mardi 20 février 2018

HISTOIRE DE METTRE LES PIEDS DANS LE PLAT - par Pat Slade




Pour changer de la culture, pour la première fois dans le Deblocnot’, une chronique pour les morfales, les gloutons, les boustifailleurs.



Les idées fausses sur ce que l’on mange




Au lendemain des orgies culinaires de Noël et du jour de l’an, alors que les foies et les estomacs prennent des vacances et se mettent à la diète, je vais en appeler aux cuisinières et marmitons, cantinières et gargotiers, rôtisseuses et cambusiers. Bienvenue dans la première chronique du Déblocnot’ qui ne parlera pas de la culture proprement dite, pas de musique, pas de littérature, ni de cinéma. Non, les casseroles et autres faitouts seront à l’honneur, mais… parce qu’il y a toujours un mais, je ne vais pas vous assommer avec des recettes de cuisine. Je ferai un historique de certains plats dont, je pense, vous ne connaissez pas forcément les origines et pour chasser des idées préconçues dans vos esprits sur ces mets. Partons donc pour un voyage à travers des plats les plus connus et les plus consommés a travers le monde.

Commençons par le petit déjeuner. Si la brioche est bien normande et le pain au chocolat parisien, le croissant est autrichien, son nom d’origine était Kipferl. Ses origines dateraient de l’époque de François 1er pendant laquelle des gâteaux en forme de croissant furent servis pour commémorer l’alliance avec le grand turc Soliman le magnifique en 1536. Mais il existe plusieurs légendes à son sujet. Les turcs assiégeaient Vienne en 1683 et quand ils furent vaincus grâce au renfort de Jean III, roi de Pologne, les boulangers de la ville, pour immortaliser l’évènement, fabriqueront une pâtisserie qui s’appellera le Hörnchen «Petite corne» en allemand, allusion au croissant qui ornait le drapeau ottoman. En résumé, ne dit-on pas une viennoiserie ?

Passons aux choses sérieuses... Beaucoup de personnes mangent ce que l’on appelle des hamburgers, des soit-disant sandwichs américains qu’un clown jaune et rouge vend par millions chaque jour à travers le monde. Pourtant le fast food est d’origine allemande, de Hambourg plus exactement, un steak de la même ville coincé entre deux pains briochés avec quelques ingrédients et de la sauce. C’était le repas de base des ouvriers de la ville. Il fut importé par ces mêmes ouvriers aux USA après une vague d’immigration. Et ce n’est pas tout, plus au sud, à 500 km vous avez le Frankfurter qui est un pain brioché chauffé à la vapeur garni d’une saucisse et recouvert de choux. Plus tard, la moutarde et le ketchup remplaceront cette garniture pour que le Hot-Dog soit au goût des américains ; le chien chaud était né ! L’origine du mot Dog date de 1845, une légende voulant que les fabricants utilisent de la viande de chien pour fabriquer leurs saucisses.
Nous restons en Allemagne avec le kebab qui n’est ni turc, ni grec, il n’y a qu’à Paris que l’on appelle ça un grec ! A l’origine, ce sont de fines lamelles de viande grillées sur un rôtisseur. Ce sont les soldats ottomans qui ont eu l’idée de faire cuire leurs viandes sur leurs épées. On pourrait dire que le kebab est turc, mais à Istanbul seulement (Que je connais bien !) Il est servi dans une assiette, son véritable nom est döner kebab, döner est un mot turc qui veut dire «tourner» et kebab signifie «grillade», ce ne sera que dans les années 70 qu’il sera servi dans un pain, une pita voir une galette garni d’oignons, de salades, de tomates le tout recouvert de sauce blanche ou même de sauce samouraï, un nom qui sonne très japonisant pour une sauce pourtant créée en Belgique. Mais pour conclure, le kebab a été créé par un immigrant turc en Allemagne.

