La
pochette est trompeuse : de prime abord, avec cette sobriété,
le patronyme du groupe à peine discernable et ce visage émergeant
de l’ombre, on s’attend plutôt à une ambiance jazzy, voire
fusion.
Or, sans préliminaires, sans avertissements, Jordan Patterson et ses acolytes nous plongent sans ménagement la tête dans un bain ardent de Heavy-blues. Si aujourd'hui, la musique délivrée peut être considérée comme du Blues-rock, il y a quelques décennies encore, on aurait sans trop d'hésitation rangé ce disque au milieu de ceux qui ont fondé le Hard-Rock. Notamment sur tous ceux qui se sont largement appuyé sur le Blues - et/ou en pillant - pour édifier leur musique.
Les puristes, du moins ceux pour qui le Blues a fini sa croissance dans les années 60, ceux pour qui la distorsion est une hérésie, devraient honnir un tel disque.
Donc, dès « Favorite Boy », on est immergé dans un robuste Blues-rock, relativement rugueux et bien maîtrisé. Et si le morceau suivant débute timidement sur un slow-blues, il évolue crescendo vers une explosion de Soul torride avec des chœurs Gospel enrobés d’orgue à l’avenant, et de soli incandescents.
Même lorsqu'ils taquinent à l'occasion le Funk, la sonorité demeure attachée à ce Heavy-Blues.
Bien des fois, on a la sensation d’un Blues-rock classieux, assuré par une bande de musiciens dégotés dans un groupe de Southern-rock actuel.
Analogie identique avec le slow-blues "If You'd Help Me Please", construit sur une base classique plutôt inspirée du travail d'un Muddy Waters, est copieusement alourdi par des guitares grassouillettes, chevrotant à travers une saturation vintage (entre une grosse Fuzz et une disto, entre une big Muff et une DS-1). Le slow-blues pour bourrin, jam improbable entre ZZ-Top, Steve Hill, Johnny Winter et James Cotton.
C'est probablement pour tempérer que suit "Do You Believe" qui doit probablement être le titre le plus "light" du CD. Il sonnerait presque comme une pièce d'Earl King ou de Snooks Eaglin, voir du Dr John, si ... il n'y avait pas cette production relativement massive, franchement ancré dans le Rock un rien graisseux.
Tandis que « Living Without You Love » et « Play my Song – Revisited » remportent la palme d’un Funk-rock croustillant nourri de wah-wah et de brûlantes overdrive (avec quelques similitudes avec Stevie Salas sur « Play my Song » dues notamment à ces sons psychés et funky de E.T. espiègle et bondissant - auto-wah couplé à un Drop de Digitech ou autre Shifter -). « Living Without You Love » résonne même comme une pièce de Lenny Kravitz dans ce qu'il a pu faire de plus franchement Rock.
Or, sans préliminaires, sans avertissements, Jordan Patterson et ses acolytes nous plongent sans ménagement la tête dans un bain ardent de Heavy-blues. Si aujourd'hui, la musique délivrée peut être considérée comme du Blues-rock, il y a quelques décennies encore, on aurait sans trop d'hésitation rangé ce disque au milieu de ceux qui ont fondé le Hard-Rock. Notamment sur tous ceux qui se sont largement appuyé sur le Blues - et/ou en pillant - pour édifier leur musique.
Les puristes, du moins ceux pour qui le Blues a fini sa croissance dans les années 60, ceux pour qui la distorsion est une hérésie, devraient honnir un tel disque.
Darryl Romphf guitares, bg vocals, production, mixage |
Donc, dès « Favorite Boy », on est immergé dans un robuste Blues-rock, relativement rugueux et bien maîtrisé. Et si le morceau suivant débute timidement sur un slow-blues, il évolue crescendo vers une explosion de Soul torride avec des chœurs Gospel enrobés d’orgue à l’avenant, et de soli incandescents.
Même lorsqu'ils taquinent à l'occasion le Funk, la sonorité demeure attachée à ce Heavy-Blues.
Bien des fois, on a la sensation d’un Blues-rock classieux, assuré par une bande de musiciens dégotés dans un groupe de Southern-rock actuel.
Analogie identique avec le slow-blues "If You'd Help Me Please", construit sur une base classique plutôt inspirée du travail d'un Muddy Waters, est copieusement alourdi par des guitares grassouillettes, chevrotant à travers une saturation vintage (entre une grosse Fuzz et une disto, entre une big Muff et une DS-1). Le slow-blues pour bourrin, jam improbable entre ZZ-Top, Steve Hill, Johnny Winter et James Cotton.
