mercredi 3 mai 2017

Les VARIATIONS "NADOR" (1970), by Bruno


     Et si le premier groupe de Heavy-rock français était les Variations, sachant que ce quatuor n'a pas attendu la sortie des disques emblématiques de Led Zeppelin, Deep-Purple et autres Uriah-Heep pour enregistrer leur premier 45 tours, dans la mouvance des trois mentionnés. Sachant de plus, que bien évidemment ils arpentaient déjà les diverses scènes, de Paris, de France, mais aussi d'autres pays européens des années avant la sortie de leur premier long-player. Oui, car à l'époque, les musiciens commençaient par s'aguerrir en s'exposant sans filet, sans artifices ni play-back devant un public pas nécessairement tolérant pour les apprentis. Ce qui est somme toute plutôt logique, non ? Même si aujourd'hui, on fait l'inverse.

     C'est que certains de ces jeunes loups n'avaient pas hésité longtemps avant de partir s'immerger dans le Swinging London afin de s'imprégner de son ambiance. Ainsi, il est fort probable, voire certain, qu'ils aient été les témoins d'une scène émergeante, férue de Rock plus graisseux, de Blues et Rhythm'n'Blues. Ils n'ont pu éviter les Yardbirds, et surtout les Small Faces qui se muaient, en concert, en furieuses bêtes de scène annonçant l'arrivée d'une horde de chevelus avides de nouvelles sensations électriques, plus épaisses et furibondes. Ainsi que tous les jeunes combos enthousiastes porteurs de ce que l'on allait nommer le British-Blues.
 

   Il semblerait que tout commence autour de Marc Tobaly (né le 1er janvier 1950 à Fez, Maroc). Initié très tôt à la musique par ses frères et sœurs et par les radios américaines émises par les bases militaires installées au Maroc (dont Port Lyautey aujourd'hui Kenitra), il commence par apprendre les rudiments de la guitare au son des Chaussettes Noires ("Dactylo Rock" ...). Avec son premier groupe, "Les P'tits Loups", il se concentre sur les instrumentaux des Shadows et des Fantômes (avec l'écho de cathédrale de rigueur), puis quelques titres des Rolling Stones et des Beatles.  Il profite des vacances scolaires pour quitter le cocon familial. Il quitte son Maroc natal et s'envole pour Paris retrouver son frère Alain et sa sœur Magda. Pour aussitôt devoir continuer sur sa lancée et rebondir jusqu'à Londres, où Alain et Magda sont partis travailler pour l'été. Séjour fort instructif où il s'immerge évidemment 
dans le Swinging London, et découvre aussi la Soul des studios Stax. En dépit de sa jeunesse, il parvient à se faire engager par un restaurant italien pour y jouer et chanter (des tubes en vogue et 2/3 chansons italiennes apprises pour l'occasion), gagnant de quoi se sustenter correctement.
Après ce bain enrichissant, de crainte de ne plus retrouver ce foisonnement d'une musique alors en perpétuelle mutation, il ne peut se résoudre à retourner au Maroc. Ainsi, sur le chemin du retour, plutôt que de faire sa rentrée scolaire (il n'a pas encore 17 ans), il choisit de rester à Paris avec son frère, pour tenter l'aventure musicale. 