Puisque je parle du Japon, direction l’Asie et ses mystères culinaires. Au Japon, il ne faut pas croire qu’ils mangent des sushis à tous les repas ; c’est un luxe et non la nourriture de base. Des immigrés japonais en Californie créeront le Ura maquis, un maquis sans algue, les occidentaux n’aimant pas trop l’herbe qui vient de la mer. Les délicieuses brochettes bœuf/fromage… introuvables au Japon ! Pourquoi ? Parce que c’est une création française, le fromage n’étant pas très populaire au pays du soleil levant. La sauce soja sucrée, vous pourrez faire le pays en long et en large, vous n’en trouverez pas même si elle est fabriquée là-bas (44% d’apport de sucre) elle est uniquement destinée à l’exportation.

La tenpura, cet assortiment de beignets de crevettes, poissons, huître ou même de poulpe n’ont pas vu le jour au Japon mais au Portugal, ils ont été importés au XVIe siècle, son nom était peixinhos da horta (vairon de légume). Traversons la mer du Japon pour aller en Chine, tout le monde sait que les nems et les rouleaux de printemps sont Vietnamiens, le poulet du général Tao, les petits morceaux de poulet frits nappés d’une sauce aigre-douce épicée n’a jamais vu la Chine, ni de prêt, ni de loin, c’est une création québécoise ! Et le fameux riz cantonais avec ses petits pois, son omelette, son jambon et ses crevettes… ben c’est français, mais en Chine, il existe autant de recette de riz frit qu’il y a de provinces, soit 22 recettes différentes. Les biscuits chinois avec des prédictions à l’intérieur, c’est Japonais. Alors qu’est ce que les Chinois ont-ils créé ? Eh bien le ketchup, du moins la base de la recette. Le mot ketchup signifiant «Sauce de poisson». On leur doit aussi la choucroute, pas le plat alsacien, mais le chou fermentée.

L’Italie, l'un des deuxièmes pays (Après nous !) pour l’art culinaire, a beaucoup copié chez les autres. Déjà les pâtes, on croit que c’est Marco Polo qui les auraient ramenées de Chine… que nenni ! Oui elles sont chinoises mais elles ont plus de 4000 ans d’existence et ont été importées dans la Grèce Antique puis dans la république romaine. Devenues pour nous un plat italien incontournable, avec les spaghettis à la Bolognaise, nous frisons le sacrilège quand on sait que la bolognaise est une sauce de Bologne qui accompagne les lasagnes ou les tagliatelles, mais jamais les spaghettis. Idem pour la carbonara, jamais de crème dedans ! C’est comme manger les pâtes longues avec une cuillère, même les italiens ne le font pas, ils tournent juste avec leurs fourchettes. Et surtout, ne jamais couper ses pâtes avec un couteau face à un italien, ce serait comme porter un maillot du PSG au stade vélodrome en criant «Marseille on t’… !» un soir de classico.
Oubliez les pizzas avec 36 sortes de recettes, la seule et l’unique est la Marinara composée seulement de sauce tomate, d’huile d’olive, d’origan et d’ail uniquement. Une recette napolitaine qui vient d'être inscrite au patrimoine de l'UNESCO !!

C’est l’hiver, retour en France, c’est l’époque de la raclette avec son orgie de charcuterie et de toutes sortes de choses. Pourtant la raclette est un plat de pauvre, pas de charcuterie à la base, beaucoup trop cher ! Mais uniquement une demi-meule de fromage que l’on faisait fondre auprès du feu de bois et que l’on versait sur des pommes de terre. La tartiflette est un plat récent créé par le syndicat interprofessionnel du reblochon (Si ! Si ! Ça existe !). Son origine vient d’un plat savoyard appelé «Péla», un gratin de pomme de terre avec des oignons et du fromage. Parait-il que les vieux savoyards n’avaient jamais entendu parler de tartiflette avant leurs 50 ans.

Je pense que beaucoup de personne connaissaient l’origine des plats que j’ai énumérés. Mais pour certains, quand vous irez manger dans un restaurant chinois et que vous verrez du riz cantonais sur la carte ou que dans un "japonais" vous verrez des saucisses bœuf/fromage, demandez au serveur l’origine du plat ! Bon appétit !!!

Bon ! Tout ça m’a ouvert l’appétit, je vais manger un gros kebab !!!!          

1 commentaire:

  1. C'est une semaine thématique qui s'annonce on dirait. Je dis ça parce qu'entre le breakfast d'hier et tes plats d'aujourd'hui, on peut espérer le dessert dès demain. ;-)

    Passionnant !

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