BUCKINGHAM - NICKS (1973) par Philou

L'album oublié...

Jamais publié en CD, cet album montre pourtant tout le talent du duo mythique et on comprend tout de suite pourquoi Mick Fleetwood a tant insisté pour que Lindsey Buckingham (et Stevie Nicks) rejoignent son groupe FLEETWOOD MAC qui commençait sérieusement à battre de l'aile.

Nous somme au début des années 70 et après la séparation de leur groupe FRITZ basé à San Francisco, le chanteur/guitariste Lindsey Buckingham et la chanteuse Stevie Nicks décident de poursuivre leur collaboration en duo. Après avoir écumé tous les clubs et les bars de la région, le duo décroche un contrat chez Polydor en 1972.

Au début de l'année 1973, le duo enregistre une dizaine de morceaux au Sound City Studio à Los Angeles en compagnie de musiciens prestigieux comme Jerry Sheff (basse), Jim Keltner (batterie), Waddy Watchel (guitare). Les séances d'enregistrement sont supervisées par Keith Olsen (producteur) et Richard Dashut (ingénieur du son). Ce dernier, assurera par la suite le production de nombreux albums de FLEETWOOD MAC.
L'album fleure bon le soft rock des seventies, mais ce n'est pas du James Taylor, c'est un peu plus nerveux quand même...
Propulsé par la voix éthérée de Stevie Nicks et la guitare acoustique de Lindsey Buckingham, les chansons sonnent extrêmement matures pour un premier essai et annoncent déjà ce que sera le nouveau FLEETWOOD MAC. Les deux amants terribles de la scène californienne sont au début de leur histoire et de leur carrière, l'ambiance est sereine et paisible, la défonce, les crises, les déchirements, tout cela apparaitra plus tard.


Le 1er morceau "Crying In The Night", chanté par Stevie Nicks, est le titre le plus commercial, il sera également édité en 45 tours.
Le talent de Lindsey Buckingham comme guitariste a souvent été sous estimé. C'est vrai que son style peut paraitre parfois un peu étrange (il n'a pas la fluidité de Mark Knopfler). Il joue sans médiator et est adepte du fingerstyle. C'est une technique où les doigts sont quasi indépendants les uns des autres (le pouce faisant la basse, un doigt l’accompagnement et un autre la mélodie). Pour ceux qui doutent encore, écoutez juste "Stephanie". Le duo enchaine avec "Without A Leg To Stand", un titre accrocheur composé par le guitariste qui nous montre également son talent de mélodiste.
"Crystal" est certainement l'un des moments le plus fort de l'album, composé par Stevie Nicks, il sera repris sur l'album "Fleetwood Mac" de 1975. Sur ce morceau, le talent du jeune guitariste de Palo Alto, sous influence de Bob Dylan et de Brian Wilson, se marie merveilleusement bien avec le romantisme sombre de Stevie Nicks.  Cette version sera à peine modifiée, c'est pas la peine, c'est déjà le top !
Le titre suivant "Long Distance Winner" est une douce ballade composée et chantée par Stevie Nicks. Dés les premières notes de "Don't Let Me Down Again", le riff de guitare annonce l'influence que va avoir le duo sur le nouveau FLEETWOOD MAC qui reprendra plus tard ce titre sur scène. 

Le titre suivant "Django", est un (trop) court instrumental destiné à mettre en valeur les prouesses de Lindsey Buckingham à la guitare acoustique.
Sur la ballade mid-tempo "Races Are Run", la voix de Stevie Nicks est magique, remplie d'émotion. Rarement, elle n'aura chanté aussi bien. Sa voix rauque est d’une incroyable sensualité, malheureusement, les futurs excès vont détériorer ce timbre si particulier.
Le morceau suivant "Lola" nous rappelle le POCO du début des seventies.
L'album s'achève en beauté avec "Frozen Love", une très belle chanson, le prototype des futures ballades de FLEETWOOD MAC avec des harmonies vocales somptueuses et des parties de guitares flamboyantes. Ce fut apparemment cette chanson qui a convaincu Mick Fleetwood à recruter le duo. Mick Fleetwood se trouvait dans les Studios Sound City à Los Angeles pendant que Keith Olsen finissait de mixer le morceau.
Comme Danny Kirwan avait récemment quitté FLEETWOOD MAC, le groupe était à la recherche d'un nouveau guitariste et Mick Fleetwood a (fort justement) pensé que Lindsey Buckingham serait le bon choix. Ce bon vieux Mick a rapidement appris que Buckingham ne rejoindrai pas le groupe sans sa Stevie. Je suppose que vous connaissez la suite de l'histoire...

Après la reformation très lucrative du MAC en 1997, il a été question d'une sortie en CD de cet album....apparemment, tout ça c'est tombé dans les oubliettes.