C'est probablement pour tempérer que suit "Do You Believe" qui doit probablement être le titre le plus "light" du CD. Il sonnerait presque comme une pièce d'Earl King ou de Snooks Eaglin, voir du Dr John, si ... il n'y avait pas cette production relativement massive, franchement ancré dans le Rock un rien graisseux.
Tandis que « Living Without You Love » et « Play my Song – Revisited » remportent la palme d’un Funk-rock croustillant nourri de wah-wah et de brûlantes overdrive (avec quelques similitudes avec Stevie Salas sur « Play my Song » dues notamment à ces sons psychés et funky de E.T. espiègle et bondissant - auto-wah couplé à un Drop de Digitech ou autre Shifter -). « Living Without You Love » résonne même comme une pièce de Lenny Kravitz dans ce qu'il a pu faire de plus franchement Rock.
Bobby Thompson |
Majoritairement du bon
gros Heavy-blues, bien Rock, puissant mais bridé, et surtout exempt
de tout excès de gras. En d’autres termes, exempt de soli
incessants et de tout épanchement démonstratif. Rien de superflu.
C’est riche, consistant, sans jamais casser le rythme avec du verbiage. Les deux guitaristes préfèrent se renvoyer la balle plutôt que de jouer à faire le paon. Des pistoleros sachant avec nonchalance faire parler la poudre. Comme si c'était inné. Un binôme s'épanouissant dans des sonorités bas-medium hi-fi, proches d'un son franchisé Gibson (plutôt micros P90, et guitares SG, Melody Maker, Explorer, ES335 et, suivant la photo présentée ci-dessus de Darryl, un modèle particulier de Firebird).
Ce qui est aussi plaisant, c'est que si les guitaristes ont visiblement un pedal-board fourni, ils ne s'en servent qu'à bon escient et avec parcimonie. Ça ne croule jamais sous un abus quelconque. Juste un outil pour générer quelques colorations opportunes et généralement succinctes. Parfois, seulement pour se démarquer l'un de l'autre. - Cette univibe travaillée à la fuzz sur "Heartbreaker" est, à mon sens, une intense source de plaisir -
D'ailleurs, le rôle du duo de guitares est si prédominent, bien plus que l'harmonica, que l'on peut s'étonner que les noms des guitaristes n'apparaissent pas dans les crédits. Y-compris donc celui de Darryl Romphf qui pourtant est responsable de la production et du mixage de ce "The Back in Track Recording Project".
Ce qui est aussi plaisant, c'est que si les guitaristes ont visiblement un pedal-board fourni, ils ne s'en servent qu'à bon escient et avec parcimonie. Ça ne croule jamais sous un abus quelconque. Juste un outil pour générer quelques colorations opportunes et généralement succinctes. Parfois, seulement pour se démarquer l'un de l'autre. - Cette univibe travaillée à la fuzz sur "Heartbreaker" est, à mon sens, une intense source de plaisir -
D'ailleurs, le rôle du duo de guitares est si prédominent, bien plus que l'harmonica, que l'on peut s'étonner que les noms des guitaristes n'apparaissent pas dans les crédits. Y-compris donc celui de Darryl Romphf qui pourtant est responsable de la production et du mixage de ce "The Back in Track Recording Project".
Jordan
Patterson
a l’intelligence de contenir son ego afin de laisser s’exprimer
ses musiciens et de laisser respirer la musique. Ainsi, son harmonica
n’intervient qu’à bon escient et s’abstient de tout babillage.
Même au chant, Jordan sait s’effacer pour ne pas empiéter sur la
cohésion générale du morceau. D'ailleurs, contrairement à une majorité d'harmonicistes qui mènent une carrière sous leur propre nom, le "ruine-babines" n'est pas omniprésent. Certes toujours présent (pratiquement), cependant il préfère souvent se fondre dans le décor pour laisser le champ libre à cette paire de "luke-la-main-froide" de la guitare qui ne manque jamais sa cible. Deux musiciens ayant déjà une belle expérience musicale.
Au final, ce jeu imbriqué des deux guitares a autant d'importance que le chant et l'harmonica cumulés de Patterson. C'est une sage stratégie car si sa voix est assez expressive, elle n'a pas la puissance de celle d'un Blues shouter. Singulière, solide, expressive, immédiatement identifiable, elle paraît néanmoins s'appliquer à ne pas s'approcher d'une ligne de démarquage, de ne jamais exciter les sensibles aiguilles des vu-mètres. Malgré tout son cursus professionnel, c'est comme s'il gardait en lui une part de timidité qui l'empêchait d'être totalement expansif. Par contre, au niveau harmonica, il ne semble craindre personne. (à l'exception de J.J. Milteau ?)
