Au même titre que des artistes comme Jacques Higelin, Christophe Miossec, Hubert-Felix
Thiéfaine ou encore Alain Bashung, CHARLELIE COUTURE est un vrai musicien indépendant. Nul besoin de le
revendiquer chez lui, c’est un fait établi il y a longtemps. Surtout avec à son
actif quelques 21 albums studio à ce jour ; tous plus différents les uns
que les autres. Forcément, quand on ne cherche pas à se fondre dans un
mouvement, une mode ou l’air du temps, l’œuvre dans sa globalité n’en est que
plus divers. En définitif, CHARLELIE COUTURE est un être
sans interdits. Alors pour toutes ces raisons (et pour tant d’autres encore),
et puis pour tous les beaux souvenirs adolescents qu’il aura inscrit en moi à
tout jamais, cet homme est sans nul doute l’un
des artistes que j’aime et respecte le plus encore aujourd’hui.
Ses premières œuvres que son Pochette Surprise, Poèmes Rock et Quoi Faire ?, toutes
m’ont incontestablement donné le gout des mots et des beaux textes dans le
domaine qui est celui du Rock Français. Autant vous dire que l’engouement et le
succès dont a bénéficié un groupe comme Téléphone
à la même période (du temps de mes années lycées donc) m’aura toujours laissé
dubitatif et plus que perplexe. Du Rock à la sauce Rolling Stones et des paroles bien naïves et/ou finalement assez
« bébêtes », rien de plus (« Argent
trop cher », « Un Autre
Monde » et j’en passe.). Mais revenons à celui qui nous
intéresse…
C’est pourtant à l’issue de la publication d’un
très décevant Crocodile Point, sorti en 1983, que votre serviteur se sera finalement détourné de la musique du nancéien durant de
longues années. Plus tard, même quand résonneront sur les ondes « Jacobi
Marchait » ou « Le
Jardinier Dort », tous deux
issus de l’album Les Naïves (1994), rien n’y fera. Malgré une ultime tentative le
temps de Casque Nu
(1997). Alors allez alors savoir pourquoi ce Lafayette aux forts accents de Louisiane et de Bayou aura finalement
atterri un beau jour chez moi ?
C’est là sans importance…
Toujours est-il que ce vingt et unième album de CHARLELIE m’aura réconcilié avec le bonheur que m’avaient jadis
procuré les œuvres précitées plus haut. Car que l’on se le dise, ce disque est
tout bonnement un enchantement.
Il faut dire que ce disque (renseignements pris
ici et là) CHARLELIE le portait en lui
depuis de très nombreuses années. Autant dire que tout ce qu’il contient aura
été savamment muri.
Au sujet de son élaboration justement, je vous
invite à vous reporter aux vidéos jointes ci-dessous. Elles sont le meilleur
moyen de vous immerger et de comprendre l’élaboration d’un tel album.
Outre les instruments habituels que sont le piano, la guitare et la batterie, les
instruments traditionnels du cru (accordéon, mandoline, fiddle, washboard,
harmonica, saxo, trompette et tuba) ornent, accompagnent et servent avec brio
ce Lafayette gavé d’ondes positives du début à la fin.
En effet, dès l’entame du titre d’ouverture « (on Va)
Déconner », on devine que ce disque risque de tourner durablement sur
sa platine. Et pourtant, au départ, je n’en menais pas large. L’album avait
ainsi trôné sur l’une de mes étagères durant de longues semaines. Je l’avoue,
j’appréhendais ce son qui d’ordinaire ne s’accorde guère à mes oreilles. Au diable les a priori une bonne fois pour
toute !
Même quand CHARLELIE
aborde le thème d’une séparation au détour de la chanson « Annie, ma p’tite
Amie », c’est sur un rythme ultra entrainant et gaie
qu’il se penche sur le pourquoi de cette relation qui, semble-t-il, c’est
achevée bien malgré lui.
Ok ! Il y a quand même un soupçon de spleen
le temps d’un très joli « Un Jour les Anges », et de cette douce et merveille balade en piano/voix
qu’est « Chanson Sous-Sol » à presque à vous tirer les larmes. On s’enfoncera aussi plus profondément dans des marais poisseux du
Louisiana sur « Debout dans la Boue » et plus encore sur « Le Danger (sur la piste) ».
Le reste est, je le redis, des plus enjoués.
Et puis comme CHARLELIE ne
s’encombrera décidemment jamais de conventions, il lui arrive assez fréquemment
de marier sur ce Lafayette langue Française et langue Anglaise au sein d’un même
morceau, sans que l’on ait à y redire. L’homme allant jusqu’à se servir du
dialecte du coin en clôturant son disque d’une formidable relecture de « House of the Rising Sun »,
mélangeant là Français et langue Cajun sur ce très vivifiant « Maison Soleil
Levant ».
Et comme CHARLELIE
COUTURE ose à peu près tout sur ce disque, non sans une parfaite cohésion
de l’ensemble, c’est aussi un instrumental, tout en cuivre et en mode New
Orléans, qui vient aussi se glisser sur
l’enthousiasmant « Mardigra Shuffle » en presque fin d’album.
Aux antipodes d’un album tel que Double
Vue (2004) aussi acide qu’amère, Lafayette est incontestablement le plus beau cadeau et le
plus bel hommage que le musicien pouvait offrir à sa mère, disparue quelques
temps plus tôt, en guise d’au revoir. Le disque lui est entièrement dédié,
sachant que Dame Couture avait elle aussi vécu et enseigné dans ses jeunes
années… sur ces terres-là précisément.
Lafayette est des
plus réussi et ce n'est franchement pas rien.
Et encore un Charlélie, un ! Et pas des moindres, le très beau "Lafayette". Mais dommage que tu ais levé le pied sur sa discographie à partir de "Crocodile Point" qui contenait de très beau titre comme "Aboyer les chiens", "Tu es loin" ou "Des gens sûrs" (Que l'on pouvait déjà trouver dans "12 chansons dans la sciure"), mais tu as (peut etre ?) loupé les géniaux "Art & Scalp" et "Melbourne Aussie". De toute manière, j'ai encore au moins 7 ou 8 chroniques de ses albums à faire et je ne vais pas m'en priver. Mais, comme tu le dis si bien "Lafayette" est un enchantement, l'album du retour de Charlélie en France après son long exile sur les terres américaine.
RépondreSupprimerIl arrive que je tienne ma parole Pat ;-) Chose promise...
RépondreSupprimerEffectivement Pat, deux titres de Crocodile Point sauvent ce disque: Les très sombres "Underground P.M" et "Des Gens Sûrs" Je les adore. "Tu es loin" est juste un titre tranquille.
Je viens d'acquérir en occas' pas plus tard que cette semaine son précédent album Im Mortel (avec Benjamin Biollay en collaborateur avisé). Pas encore écouté, mais il se dit qu'il est également très bon. Je te dirais. J'avais aussi trouvé, peu de temps avant ma chronique, son album Double Vue. Un disque plutôt acide dans son discours et aux textes au vitriole. C'est pour ça d'ailleurs que je le mentionne un peu ici. Encore un disque intéressant, très atypique et très (trop ?) moderne aussi.
J'ai loupé Charlélie en concert il y a quelques semaines. Il passait tout près de chez moi sans que je le sache. Quel dommage !
Bon Lundi de Pâques (à tous).
J'ai eu le bonheur à l'époque de pouvoir dégauchir "ImMortel" en vinyle, un bon album, mais un peut en dessous de "Lafayette". Pour "Double Vue"...je n'ai pas accroché ! à Réecouter dans un avenir proche !
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