Coté textes, c'est Cédric qui se taille la part du lion avec 7 compos, 2 pour Christèle Venet, la compagne de Christian, celui ci signe toutes les musiques, enfin l'écrivain Jack Chaboud leur a offert un titre, le très beau "Sud profond".
C'est quoi cette grosse guitare qui ouvre les hostilités? Mince je me suis trompé de cd ou quoi, Status Quo? Dr Feelgood? Ganafoul? Presque puisque c'est Jack Bon qui place les premières notes de "Rock in Burdeau Street" qui rend un bel hommage aux "héros" lyonnais , notamment Hubert Mounier ,Ganafoul ou Starshooter dans ce boogie blues rock torride à la Georges Thorogood où le sax ne laisse pas sa part aux chiens.
"Le bel age" avec Frédéric Pellerin aux guitares et percus est un bon titre au riff un peu stonien sur les bords et une belle parabole sur la vie qui passe, drôle et nostalgique, plein d'allant et de "vibes" positives, la "chic attitude" quoi!
Autre haut lieu lyonnais honoré le "James café" avec cette fois Neal Black et sa guitare bien bluesy sur ce blues rock festif encore enjolivé par le sax, simplement irrésistible.
On continue la fiesta jusqu’au bout de la nuit avec "Des américains à Paris" de Christèle Venet qui fait revivre la "génération perdue", ces artistes américains, jazzmen, peintres ou écrivains, installés dans le Paris de l'entre deux guerres; Ernest Hemingway et Scott Fitzgerald en tête, ça swingue sévère!
Place au rock'n'roll avec "Pile ou face" et un Fred Chapellier en verve à la guitare puis un morceau qui m'a un peu surpris à la première écoute avant que j'aie la révélation, c'est "Sud profond" hymne au "Deep South" avec la voix incroyable d'Ahmed Mouici (ex Pow Wow), dans un formidable morceau aux sources de la soul et du gospel. Retour à du classic rock à la frenchy (Eddy Mitchell, Dutronc, Téléphone..) -parfois teinté de Rythm'n' blues/soul - avec "Donne moi une chance" "l'eveil", et "Mon voisin d'à coté", avec des apparitions à la guitare de Philippe Crova et Frédéric Lutz, qui ont souvent déjà joué avec les Chics. Et pour finir un titre étonnant "Free at last" un bel hommage à Martin Luther King dont il raconte les derniers instants. D'ailleurs moi aussi "I have a dream" en cette période électorale: que les racistes et xénophobes de tous poils soient renvoyés à leurs chères études qu'ils n'ont pas faites...
Avec "Magnéto" j'ai l'impression que nos Chics types ont changé de dimension; je disais d'eux dans ma chronique de 2011 (Hey! ma BO) en les découvrant que c'était un petit groupe sympa "comme si ces gars étaient dans votre salon pour une soirée entre potes devant des cahouètes et des bières"; attention quand je dis qu'ils ont changé je ne veux pas dire qu'ils ne sont plus sympas mais qu'on a affaire à un collectif plus mature qui se crée son propre univers musical avec une vraie patte dans les textes et que de l’arrière salle de "chez Mimile" ils pourraient bientôt évoluer devant des chambrées bien plus consistantes et voir affluer les groupies, les" Chickettes".... c'est tout le mal que je leur souhaite...
Rockin-JL
cerise sur le gâteau, les Chic types sont avec nous! l'occasion de revenir sur l’enregistrement de cet album, les titres, les rencontres :
Rockin' - Salut les Chics ! On s'est vu en 2012 pour Alabama Blues, il y a eu aussi entre temps un album live en 2014, alors que s'est-il passé pour vous durant ces 4 ans ? Bien occupés je suppose ?
les Chics Types - Oui, nous avons consacré ces dernières années aux concerts, à mettre au point notre nouvelle formule à 5 musiciens et à concevoir notre nouvel album « Magnéto ». C’est un album de compositions personnelles, donc nous avons vraiment pris le temps d’écrire et de composer de nouvelles chansons parmi lesquelles 10 ont été sélectionnées pour le disque. Nous voulions prendre tout le temps nécessaire pour réaliser l’album dont nous rêvions.
Jean Yves, Jack Bon, Eric, Christian, Cedric, manque Pierre (voir plus loin) |
- Le trio originel s'est étoffé puisque vous êtes maintenant 5 membres, pouvez-vous nous présenter les nouveaux et comment cela s'est-il fait ?