Au final, ce jeu imbriqué des deux guitares a autant d'importance que le chant et l'harmonica cumulés de Patterson. C'est une sage stratégie car si sa voix est assez expressive, elle n'a pas la puissance de celle d'un Blues shouter. Singulière, solide, expressive, immédiatement identifiable, elle paraît néanmoins s'appliquer à ne pas s'approcher d'une ligne de démarquage, de ne jamais exciter les sensibles aiguilles des vu-mètres. Malgré tout son cursus professionnel, c'est comme s'il gardait en lui une part de timidité qui l'empêchait d'être totalement expansif. Par contre, au niveau harmonica, il ne semble craindre personne. (à l'exception de J.J. Milteau ?)
Pour en revenir rapidement aux guitaristes, on ne s'étonnera pas qu'ils ne sont pas nés de la dernière pluie, tous deux ayant déjà une belle expérience professionnelle. Si Darryl Romphf est plus connu pour son travail de producteur et de compositeur, le collègue Bobby Thompson a quatre disques solo à son actif (dont un live et un Ep).
Mais finalement, c’est quoi ce John Patterson Band ?
C’est le projet d’un musicien Canadien, harmoniciste, chanteur et compositeur. Passionné et inspiré par Paul Butterfield, James Cotton et Mark Wenner (des Nighthawks), il embrasse une carrière musicale vers ses vingt ans. Avec son groupe, D.C. Hurricane, il acquiert une réputation suffisamment bonne pour gagner sa place dans des festivals à forte audience (y compris en Europe).
Après avoir pourtant réalisé un premier disque, sous son nom, salué par la critique en 1996 (« Give Me a Chance »), il choisit de diluer son talent en préférant louer ses services plutôt que de persévérer à jouer sa propre musique. Au bout de trois années, il arrête tout pour se tourner vers la promotion de concerts (dont ceux de Britney Spears – sic -), et cumuler les mandats, les emplois en endossant le rôle de directeur et de représentant de production pour les House of Blues Concert Canada.
Jusqu’au jour où il décide (enfin !) de composer à nouveau pour lui-même. Peut-être poussé par la remarque d'un de ses amis, qui lui avait dit qu'il faudrait bien qu'un jour il prouve que son premier disque n'était pas seulement un coup de chance. Un premier Ep de quatre titres sort en 2014 et fait l’unanimité (repris ici intégralement avec l'attribut "Revisited" pour les morceaux concernés), réussissant l'exploit d'être même diffusé sur quelques radios US.
Et finalement, en février 2016, son second disque (long-player) voit le jour. En écoutant ce surprenant- et fort bon - disque à l’indubitable qualité, on se demande si toutes ces années de mercenariat n’ont pas été du gâchis ; à moins que cela lui ait permis de se former, de s’affûter, d'affiner sa musique. C'est fort probable car ici, tous les titres sont bons. Très bons même. Ils sont aboutis.
On retrouve aussi sur trois chansons, le vieux partenaire Shawn Kellerman, qui écume les clubs Canadiens depuis des années, et qui a joué pour Bobby Parker, Lucky Peterson (dont pour les disques "Live at the 55 Arts Club Berlin" et "The Son of the Bluesman") et Tamara Peterson.
Mais finalement, c’est quoi ce John Patterson Band ?
C’est le projet d’un musicien Canadien, harmoniciste, chanteur et compositeur. Passionné et inspiré par Paul Butterfield, James Cotton et Mark Wenner (des Nighthawks), il embrasse une carrière musicale vers ses vingt ans. Avec son groupe, D.C. Hurricane, il acquiert une réputation suffisamment bonne pour gagner sa place dans des festivals à forte audience (y compris en Europe).
Après avoir pourtant réalisé un premier disque, sous son nom, salué par la critique en 1996 (« Give Me a Chance »), il choisit de diluer son talent en préférant louer ses services plutôt que de persévérer à jouer sa propre musique. Au bout de trois années, il arrête tout pour se tourner vers la promotion de concerts (dont ceux de Britney Spears – sic -), et cumuler les mandats, les emplois en endossant le rôle de directeur et de représentant de production pour les House of Blues Concert Canada.
Jusqu’au jour où il décide (enfin !) de composer à nouveau pour lui-même. Peut-être poussé par la remarque d'un de ses amis, qui lui avait dit qu'il faudrait bien qu'un jour il prouve que son premier disque n'était pas seulement un coup de chance. Un premier Ep de quatre titres sort en 2014 et fait l’unanimité (repris ici intégralement avec l'attribut "Revisited" pour les morceaux concernés), réussissant l'exploit d'être même diffusé sur quelques radios US.