Au bout de quelque temps, outre un second guitariste et un bassiste, il désespère de trouver des musiciens suffisamment compétents. Jusqu'au jour où, suite à une annonce, Jacky Bitton vient sonner à la porte. Il reconnait immédiatement ce batteur qu'il avait vu en première partie des Shadows, à Fez, qu'il avait vu effectuer un solo qu'il avait jugé monstrueux. Une aubaine pour Marc.
Autre coïncidence bienheureuse : les retrouvailles avec Joe Philippe Leb
 Assez étrangement, après maints essais infructueux de chanteurs, Marc regrette de ne pouvoir contacter ce Jo Led qu'il avait rencontré deux ans auparavant, à Casablanca. Tous deux s'étaient amusés sur des titres des Stones et le courant était immédiatement passé, se revoyant pour taper le bœuf. C'est par hasard que son frère Alain le trouve au fond d'un café, lui aussi de retour de Londres. Alors qu'il ne l'a jamais vu, il l'aborde, lui demandant s'il ne serait pas chanteur et lui propose tout de go de faire une audition. Evidemment, quand Jo se présente à l'audition c'est l'accolade avec Marc.
Ça y est, Marc a un groupe qui tient la route. Les choses sérieuses démarrent ; les musiciens commencent même à être assez bien payés pour leurs prestations (30 francs par tête de pipe). Cependant, dans le courant de décembre 66, le bassiste et le second guitariste, devant l'ampleur que prend le groupe sur leur vie, doivent faire un choix entre la musique et leurs études. Ils choisissent la sécurité et quittent le groupe.
1966 (photo pour leur premier 45 tours - Triola Danemark- )
de G à D : Bitton, Led, Tobaly et Grande

Pris de cours, Marc, Jacky et Jo, devant respecter leur engagement, sont contraints de se produire en trio. C'est là qu'un gars se pointe et leur demande s'il ne rechercherait pas un bassiste ; auquel cas, il aurait un ami bassiste à leur présenter. 

Ainsi se pointe Jacques "P'tit Pois" Grande, fraîchement exempté du service militaire. Et heureux propriétaire du matériel que sa grand-mère lui avait promis s'il n'était pas incorporé : une basse Gibson SG EB-3 et un ampli Fender Bassman. Sympa mère-grand...

     Les Variations sont nés. Il est un moment question d'un nouveau second guitariste en la personne de Jean-Pierre Azoulay, mais ce dernier n'est pas encore prêt à s'engager. Il rejoindra Johnny Hallyday en 1969.

     Le quatuor ne perd pas de temps et écume les scènes parisiennes. Il gagne aisément le Tremplin du Golf Drouot (1). Papa Tobaly, probablement inquiet, se rend à la capitale retrouver son jeune fiston. Peut-être dans l'espoir de lui faire entendre raison, afin qu'il reprenne le cursus scolaire. Constatant que son fils est totalement impliqué dans son projet - et que ce n'est pas demain la veille qu'il reprendre le chemin du lycée -, il lui offre du matériel plus professionnel (et à l'époque fort onéreux, surtout en France) : un ampli Vox AC30 et une Fender Telecaster. Sympa le paternel.
En mars 67, ils s'engouffrent dans un combi Volkswagen, avec matériel, fringues, le frérot Alain et deux autres lascars, et partent à l’assaut de l'Europe. L'époque s'y prête. Il est alors relativement facile d'obtenir un créneau pour tenter sa chance dans les clubs. Et si le public suit, c'est la tournée du patron et un ticket d'entrée renouvelable. Et la réception du public pour les Variations est chaleureuse, leur permettant ainsi d'effectuer un périple (principalement en Allemagne et en Scandinavie) de près de dix mois. Cela sans planning, sans manager ni promoteur.

   Triola
, un petit label indépendant de Copenhague les démarche pour enregistrer un 45 tours. Leur premier, composé d'une version de "Mustang Sally" et une de "Spicks & Specks" des Bee Gees (qui cartonne aux Pays-Bas ; cette dernière probablement suggéré par les Danois). 


     Les soirées sont riches en expériences, notamment en leur offrant parfois l'opportunité de côtoyer des groupes qu'ils n'auraient peut-être pas eu l'occasion de voir en France, et surtout de jouer un instant avec eux ; dont les Small Faces, Brian Auger, Booker T & the MG's et Vanilla Fudge (- et Hendrix ? -).
Cependant, ils finissent la plupart des nuits entassés dans le combi (occupant à tour de rôle la banquette arrière, place de choix), les forçant à retourner à Paris retrouver un minimum de confort et recharger leurs accus. S'ils n'ont aucun problème pour jouer chaque week-end, l'année 68 va s'achever sans un espoir de concrétiser et consolider le groupe par l'enregistrement d'un disque. Le découragement est proche avec le split qui en découle.  

