Il est certain que dit comme
ça : Jerry Lewis était un acteur comique qui a joué dans "PAR OU T’ES
RENTRE, ON T’A PAS VU SORTIR" de Philippe Clair, avec Jackie Sardou… ça
fait pas terrible sur un CV. Un des deux films tournés chez nous, on imagine pour des raisons autres qu'artistiques ! Jerry Lewis aimait la France (ses shows passaient à l'Olympia) parce qu'on y reconnaissait son talent et sa vision d'auteur, comme maintes critiques (Malle, Rivette, Godard) l'ont écrit... Ce que les américains n'ont jamais pigé...
avec Dean Martin |
En 1946, il découvre un crooner
débutant, Dean Martin, et une idée va germer. Monter un duo, opposant le beau
mec glamour, qui chante la sérénade aux filles, à l’idiot binoclard qui vient
lui casser la baraque. En scène Jerry Lewis et Dean Martin improvisent,
rivalisent (les Poiret - Serrault locaux !), le public est ravi, les
cabarets se les arrachent, et bien sûr, Hollywood s’en mêle. De 1949 à 1956,
ils tournent 17 films ensemble, le succès est phénoménal. Martin et Lewis sont
les plus grandes stars du pays, leurs shows télé sont suivis par des millions d’américains,
les marques sponsors des émissions paient des fortunes pour que leurs produits soient brocardés en direct, les tournées font salle comble, ils investissent les nouveaux lieux de Vegas,
que Dean Martin continuera à fréquenter ensuite avec Sinatra et Sammy Davis Jr. Difficile de se rendre compte, chez nous, il n'y a aucun équivalent français.
Le décor conçu pour "Le Tombeur", Lewis au centre, en pull rouge... |
Quand Dean Martin et Jerry
Lewis se séparent, le clown se lance dans une carrière de réalisateur. Le
public ne lui pardonnera pas cette trahison (on ne s'imagine pas que ce benêt puisse être la tête pensante du couple vedette) et jamais ses films ne battront
les records du duo. Jerry Lewis devient l’auteur complet de ses films, de
l’écriture au montage, de l’interprétation à la production. Il réalise LE
DINGUE DU PALACE en 1960, du pur slapstick, ou il interprète deux rôles, celui d’un groom
d’hôtel, muet, et celui d’une star de cinéma… lui-même ! S’il continue
d’enchainer les tournages pour les autres, il va réaliser ensuite LE TOMBEUR DE
CES DAMES (1961) où il fait bâtir un décor grandiose, filmé à grand
renfort de mouvements de caméra. Jerry Lewis ne se contente pas de faire le
pitre devant l’objectif, la mise en scène est très étudiée. Pour contrôler au
mieux l’image, le cadre, il utilise un moniteur qui transmet l’image en direct,
donc, le principe du retour vidéo, une première. Le film innove beaucoup, osant
sur la fin - au prétexte d'un reportage télé - un tournage dans le tournage, où soudain le cadre du décor réel s'élargit, et devient un autre théâtre de marionnettes, une mise en abîme coutumière chez Lewis.
Un des fameux gag de "Mister Love" |
Avec Robert de Niro dans "La Valse des pantins" |
Si AU BOULOT JERRY ! (1980)
remporte un franc succès au cinéma, Jerry Lewis va surtout se consacrer à son
métier d’acteur. Il est phénoménal dans le méconnu et excellent LA VALSE DES PANTINS de Scorsese (et là
encore, un rôle très autobiographique), on le voit dans ARIZONA DREAM de
Kusturica (il joue l’oncle de Johnny Depp), dans FUNNY BONES (Peter Chelsom,
1995) où il joue qui ? Un illustre comique qui humilie son fils aspirant
comédien…
Le problème d'un type comme Jerry Lewis, c'est qu'on le prend pour le personnage qu'il interprète. Pas au sérieux. Or, lui, désirait faire très sérieusement son travail. Il s'est donné les moyens de son indépendance artistique, et à pu développer ses idées, ses projets. Derrière ses gags et mimiques, parfois faciles, il y avait le don de dynamiter le système, les codes, créer le chaos.
J'ai toujours considéré Jerry Lewis comme un Jacques Tati, un type qui a cherché tout le temps la reconnaissance, et les financements pour ses projets. Si Tati était économe de ses apparitions (peu de films) Lewis a monopolisé les écrans et les plateaux pendant plus de 30 ans. Mais n'aura jamais pu réaliser son PLAYTIME à lui, et c'est bien dommage.
Des milliers d'hommages et de vidéos en stock (preuve que le pitre était presque une institution...), j'en ai sélectionnées quelques unes... Un extrait fameux du "Zinzin d'Hollywood", un extrait de show avec Dean Martin (putain, le gag du trombone !!!), et un florilège de scènes issues de films. Et la "machine à écrire" ? Allez chercher vous mêmes !!!
Le problème d'un type comme Jerry Lewis, c'est qu'on le prend pour le personnage qu'il interprète. Pas au sérieux. Or, lui, désirait faire très sérieusement son travail. Il s'est donné les moyens de son indépendance artistique, et à pu développer ses idées, ses projets. Derrière ses gags et mimiques, parfois faciles, il y avait le don de dynamiter le système, les codes, créer le chaos.
J'ai toujours considéré Jerry Lewis comme un Jacques Tati, un type qui a cherché tout le temps la reconnaissance, et les financements pour ses projets. Si Tati était économe de ses apparitions (peu de films) Lewis a monopolisé les écrans et les plateaux pendant plus de 30 ans. Mais n'aura jamais pu réaliser son PLAYTIME à lui, et c'est bien dommage.
Des milliers d'hommages et de vidéos en stock (preuve que le pitre était presque une institution...), j'en ai sélectionnées quelques unes... Un extrait fameux du "Zinzin d'Hollywood", un extrait de show avec Dean Martin (putain, le gag du trombone !!!), et un florilège de scènes issues de films. Et la "machine à écrire" ? Allez chercher vous mêmes !!!
Je serais la mouche dans le verre de lait, je n'ai jamais aimé le comique de Jerry Lewis, quitte à subir les foudres de certains ! J'assumes !
RépondreSupprimerTu n'es pas le seul, Pat ! C'est un comique qui verse dans souvent l'absurde, les scènes durent en longueur, il faut parfois être "dedans" pour piger où il veut en venir. Tout ne me fait pas marrer non plus, mais en revoyant beaucoup de vidéo, il y a un vrai univers, et des performances assez folles ! C'est comme Jacques Tati, y'a plein de gens qui ne voient pas ce qu'il y a de drôle dans Playtime, ou Mon Oncle.
RépondreSupprimerJ'aime la poésie et l'humour en finesse qu'il y a chez Jacques Tati, j'ai toujours été un grand admirateur du "Chaplin" français
SupprimerExcessif et bien trop grimaçant a mon gout, je n'ai jamais pu adhéré a son humour moi non plus. A cause de ça principalement.
RépondreSupprimerL'hommage est néanmoins plus que justifié.
Oui, hommage justifié, si il n'y avait qu'un film que je retiendrais, ce serait "La Valse des pantins"
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