Et finalement, en février 2016, son second disque (long-player) voit le jour. En écoutant ce surprenant- et fort bon - disque à l’indubitable qualité, on se demande si toutes ces années de mercenariat n’ont pas été du gâchis ; à moins que cela lui ait permis de se former, de s’affûter, d'affiner sa musique. C'est fort probable car ici, tous les titres sont bons. Très bons même. Ils sont aboutis.
Quoi
qu’il en soit, c’est une franche réussite, et ce disque aurait
dû logiquement être parmi les nominés du Juno
2017 (il était pourtant pressenti). D'autant plus qu'à la place, il n'y a pas un mais carrément deux (!) disques de reprises ("Blue Highways" de Colin James et "The Northen South Vol. 1" de Whitehorse). A croire que le jury de la catégorie Blues de cette année ne possède pas une large culture en la matière. Peut-être pensent-ils qu'il s'agit d'originaux ? Bon okay, The Withehorse a apporté une lecture personnelle assez intéressante, même s'il n'y a pas de quoi s'accrocher au plafond. Mais le couple ne s'est vraiment pas foulé en choisissant uniquement des standards éculés ; ne se contentant que de 6 reprises (l'effort devait être trop intense pour aller au-delà).
Jordan Patterson, lui, faire preuve d'un indéniable talent de compositeur. Ce n'est tout de même pas tous les jours qu'un disque de Blues-rock ne fait pas penser irrémédiablement à untel ; ou qui ne fait pas appel à des reprises (surtout en ce moment) pour remplir.
Du bon Blues-Rock Canadien propre aux meilleurs de ce vaste territoire (Colin James et David Gogo en tête). Un
disque d’une grande classe et qui a du cœur. A mon sens, c'est un des meilleurs albums de Blues-rock de l'année précédente. Et cela fait déjà quelques mois qu'il tourne régulièrement.Jordan Patterson, lui, faire preuve d'un indéniable talent de compositeur. Ce n'est tout de même pas tous les jours qu'un disque de Blues-rock ne fait pas penser irrémédiablement à untel ; ou qui ne fait pas appel à des reprises (surtout en ce moment) pour remplir.
- Favourite Boy - 4:08
- Can We Fall in Love Again - 5:38
- She's Cool - 4:53
- You're my Girl - 4:04
- Living Without Your Love - 3:36
- Play my Song (Revisited) - 3:35
- If You'd Help me Please (Revisited) - 5:48
- Do You Believe - 3:14
- Heartbreaker (Revisited) - 5:40
- Don't Take Me Down (Revisited) - 3:52
L'album est dédicacé à Bobby Parker, décédé le 31 octobre 2013 à 76 ans, considéré par Patterson comme un des ses mentors (son influence semble évidente sur certaines compositions). Dans le studio traînaient d'ailleurs deux de ses guitares. Une Fender Stratocaster crème et sa Dean Flying V dont il avait fait découper les pointes (corps et tête).
P.S. : Ce disque a été en partie financé par le gouvernement Canadien ??? On finance quoi en France ? Outre des emplois fictifs pour les proches. Des lois anti-sociales ? Des ouvertures aux trusts, aux consortiums américains ? Des colloques à Las Vegas ? Des parties fines ? Des voitures avec chauffeurs ad vitam aeternam ? Des simulacres d'élections ? Déjà lorsque l'on voit ceux qui sont désignés comme Chevaliers des Arts et des Lettres. Ils n'ont même plus mal au cul. Embaumeurs ! Abatteurs de quilles ! Boucanières ! Bande de salopes !
Les premières moutures des chansons (à l'époque du Ep ?)
🎶
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Tu t'es un peu énervé vers la fin, non? Allez, encore une grosse quinzaine et ce sera fini. Du moins pour cette fois. Pas vraiment enthousiasmant, le groupe....
RépondreSupprimerEn revanche, pour Born Healer, le CD ne quitte plus la platine. Merci pour la découverte.
Oui ... effectivement ... j'me suis lâché ... je dois être un éternel naïf qui attend de la probité de la part des "élus" d'état. Alors qu'aujourd'hui, on essaye de normaliser les débordements. Mais chuuutt ... j'crois que j'suis sur écoute. Et que l'on essaye de pirater mes commentaires. Tout récemment, j'ai effacé un brouillon d'article élogieux sur le Maé signé de mon nom.
Supprimer"Pas vraiment enthousiasmant, le groupe...." : de quel groupe s'agit-il ? Des 5 têtes de listes ? Ou du Jordan Patterson Band ? S'il s'agit de ce dernier, le seul reproche que l'on pourrait lui faire, c'est d'être peut-être trop sous contrôle.
Et merci pour Born Healer. C'est toujours une satisfaction de faire découvrir et partager.
du calme Bruno, du calme, double la dose de tes pillules , les bleues
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