     Et puis, la chance intervient. Ils se rendent à Joinville-le-Pont pour assister au tournage d'une émission télévisée. Il s'agit d'un "Surprise-Partie" spécial jour de l'an avec pour invités les Small Faces, Fleetwood Mac, The Who, Pink Floyd, Joe Cocker, les Equals, Booker T & the MG's et les Troggs (crénom di diou ! Quelle affiche. Et organisé par la télévision française. Incroyable).
L'ambiance est conviviale, bonne enfant. Les Variations boivent des coups en compagnie d'un Rod Stewart encore abordable. Et puis, il y a cette Gretsch (celle de Chris Britton des Troggs ?) qui traîne, posée sur une scène, que Tobaly a remarquée. Il ne peut réprouver l'irrésistible envie de l'essayer. Profitant d'une pause, entre deux séquences, il s'en saisit pour voir ce qu'elle a dans le ventre. Sa petite improvisation en solo ne passe pas inaperçue et arrive aux oreilles de responsables de l'émission qui s'intéressent à ce jeune culotté qui sait faire sonner une guitare. Une chose et l'autre, on propose alors à la petite troupe de faire le backing band pour P.P. Arnold, à 21 heures pétantes. Après avoir cherché, affolés et sortis en catastrophe d'un cinéma, Jacky en pleine séance, ils arrivent in extremis, prêts à accompagner l'ancienne Ikette ... en playback. Mais au moins, ainsi, ils passeront à la télévision. (prestation assez amusante, car l'on peut y voir Jacky Bitton totalement déconnecté, l'air de s'emmerder sec. On se demande aussi pourquoi ce ne sont  pas les Small Faces qui l'accompagnent ? D'autant que P.P. chante "If You Think You're Groovy", une composition de Steve Marriott et Ronnie Lane, et que dans le courant de cette même année, elle a chanté en tant que choriste au sein des Small Faces).
 C'est leur jour de chance ; à croire que Tyché s'est entichée de ce petit groupe qui commençait sérieusement à se poser des questions et était prêt à déposer les armes.


  🎼🎶

     Traffic, resté bloqué à la douane, ne peut être présent à temps pour le show. C'est l'opportunité de récupérer le créneau laissé vacant par le groupe de Steve Winwood. Occasion inespérée. Ils déroulent sept chansons. Sept reprises qui enflamment le public. "Around and Around", "Mustang Sally", "Devil with a Blue Dress", "Everybody Needs Somebody to Love", "Satisfaction" dans des versions plus ou moins étirées et proto-hard. Les Variations, au contraire de certains groupes invités (dont les Who et les Small Faces), jouent réellement ; ils ne sont pas en playback. 

     A une époque où bien généralement les groupes restent sagement à leur place, évitant toute effusion lorsqu'ils sont invités à se présenter à une émission télévisée, les Variations, eux, se lâchent. Exempts de complexe, probablement galvanisés par l'excitation impromptue, Marc joue avec les dents, Jo, visiblement heureux, se trémousse comme un diablotin et finit par chanter à même le sol, Jacques cogne sa basse, Jacky se prend pour Keith Moon. La prestation n'a rien à envier aux précédentes effectuées par des ténors de la scène anglaise. Des jeunes montent sur scène danser, une fille est portée par le public, le public d'abord emporté par un enthousiasme non feint, reste quelque peu dubitatif mais attentif devant un final qui a bien des odeurs de Led Zeppelin avant l'heure.  
 Le soir du 31 décembre 1968, tous quatre, impatients, assistent à la diffusion télévisée de Surprise-Partie. Leur prestation a-t'elle été retenue ? Et si oui, quels seront les morceaux sélectionnés ?  L'émission touche à sa fin ... et une speakerine annonce "pour la première fois à la télévision un groupe dont vous vous souviendrez ... Les Variations !!". Surprise. Contre toute attente, c'est l'intégralité du set qui passe à la télé, devant certainement des millions de téléspectateurs.

