Une petite prière avant l'apocalypse... |
Wes Craven donne à son film des
allures de western, dès le premier plan, dans le désert, avec les broussailles
qui volent, et la station-service comme dernier relai avant la grande
aventure. Aventure de la famille Carter au grand complet, avec leurs deux chiens,
qui traverse le Nouveau Mexique et font un détour pour visiter une ancienne mine. Un détour ? Hum... trace ta route coco ! Ecoute les conseils des autochtones : « N’y
allez pas ! » prévient évidemment le vieux pompiste, mais arrfff… ils vont y aller
quand même. Le début est mystérieux (qui est cette fille, Ruby ?) avec les
mises en garde du pompiste, les plans subjectifs sur d’éventuels rôdeurs, et
les chiens (Beauty et Beast, ça ne s'invente pas) qui reniflent du louche.
Suite à un accident sur la
route (bonne scène, stressante, avec les avions de chasse), la famille est
contrainte de se séparer. Le père retourne à la station, le fils ainé file vers
la zone militaire, les autres attendent, et se baladent… C'est dingue cette habitude de
toujours se promener où il ne faut pas. Ces gens-là ne vont-ils
jamais au cinéma ?! [Argument que reprendra d’ailleurs Wes Craven dans
SCREAM, habile mise en abîme des films de terreur].
Michael Berryman |
Les réjouissances ne vont pas
tarder. Comme dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (réalisé 3 ans plus tôt, on en avait causé, ici : - - clic massacre - - ) on n'expliquera pas les motifs des assaillants, ce qui rend la violence plus gratuite encore. Contrairement au film de Tobe Hooper qui parvenait à rendre
vraiment terrifiant le clan de Leather Face, Wes Craven peine à
rendre les situations malsaines. Certes, la première attaque est violente,
rapide, confinée dans l’espace clos de la caravane. Brenda la jeune sœur y pousse
des hurlements hystériques - qui sera jusqu’au bout son mode de communication.
Le retour du père à la station-service offre aussi de jolis moments, si je puis dire. Wes
Craven y va de ses scènes choc (mais pas gore) de ses intentions (meurtre du père, le bébé, denrée plus goûtue que le berger allemand) mais qui terrifient moins qu’elles
ne surprennent. Avec musique ad-hoc.
Le problème, c’est que le film
souffre visiblement d’un manque du budget (tourné en 16 mm). On peut supposer que Wes Craven n’a
pas eu le temps de tourner plusieurs fois ses plans, dont certains,
approximatifs, se retrouvent dans le montage final faute de mieux. Le meurtre
du père (pourtant grandiose sur le papier) est gâché par un découpage peu
lisible. On ne comprend pas certains raccords de temps et d’espace. Alors
que le cadavre du père semble n’être qu’à quelques encablures de la caravane,
Jupiter et les ses fils courent une journée entière pour lancer la
seconde attaque, et on passe de la nuit au jour. On reste dubitatif par l’ingéniosité
du chien qui ramasse et rapporte un talkie-walkie, et prend Pluton en filature.
Autant Craven réussit sa première séquence,
autant plus tard, le décor du désert et des montagnes ne me semble pas exploité, ne suinte
pas l’angoisse au coin de chaque rocher. Là encore, on peut se dire que les
repérages n’ont pas dû couter cher.
Quant à la famille cannibale, affublée
de peaux de bêtes et de grigri indiens, elle prête davantage à sourire qu’à
effrayer, et ce ne sont pas les tignasses hirsutes et les dentiers cariés qui
changent la donne. L’autre souci, récurrent dans ce genre de film, c’est la
pauvreté de la direction d’acteur. Il est certain qu’on a droit à une
distribution de second choix, mais tout de même ! Un bon doublage français
peut améliorer les choses, mais en V.O. c’est pas la joie ! Citons tout de même l’acteur Michael Berryman,
et son crâne en obus (syndrome Christ Siemens Touraine) habitué à
ce type de rôle, et qui avait débuté par VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU.
L’épilogue offre de bonnes
choses (le piège au lasso avec le treuil), mais les hurlements et grognements à
répétition nous laissent un peu de marbre, et pire, deviennent risibles. C’est un
classique (une suite et deux remake), un film qui a marqué son temps et
beaucoup de metteurs en scène adeptes de terreur, mais à mon sens moins
efficace et moins maîtrisé que MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (1974), LA NUIT DES
MORTS VIVANTS (1968), ou LA DEUXIEME MAISON SUR LA GAUCHE, du même Wes Craven
(1972, son premier film) qui nous laissait, lui, dans la bouche un goût de violence
et de sang.
couleurs - 1h30 - format 1:1.85
C'est parce que c'est moins élaboré que "Scream", filmé avec les pieds, avec un scénario total à l'ouest et des acteurs minables que "la colline ..." a un certain charme, pour ne pas pas dire un charme certain.
RépondreSupprimerA mon avis, "la nuit des morts-vivants" ne joue pas dans la même catégorie que tous les slashers plus ou moins gore des 70's, c'est plus métaphysique, allégorique d'une certaine vision de l’Amérique clairement énoncée par Romero ...