samedi 1 avril 2017

VIVALDI – La Cetra : Concerto RV 300 – Christopher HOGWOOD – par Claude TOON



- Mais M'sieur Claude, je vous entends ronchonner depuis mon tout petit bureau minuscule depuis des heures ! Quel est le problème ?
- Ahhhhh Sonia, je cherche une idée pour la 300ème chronique classique, une œuvre dont le numéro de catalogue soit égal à 300…
- Moui, je vois comme les symphonies K200 et D200 de Mozart et de Schubert qui avaient été au centre de la 200ème chronique. Vous avez essayé Bach je suppose ?
- Oui bien entendu, vous pensez à BWV 300, mais c'est un chœur de quelques minutes. Pareil pour D300 de Schubert : un très court lied…
- Mince, mais je vous vois sourire… Vous avez trouvé le truc ?
- Oui, dans le cycle de 12 concertos pour violon de Vivaldi titré La Cetra, on trouve un joli concerto numéroté RV 300, c'est le 10ème, Je me lance…
- Chouette, Vivaldi plaît toujours comme dirait M'sieur Bruno !

Christopher Hogwood (1941-2014) faisant ovationner Claude Toon
Six ans de chroniques hebdomadaires dédiées à la musique dite classique, ça donne le vertige. À noter d'emblée que l'ami Pat Slade a contribué aussi à construire ce patrimoine, notamment dans un domaine que j'aborde très peu : l'opéra. Et de rappeler ces papiers sur trois top du genre : La damnation de Faust de Berlioz, l'un de ses compositeurs favoris, et la sulfureuse Carmen de Bizet ou encore La belle Hélène d'Offenbach. Et sans compter quelques chroniques sur des thématiques diverses (Petit cours de classique à sa fille Cécile devenue Deblocnoteuse il y a peu). Ou encore des musiques à découvrir comme les Danses de Galanta de Kodaly le comparse de Bartók ou la musique extravagante pour piano de Satie l'original… Sans oublier le dé**age "classique" de Luc par Mozart et Bruckner.
Le temps est aux sondages et statistiques pour tout et rien. Je ne saurais jamais quel score j'aurais fait à la présidentielle puisque des petits salopards ont torpillé ma campagne en propageant des rumeurs sur des sévices infligés à Wofgang (alias Wolfi), mon iguanodon qui continue de brouter les plantes dans le bureau de Sonia
- Mais, Wofgang ! C'est en rapport avec Mozart M'sieur Claude ?
- Ah tiens, ça fait tilt au bout de cinq ans, vous avez le neurone alerte Sonia !
- Ô ça va les vacheries…
Vous connaissez beaucoup de blogs parlant de musique savante et en même temps d'un iguanodon d'intérieur qui boulote le philodendron de la secrétaire ? Mes amis, très solennellement : le Deblocnot est unique dans le monde du Net ! Un peu vantard, mais il n'y a pas de mal à se faire plaisir, na !  Ctaprem', Maggy Toon a recueilli ce témoignage d'un collègue qui venait de découvrir le blog (plutôt Rock, Blues) : "C'est incroyable, érudit, plus complet et mieux écrit que Rock & Folk". Hein, la messe est dite…
Et pour la rubrique classique, les mêmes échos… N'est-ce pas Pat…
Bon je diverge dans l'autosatisfaction.