1er 45 tours (G à D : P'tit Pois, Jo, Jacky et Marc)

     Face à cette prestation télévisée, les retombées ne se font pas attendre et très vite le téléphone sonne. Un contrat est signé avec Pathé Marconi. Un premier 45 tours voit le jour en mars 1969 : "Come Along" - " Promises". La production est naïve et sent bien moins le travail raffiné en studio que la captation live d'une session dans une MJC. La basse y est lourde et omniprésente, englobant tout, la guitare doit surnager pour parvenir à extirper la tête hors de l'eau, tout comme le chant de Jo. La batterie, par contre, est nettement en retrait et manque cruellement de définition. Le groupe n'a pas l'expérience du studio, et les ingénieurs français ne savent pas comment s'y prendre pour saisir l'énergie de ces jeunes loups. Formés aux sages sons de la variété, voire des yéyés, c'est l'incompréhension. Néanmoins, on parvient tout de même à ressentir la sauvagerie. Sur "Promises" on jugerait que c'est Adrian Gurvitz des Gun  qui officie à la six-cordes et "Come Along" est envoûtant, presque sulfureux. 

Ce premier 45 tours érige les Variations au titre de premier groupe de Heavy-rock français. Ou de proto-Hard-Rock.

     Johnny Hallyday, apparemment séduit, les invitent à faire sa première partie, avec un autre groupe, Devotion, et Aphrodite's Child en guest de luxe. Suite à une décision de dernière minute de Johnny, ces derniers sont recalés sur une scène annexe. Ne pouvant jouer sur la grande scène, conformément à ce qui était prévu initialement, Vangelis 
courroucé, envoie paître Johnny. Une nouvelle occasion à saisir pour les Variations. Cependant, certainement suite à la ferveur sans cesse croissante qu'ils suscitent, leur temps de passage se réduit progressivement pour finir en peau de chagrin. De 30 minutes, ils terminent à 12 (!) avec un intervenant distribuant des prospectus (😠!). Le quatuor ouvre aussi pour Steppenwolf

   Nouveau 45 tours en septembre, titré "N° 2", avec "What's Happening", entre proto-Hard-rock et British-blues, entre Ten Years After et Deep Purple Mark I, et l'instrumental "Magda" (le prénom d'une des sœurs de Marc). La production est à peine meilleure mais perd un peu en force. 

Led Zeppelin fait leur première partie ; bien que de l'avis même de Tobaly, il s'agirait d'une erreur d'organisation. Ils avaient déjà jammé ensemble au Rock'n'Roll Circus, avec le souvenir d'un Bonham - déjà - copieusement bourré, alors qu'ils s'appelaient encore les New-Yardbirds.

     Mars 1970, troisième 45 tours nettement Hard-rock, avec "Free Me", et "Generations", premier titre chanté en français, aux paroles contestataires, et coupé par un solo de Tobaly aux sonorités orientales. Peu commun à l'époque. Résurgence de son enfance à Fez. (Est-ce une photographie de Janis Joplin que Jo Leb présente ?
     Enfin, "Nador" arrive dans les bacs. Il était temps. Les 45 tours c'est bien - surtout pour cette époque - cependant, la troupe désespère de voir des albums sortir et récolter du succès avec une musique qu'elle-même joue depuis longtemps. Certaines bio estime la sortie de "Nador" à fin 69. 

