Des Problèmes avec les Charlots par Pat Slade
Alors que je dépoussiérais mes
disques vinyles, je suis tombé sur un album en public de1972 et un 45 tour de
1971 qui n’avaient pas tourné depuis des lustres. Les Charlots ?
Tiens j’avais ça moi ? Je mets ma platine en marche et commence à
écouter ces vieilles galettes de 45 ans. Hormis les grésillements des sillons
et le craquement significatif d’un disque qui a beaucoup tourné, la musique est
toujours aussi sympa et les paroles toujours aussi drôles et délirantes. «Voila une bonne idée de chronique !»
me dis-je. Allez Hop ! Je vais faire le charlot le temps d’une chronique
en espérant ne pas avoir de problèmes.
Les Problèmes d’Antoine
Mais
comment est né ce groupe ? Revenons à la genèse. C’est en 1963 que Gérard
Rinaldi va rencontrer Jean Sarrus, ce
dernier joue dans un groupe avec trois autres musiciens et les petites tournées
commencent à bien marcher, entre des Intervilles par-ci et l’Olympia en
première partie de Dick Rivers par-là. Le rocker
niçois aime tellement le groupe et particulièrement Gérard
qu’il le débauche en tant que sax et manager de ses musiciens anglais.
Mais cela n’aura qu’un temps et il reviendra avec ses potes. En 1964, ils feront la connaissance de Christian Fechner leur futur manager, et arrive les
problèmes (Pas le groupe, pas encore !), un des musiciens part
rejoindre France Gall
et Gérard est appelé sous les drapeaux. Fechner va récupérer ce qu’il reste du groupe et va
les nommer «Les
Tarés» (Un nom prédestinés ?), ils
accompagneront Ronny Bird et feront la première
partie d’Hugues Aufray et de Françoise Hardy.
Gérard revient au bout de trois mois
après s’être fait réformer. Le guitariste se sauve avec Hugues Aufray. Jean et Gérard tentent de recomposer un nouveau groupe, ils
font appel à un pote nommé Albert et à un autre
pote guitariste Luis Rego.
En 1965, ils décident de recréer un groupe
et Luis propose le nom Les Problèmes. Accepté à
l’unanimité le groupe se compose alors de Jean (Basse), Gérard
(Chant), Luis
(Guitare), Albert
(Guitare) et Donald
Rieubon (Batterie).
La
place étant libre, ce sera Jean-Guy Fechner le
frère de Christian qui prendra la place aux
drums. Lors d’un gala après qu’Antoine soit N°1
avec «Je dis
ce que je pense, je fais ce que je veux», Rinaldi va
improviser avec un accent berrichon, et qui va devenir leur marque de fabrique «Je dis n’importe
quoi, je fais tout ce qu’on me dit». Phil va
sortir son accordéon
Jean va dire une phrase qui restera
célèbre : «Ouais !
Solo ! Chauffe Marcel !!».
Pour déconner, Christian Fechner va enregistrer
l’œuvre qui sortira dans les bacs mais sans la photo du groupe et devant le
résultat le premier mot qui sortira de la bouche de Jean
sera : «Les Charlots !!». Les problèmes ne peuvent pas marcher, les Charlots
commence à percer et comme ils disent : «Avec
les Charlots, plus de Problèmes !».
Et les 45 tours commencent à pleuvoir et à inonder les ondes radios.
Entre
les titres parodiques et humoristiques très franchouillards, le succès est
au rendez-vous. «Les
Plaies-bois» une reprise du morceau «Les Plays-boys» de Jacques Dutronc avec
déjà cet accent berrichon, «Hey Max» de «Hey Joe» de Jimi Hendrix, «L’amour avec Toé» de « L’amour avec toi»
de Michel Polnareff, «T.V.A., T.V.A (A moi d’payer)
de Sidney Bechet. Mais cela ne va pas les empêcher
de sortir leurs propres titres avec le succès que l’on connait, ils écrivent «Paulette la
reine des paupiettes» en hommage à la maman de Gérard. En 1968
le disque «Merci
patron» sort et c’est un triomphe et la tourmente de mai en fera
involontairement un gros coup de marketing, ils ressortiront ce single en 1971.
