PROCOL HARUM - Procol’s Ninth (CD édition 40ème anniversaire) – par Vincent le Chaméléon

Photo de famille

Tout récemment, en faisant l’acquisition du neuvième album studio des anglais de PROCOL HARUM (42 ans après que je l'ai découvert et écouté longtemps et longuement, enfoncé dans ce vieux canapé vert aux accoudoirs en bois verni). C'est toute ma prime enfance qui aura alors resurgi avec émotion dès l’entame de sa première écoute. Qu’en dire alors de suite ?

D’abord, voilà bien un disque en tout point remarquable.

Nous, mélomanes avertis que nous sommes, connaissons la puissance que peu parfois générer la musique. Encore faut-il que celle-ci soit écrite et jouée avec une vraie profondeur d’âme et une semblable passion. Quel qu’en soit le style d’ailleurs. Et bien Procol’ Ninth compte pour moi parmi ces œuvres-là.

BJ Wilson (admirez le placement, incroyablement haut, de sa Caisse claire)

Ô temps suspend ton vol

Sans même m'en être aperçu au moment de mon achat, c'est belle et bien l’édition de son 40^ème anniversaire que j’ai ainsi acquis. Et cette édition en Digipack vaut assurément le détour. Pistes remasterisées avec grand soin, photos inédites d’époque et copieux livret relatant la genèse du disque. L’album étant également augmenté de versions alternatives de 3 de ses titres.

Ainsi me voici à redécouvrir toutes ces riches mélodies de ce Procol's Ninth à la pochette pourtant peut avenante. Et pourtant, à l'intérieur… Que de superbes morceaux !

Tandis que les morceaux se succédaient, je ne pouvais m’empêcher de me remémorer ces si lointaines très jeunes années. J’ai ainsi le souvenir que du haut de mes quelques 8 ans je ne cessais de m’interroger sur le vrai nom du groupe. Etais-ce celui marqué en haut ? Ou celui inscrit en bas ? Aujourd'hui forcément, à l'âge qui est désormais le mien, l'énigme est résolue.

Gary Brooker (chant et clavier)

Il faut dire que de PROCOL HARUM, hormis leur classique "A Whiter Shade of Pale" et cet album, je n'en connais toujours guère plus aujourd’hui.

Mon autre interrogation se portait également sur le pourquoi de ces “gribouillages” (signatures petit ! signatures…) ornant la pochette ? Cela étant, ce qui m’aura surtout et si durablement marqué, même après toutes ces années passées, c’est la voix incroyablement expressive du chanteur. Et puis c’est aussi sans compter sur le jeu, tour à tour swing et nerveux, du regretté batteur BJ Wilson. Quel singulier batteur que celui-là. Une référence par trop souvent négligée, voir oubliée par tant de batteurs de renom.

Musique plurielle

Sur ce disque, la merveilleuse voix soul de Gary Brooker (Ray Charles n’est pas bien loin), mêlée aux divers claviers (piano, Hammond), navigue au gré de ses 10 morceaux dans un savant et improbable mélange d'influences Rock, Blues et Jazz et aux limites même parfois de la musique Progressive. Non décidemment non ! Les musiciens ne s’interdisaient rien en ces temps désormais bien reculés.

Ce disque d'une grande richesse musicale et aux harmonies subtiles, je le redécouvre donc quelques 40 ans après sa publication avec une émotion et un plaisir tout simplement décuplés.

Ils sont ainsi quelques-uns comme ça, ces disques faits de ce bois-là. Ceux que mon père avait alors dans sa bibliothèque. Ces albums merveilleux qui, déjà si tôt, me faisait voyager en me laissant simplement bercer par ces sons qui auront façonné une partie de mon ADN musical durant toutes ces années.

Finalement, quand j'écoute un disque comme celui-là, je me dis que tout ce qu'on a aimé un jour ne s’oublie jamais. Mieux encore, il finit même par prendre une saveur encore plus accrue et intense avec le temps. Certaines choses sont ainsi faites qu'elles ne s’éteignent jamais.