     D'entrée, on est frappé par la maturité du groupe, leur professionnalisme, et leur absence de complexes, d'autant plus pour l 'époque. Les Variations sont totalement démarqués d'un Rock français typique des 60's qui lui est empêtré à moitié dans un Rock 50's revival et une Pop-variété trop légère ; au mieux c'est un rock timide, bridé, craignant l’opprobre des anciens - et des responsables des médias -, au pire c'est un Rock perdu dans l'humour potache des paroles, qui le relègue alors à un public d'adolescents, voire à un public de "beaufs", qui ne prend pas la musique au sérieux, qui ne l'écoute pas. A quelques rares exceptions près. Non, les Variations ont un son 100 % anglais, avec, à l'exception d'une chanson, un chant anglais à l'avenant. Absolument décomplexés, ils ne ressentent pas le besoin de garder de solides liens avec des archétypes de la chanson francophone. 


     Leur musique vient des Who, des Rolling Stones, de Cream, des Yardbirds, des Small Faces, mais aussi du Rhythm'n'Blues des Otis Redding et Wilson Pickett. On pense également parfois à Led Zeppelin, voire à  Mountain

Joe Leb peut se montrer exubérant, explosant littéralement, possédé par les vibrations du Rock dur. Marc Tobaly sonne comme les meilleurs gratteux anglais de cette décennie. Un son estampillé Gibson-Marshall, un son graisseux, sans effet apparent, hormis une wah-wah pour le break de « Completely Free » et les soli de "But it's Allright", sachant se faire tantôt incisif, tantôt mielleux, tantôt intimiste (en acoustique). Quant à la section rythmique, elle n'est nullement figurative.  Jacques "P'tit Pois" Grande , comme les grands bassistes de l'époque (forts nombreux), procure groove et puissance, avec une assise inébranlable permettant à Tobaly d'emprunter tous les chemins de traverse qu'il souhaite. Tandis que Jacky Bitton est un stupéfiant batteur, dont le jeu un rien polymorphe peut évoquer Ginger Baker ou de Mitch Mitchell (avant de s'allier à Tobaly, Jacky hésitait entre prendre le chemin du Jazz et celui du Rock).

     Leur musique sait se parer d'atouts plus exotiques, notamment dûs à l'adjonction occasionnelle d'instruments maghrébins (la darbouka, et la taarija, darbuqqa). Trois des membres ont passé leur enfance au Maroc et ils n'ont pas oublié la musique qu'ils ont découverte dans les rues. S'en servant pour enrichir judicieusement leur musique aux consonances et constructions essentiellement anglo-saxonne ; plus naturellement, et avant (?) Led Zeppelin. Meilleur exemple, le splendide titre instrumental, « Nador », fantastique voyage où le folk anglais courtise l'oriental (avec du darbouka joué par Youssef Berrebi - que l'on retrouve aussi sur le final de "But it's Allright" ; un coda qui n'est pas sans rappeler le "Who'd King" de Cheap-Trick, enregistré 10 ans plus tard -), entre « Black Mountain Side » et « Friends ».
Parfois cela penche plus vers une British-Pop 60's, comme sur l'excellent « We're Gonna Find the Way ».
45 tours "Down the Road" / "Love Me"

   La réédition en CD de 2010 (en format vinyl replica) est complétée par les deux premiers trois 45 tours, et un troisième de 1971 avec un « Down the Road », une bien belle ballade rock (guitare acoustique, violons, chœurs féminins) entre Paul McCartney et flower-power, dans la lignée des grandes chansons Pop de la fin des années 60, et "Love Me", nettement plus mordant, entre un Heavy-rock à la Uriah-Heep sans les claviers et la comédie musicale "Hair". Sur ce dernier 45 tours, on note une large avancée dans le domaine du mixage et de l'enregistrement, et aussi un groupe qui évolue. 

« Down the Road » aurait dû s'incruster sur les ondes radios et squatter les discothèques au moment de l'instant fatidique du quart d'heure des slows (3).