Les morceaux de choix et les 45 tours s’enfilent comme des perles «Sur la route de Pen’zac»,
«Derrière
chez moi».
En 1969 la ronde des singles
reprend : «Il
était une fois dans le sud», «Sois érotique» un morceau qui
parodie «69,
année érotique» de Serge Gainsbourg
avec un Rinaldi qui imite si bien le chanteur à
la gitane que ce dernier en l’entendant un matin à la radio dira : «J’ai cru que c’était moi !». Bruno Coquatrix leur ouvre les portes de l’Olympia
et un live en sortira juste derrière. Ils continueront cependant à sortir des
disques de reprises, et la même année Les Charlots feront un disque des chansons de Boris Vian, un vinyle difficile à trouver à l’heure
actuelle.
Les Charlots font leurs
Cinéma
En 1970, ils rencontrent le producteur Michel Ardan (Les Grandes Gueules, Franz…) qui leur demande si ils
veulent faire du cinéma, ils répondront par un «Oui» hésitant et repartiront avec le scénario de «La Grande Java»
sous le bras. Réalisé par Philippe Clair, Francis Blanche leur donnera la réplique et le cadreur
sera un certain Claude Zidi. Le film sera un
gros succès public avec 3.385.000 entrées. Pourquoi s’arrêter en si bon
chemin ? Un deuxième film ou Claude Zidi
passera réalisateur. Avec «Les bidasses en folie» Les Charlots seront à l’apogée de
leur popularité avec presque 7.500.000
entrés sur le territoire et 5 millions à l’étranger. Un film ou apparaissait
les groupes Martin Circus et Triangle au cours de la scène du tremplin rock.
Ce sera le déclic pour Luis
Rego qui quittera le groupe ayant peur que le succès des Charlots
ne fasse de l’ombre à ses projets solo, il ne voudra plus participer aux
disques et aux concerts mais il reviendra voir ses potes de temps à autre sur
les plateaux de cinéma. De son coté, le portugais fera quelques nanars comme «Le führer en
folie» avant d’éclater avec le personnage de Bobo dans «Les bronzés»,
France Inter lui ouvrira ses portes en étant l’«Avocat le plus bas d’Inter»
dans «Le tribunal des flagrants délires»,
un avocat qui ira jusqu'à défendre Jean-Marie Le Pen avec quelques petites
phrases assassines «J’avais une blague
sur Le Pen, mais il risque de voir ça
d’un mauvais œil».
Les quatre Charlots
restant continuent de leur coté leur carrière musicale et
cinématographique. L’année 1972 sera
particulièrement chargée avec un Olympia et deux films «Les Charlots font l’Espagne» et
«Les fous du
stade» de 4.162.000 entrés pour le premier et 5.744.000 pour
le second. Les
Charlots font du cinéma qui attirent les foules même si les gags
plutôt potaches volent au ras des pâquerettes. Plus les années vont passer,
plus les salles vont s’éclaircir, leurs derniers films en 1992 «Le retour des Charlots» sera un bide et seulement 15.880
spectateurs iront le voir. Le charme des années 70 était rompu. Idem pour la
chanson, leurs 45 tours ne feront pas des étincelles hormis en 1983 avec «L’Apérobic» qui fera un
petit succès d’estime. En 1992, ils
se séparent définitivement.
Ils
réapparaissent le temps d’une émission télé ou autre interview, mais il ne
reste plus du canal historique que Jean Sarrus
et Jean-Guy Fechner. Exit Phil et Gérard, ce
dernier est remplacé par Richard Bonnot (Qui maintenant fait partie de la bande !).
Gérard Rinaldi qui délaisse la chanson pour le
cinéma, le doublage et la télévision ou il enfilera la blouse d’un vétérinaire.
Il reviendra dans le groupe en 2009
jusqu’en 2011. Il décédera l’année
suivante d’un cancer à 69 ans. La fin du groupe est-elle consommée ? Et bien non ! Après une prestation
scénique en 2014, Sarrus, Fechner et Bonnot annonce le retour officiel du groupe à l’occasion
du demi-siècle de carrière des Charlots.
Les Charlots ? de sympathiques clowns, bons
musiciens qui ont su amener le sourire et même le rire que ce soit avec leurs
chansons ou leurs films.
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