- Mais, Sonia ! Vous venez faire quoi dans mon burlingue avec un tube de dentifrice ? Vous brosser les chailles ?
- Pas du tout M'sieur Claude, c'est une pommade antalgique pour vos chevilles…
- Très drôle !
XXXXXXX
Bref, concrètement : environ 450 œuvres commentées et avec les discographies alternatives, quelques 1200 albums sympas. Car je me refuse à flinguer des morceaux ou des interprétations que je n'aime pas. Plus concrètement, à la louche, 2000 pages A4 police de caractères 10… Et puis surtout des infos sur des compositeurs pour lesquels, en français, le net n'est guère bavard. Atterberg, Lansgaard, Tyberg, Gouvy, et tous leurs potes méconnus, ont enfin une petite place dans le web francophone. Au moins cette carence (comblée désormais) oblige à innover dans ma prose : va retro satanas le copier-coller cher à un forum concurrent (pas de nom). Non, sous vos yeux : que du texte français et bio, label rouge, Articles d'Origine Contrôlée (AOC)
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Qui dit baroque italien dit Vivaldi, ou encore les Quatre saisons, son œuvre la plus célèbre : quatre concertos pour violon mettant en images musicales diverses scènes bucoliques.
- Votre pizza quatre saisons M'sieur Claude… Avec ou sans olives noires ? Je passe la commande chez Antonio…
- Plutôt sans, Sonia, merci…
J'en suis où ? Ah oui, Vivaldi, l'homme aux 400 concertos (on n'en possède que 84 hélas). Souvent pour violons - Vivaldi était un virtuose de l'archet - mais également pour une myriade d'instruments à cordes pincées (luths, mandolines) ou à vent, etc. (Clic) & (Clic) Quand je pense que le compositeur était surnommé le Prêtre Roux (Ordonné vers 1703) et enseignait dans un établissement pour jeunes filles vers ses 28 ans. Bonjour la tentation permanente de trahir ses vœux. J'imagine Rockin' héritant du job ! Dur pour lui (sans allusion). Je digresse encore dans la paillardise. Ma réputation de musicologue éclairé va en prendre un coup !

On ne présente plus le compositeur italien aussi célèbre que Bach en Allemagne ou Haendel, lui aussi d'origine teutonne mais ayant œuvré en Angleterre. Point commun aux trois grands du baroque tardif : l'écriture de cycles de concertos pour divertir et faire briller en société les virtuoses de l'époque. Qui n'a pas entendu parler des Brandebourgeois de Bach ou des concertos grosso de Haendel ? Pour Vivaldi, bien au-delà de l'immortel carré d'as des quatre saisons, ce sont une dizaine de séries de concertos qui constituent un vaste catalogue et sont connus par un sous-titre : L'estro armonico, La Stravaganza et aujourd'hui un groupe de 12 concerti pour violon, La Cetra. (La cetra est un nom vaguement générique désignant les mandolines, luths et autres lyres.)
Chaque ouvrage est assez bref, une petite dizaine de minutes, et comporte invariablement trois mouvements, vif-lent-vif, forme concerto encore en usage de nos jours.
La Cetra a été publié en 1727, 12 concertos pour violon, cordes et basse continue. Le N° 10 RV 300 (on y arrive) est caractéristique de l'ensemble par la verve endiablée de l'allegro molto initial. La thématique est simple et attachante et pourrait même paraître répétitive si Vivaldi ne variait pas gaiement les accentuations. Crescendos et decrescendos sont diablement abrupts lors des réexpositions et concourent à offrir facétie et jovialité au discours musical. Les solos de violons reflètent une virtuosité qui préfigure les hardiesses d'un Paganini, notamment par le jeu sur deux cordes, de la haute voltige. Dans la gravure de Christopher Hogwood, la vitalité est au rendez-vous : des tempos ardents, des contrastes affirmés du phrasé et surtout de l'humour. Ainsi l'andante cantabile fait jouer l'orchestre en pizzicati rappelant ainsi l'Hiver et la marche d'un brave petit cheval sous le ciel mordoré de l'Italie. Une musique gorgée de joie de vivre à écouter le soir au coin du feu ou l'été sous l'ombre bleutée du cerisier dans le jardin en Haute-Savoie (Vincent connait).

Pour conclure en musique et dans le même ton, écoutons le N° 5 RV 358. Il commence tout en douceur. Ne me demandez surtout pas quelle est la logique de la numérotation RV complètement anarchique a priori, mêlant chronologie et dates d'édition… Une affaire de spécialistes…
Merci à tous mes fidèles lecteurs et à la semaine prochaine pour de nouvelles aventures (J'ai une centaine de titres en prévision…).




3 commentaires:

  1. Ce Concerto me semble tout à fait correspondre à l'image de la plastique de Mlle Sonia : alléchant et plein de promesses....

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  2. C'est trop d'honneur de parler de ma petite contribution dans le classique du Déblocnot, je ne fais que survoler le genre, c'est toi le spécialiste du concerto, le big boss du quintette , le parrain de la symphonie, le pape de la cantate, le patron de la variation, le directeur du lieder, le manitou du requiem, le mandarin du quatuor et j'en passe des meilleurs ! Happy Birthday !

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    1. Merci Pat
      Et sans oublier "le clair de lune de la sonate" (pas celui de Maubeuge) :o)

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