    On donc pourra reprocher une production un peu touffue, manquant de définition sur les titres les plus Heavy (les studios français n'ayant aucune notion pour enregistrer convenablement le gros son), involontairement "garage", mais cela ne devrait pas occulter le fait que Les Variations ont été un grand groupe, paré d'indéniables qualités de compositeur (2) et d'interprète. Un groupe qui prouva que l'on pouvait battre les Rosbeefs sur leur terrain. Cela à condition que l'on n'ait pas systématiquement des bâtons dans les roues. La presse, par exemple, n'a pas toujours été tendre avec les Variations. Cela n'a pas empêché les salles d'être pleines mais probablement que cela a été un boulet les gênant pour s'élever et accéder à un niveau supérieur. 



(1) Une institution. Situé au 2 rue Drouot, 9ème arrondissement de Paris, fondé en 1955 initialement comme salon de thé, avec un mini-golf, il se transforme en discothèque en 1961. Dès 1962, les jeunes groupes sont invités à se produire, et le vendredi soir le club organise un concours. Cela devient rapidement un lieu incontournable de la vie parisienne, et surtout un passage obligatoire pour tout musicien prétendant à une reconnaissance. Rapidement le Golf ouvre ses portes aux artistes de passage dans la capitale. Les Beatles, les Who, Pink Floyd, Otis Redding, David Bowie, Free, les Rolling Stones y ont joué.
(2) En 1979, Ray Charles interprète "Just Because". Une chanson de Marc Tobaly et F.R David, tirée de l'album "Close, but No Guitars" de Kings of Heart (bien loin du Heavy-rock des Variations)
(3) Il fut un temps où les discothèques - les boîtes - réservaient un temps (plutôt deux fois qu'une, voire même trois) pour passer des chansons aptes à... Moments magiques (et anxiogènes pour les premières fois, pouvant générer un excès de sudation ... surtout lorsque le cavalier était plus petit que la cavalière ... se retrouvant alors le nez coincé entre ... contre les ... bref ... le pif écrasé  par ... ).


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4 commentaires:

  1. Ça, c'est de l'exhaustif. Back to the seventies: pas de doute, c'était vraiment mieux avant. Curieusement, les Variations n'ont jamais réellement percé: succès d'estime, de critique, mais je n'ai pas l'impression qu'à l'époque, beaucoup de gens connaissaient le groupe.

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    1. De mémoire, à la fin des années 70, le nom revenait souvent dans la presse. Comme une référence.
      Par contre, pour trouver les disques. Impossible.

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  2. Fabuleux albums, les Cactus français ! Ils ont eu des accrochages avec la presse musicale de l'époque, et beaucoup de musiciens les jalousaient, car ils étaient l'un des rares groupes de Rock français à gagner sa vie en tournant d'arrache-pied.

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    1. Il me semble d'ailleurs qu'il y a sur le net une interview du groupe où les membres parlent de leur incompréhension envers les écrits de cette presse. Pas des papiers nécessairement assassins, mais, apparemment condescendants. Avec ce reproche récurrent de ne pas être intellectuelle. (!)
      Incompréhension d'autant plus forte qu'ils remplissaient aisément les salles, eux.
      Triangle avait nettement plus la faveur de la presse et de la télévision (probablement grâce à leurs 2 hits mérités, "Viens avec Nous" et "Peut-être Demain"). Cependant, c'était un combo franchement plus Pop (et un peu progressif).

      Et effectivement, lorsque l'on lit des articles de la presse française de cette époque, on peut parfois se demander s'il y avaient des journalistes vraiment branchés "rock". De plus, les termes "Heavy" et "Hard" étaient souvent des sujets de railleries.
      (je pense d'ailleurs que certains ont dû oublier les articles au vitriol sur Aerosmith et AC/DC d’antan. Il n'y a pas que nos politiciens qui savent retourner leur veste aussi vite, sinon plus, qu'un superman ... ).

      Je pense aussi que les Variations ont fait les frais d'un ridicule snobisme exacerbé, et surtout d'un gros a priori qui voulait que les groupes français chantent en français.

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