Quand il débute comme réalisateur, il rend hommage à ses maitres, propose un cinéma référencé. Dans LA CIBLE (1968) il engage Boris "Frankenstein" Karloff... Il fait un immense succès avec LA DERNIERE SEANCE (1971), filmé en noir et blanc, qui révèle Jeff Bridge, et qui influencera AMERICAN GRAFFITI de Georges Lucas (nostalgie, années 50, rock’n’roll). On y voit aussi la plus belle paire de gambettes d’Hollywood : Cybill Shepherd, sa femme à l’époque.
Il fait tourner Ryan O’Neal et Barbra Streisand dans ON S’FAIT LA VALISE DOC ? gros hommage aux comédie d’Howard Hawks et du cinéma burlesque muet. Et en 1973, il retrouve Ryan O’Neal pour LA BARBE A PAPA (= PAPER MOON), comédie road-movie.
Il filme une nouvelle fois en noir
et blanc, et quel noir et blanc ! Des plans superbes, un contraste et une
profondeur de champ magnifiques, des grandes plaines du Middle West à la
rugosité du Kansas, le tout sur fond de Grande Depression époque LES RAISINS DE LA
COLERE : l’hommage à John Ford est évident ! Mais on pense surtout à
Charlie Chaplin, dans ce duo adulte / enfant, et leur petites affaires louches,
qui renvoie explicitement à THE KID.L’histoire est celle de Moses Pray, petit escroc, qui se rend à l’enterrement de son ex. On lui présente la jeune Addie, qui est sans doute sa fille. On lui confie la gamine et 200 dollars, pour convoyer l’orpheline chez sa tante, qui habite le Kansas. 200 dollars ? Ouh la… Moses Pray va vouloir lâcher Addie à la gare la plus proche, et garder le fric ! Mais la gamine est rusée, et ne l’entend pas ainsi…
La trame est classique, mais le charme agit de suite. Moses cherche à se débarrasser d’Addie, mais la petite teigne tient tête, et finalement, chacun apprivoisera l’autre. Entre temps, ils vont vivre quelques aventures, et escroquer des veuves éplorées en leur vendant des bibles soi-disant collector ! Addie estimant que Moses lui a volé ses 200 dollars, exige d’être remboursée. Elle va l’aider à mettre au point des astuces qui leur feront gagner beaucoup plus !
En route, ils vont embarquer
Trixie, une stripteaseuse, et son assistante, une jeune ado. Le ménage à quatre
déplait à Addie, qui fera ce qu’il faut… Moses et Addie vont tenter le grand
coup avec des trafiquants d’alcool (on en en pleine prohibition), qui ne
tournera pas à leur avantage. Je vous laisse découvrir la fin des péripéties,
car tout a une fin, dommage, on en redemandait. 
LA BARBE A PAPA est un film
tout simplement épatant, qui s’affranchit de toute leçon de morale. Si le fond
est dramatique (pauvreté, dépression, corruption, solitude) la forme privilégie
le rythme, le récit picaresque, les aventures, les combines. Tout s'enchaine rapidement, l'humour est omniprésent, esthétiquement, le film est très plaisant à regarder. Du bel ouvrage. Le film vaut aussi
pour son duo d’acteur, Ryan O’Neal, donc, qui joue ici avec sa propre fille Tatum O’Neal,
âgée de 9 ans. Elle empochera l’oscar du second rôle. Elle est
incroyable en petite peste qui a déjà avoir tout compris du monde et des hommes ! Un mot sur Ryan O’Neal, belle gueule, à la Redford, star de la télé avec le feuilleton PEYTON PLACE (je vous parle d’un temps, que les moins de… 60 ans), qui explose dans le larmoyant LOVE STORY, trône au box-office avec les comédies de Bogdanovich, avant de se retrouver emperruqué, odieux, arriviste et lâche dans BARRY LYNDON, rôle qui lui colle à la peau.
LA BARBE A PAPA peut faire penser à HONKY TONK MAN de Clint Eastwood (duo d'acteur père/fils là aussi) mais qui prenait en tournant plus dramatique, voire à L’ARNAQUE de George Roy Hill. La dernière scène très chaplinesque est magnifique, avec le vieux camion et l’immense perspective qui s’ouvre devant ces héros malmenés par la vie. A deux, on se sent moins seul…
A noter la présence dans un second rôle de John Hillerman, le futur Higgins de la série MAGNUM. Trixie est jouée par Madeline Kahn, complice de presque tous les Mel Brooks. LA BARBE A PAPA fait un tabac, Ryan et Tatum O’Neal seront réengagés pour NICKELODEON du même Bogdanovich en 1976.
PAPER MOON
N&B - 1h40 - format 1:1.85
Une bande annonce / making off
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