héro pendant 12 ans dans une cellule de 4 mètres carré, bref, une épave, puisse du jour au lendemain décrocher de la dope, tout seul, et hop, et se métamorphoser en tueur méticuleux aussi habile avec un flingue que Martin Fourcade même sans ski… alors on ne peut croire à cette histoire telle qu’elle nous est racontée. Et si vous n'y croyez pas, lisez-la quand même, parce que c’est vachement bien !   
Le livre sera (ou serait) adapté au cinéma par le canadien Denis Villeneuve (PRISONERS, SICARIO, BLADE RUNNER 2049) avec Jake Gyllenhaal. Une bonne nouvelle.
Edition Poche, Folio, 616 pages.  

  

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