Eric au saxophone joue avec nous depuis l’album « Alabama Blues » en 2012 où il avait fait quelques apparitions. Il est désormais pleinement investi dans le groupe et apporte une couleur « soul » dont nous ne pourrions plus nous passer. Pendant l’enregistrement de « Magnéto », nous avons accueilli un nouveau pianiste, Pierre dit « Oncle Pete ». C’est le pianiste du groupe lyonnais les Mannish Boys et il fait aujourd’hui pleinement partie des Chics Types.
- Venons-en à ce nouvel album ; pourquoi ce titre "Magnéto" ? Et parlez-nous un peu de cette belle illustration de couverture.
Magnéto, c’est d’abord le nom du studio dans lequel nous avons enregistré le disque. Nous voulions rendre hommage à cet endroit dont le maître des lieux est le musicien québécois Frédéric Pellerin, alias They Call Me Rico. Mais Magnéto, c’est aussi un nom qui peut évoquer une certaine forme de nostalgie, dont les paroles des chansons sont parfois empreintes.
Quant à l’illustration, nous avons comme toujours donné carte blanche à un artiste. Cette fois-ci c’est Olivier Bonhomme, un passionné de musique qui signe régulièrement des illustrations magnifiques dans le journal Le Monde. Il a également réalisé un projet de jeu interactif avec ARTE, Californium, qui a été couvert de prix. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec lui !
They call me Rico |
- Je trouve le son plus rock que précédemment, plus brut, tout en étant savamment jazzy et/ou bluesy par moments, faut-il y voir la patte de Frédéric Pellerin qui produit l'album ou plus simplement une évolution ?
Oui certainement ! L’album n’aurait pas eu le même son sans son investissement. Au départ, nous voulions enregistrer un EP dans son studio sans forcément qu’il soit présent lui en personne. Il nous a proposé d’assister aux enregistrements puis s’est complétement investi dans le projet au point d’en devenir le directeur artistique ! Nous avons beaucoup travaillé sur notre son grâce à lui car c’est vraiment sa marque de fabrique. Et on est finalement ressorti du studio avec un album de 10 titres et une couleur assez différente de ce que nous faisions jusqu’alors.
- Mais venons-en à cet album et sur quelques-uns des titres en particulier, ce sera aussi l'occasion de parler des différents invités :
Commençons par "Rock in Burdeau street", présentez-nous cette fameuse rue Burdeau pour ceux qui ne connaissent pas Lyon. Vous y rendez hommage aux artistes lyonnais, auteurs de BD ou rockers de Starshooter à Ganafoul, d'ailleurs Jack Bon est là en guest avec sa guitare, comme un passage de relais ; un sacré moment d'émotion je suppose ?
Jack Bon a été le premier guest que nous avons invité sur le disque. Quand on fait une chanson en hommage au rock lyonnais forcément on pense à lui. C’est un ami avec qui nous avions déjà eu le plaisir de jouer par le passé. De l’avoir en studio avec nous était en effet un rêve éveillé ! La rue Burdeau évoque beaucoup de choses pour les lyonnais, c’était d’ailleurs la rue où habitait Jack. Pour nous c’était aussi la rue où nous jouions très souvent à nos débuts, dans un lieu qui s’appelait « Aux Trois Gaules » dont il est question au début de la chanson.
- "le bel âge" J'aime beaucoup le côté boogie et les cuivres et ce beau texte sur le temps qui passe vite ; le bel âge finalement n'est-il pas le moment présent ? ( bac de philo, vous avez 3 heures...)
On s’est beaucoup amusés sur cette chanson dont les paroles sont assez humoristiques. C’est d’ailleurs ce titre que nous avons choisi pour le tournage de notre 1er clip ! Dans la chanson on s’amuse du temps qui passe et des « passages obligés » à différentes étapes de la vie et auxquels il est parfois difficile d’échapper …
- "Au James Café" avec Neal Black à la guitare, un café/concert que vous fréquentiez ? il a fermé ?
Le James Café est un endroit mythique pour tous les amoureux de la musique à Lyon. C’était un lieu hors du temps, perdu dans une zone commerciale, mais il suffisait de franchir le palier pour se sentir propulsé au cœur de Beale Street (rires). C’était un lieu à taille humaine dont la réputation lui permettait d’avoir des artistes hors du commun. Nous y avons notamment rencontré Neal Black ou Fred Chapellier que nous avons eu plaisir à réunir sur ce titre. Le lieu a fermé car il appartenait à un grand propriétaire qui a voulu faire un coup financier qui a finalement capoté…
Ahmed Mouici |
- "Sud profond" entre nous voilà sans doute mon titre favori que cette plongée dans le "Deep south", pouvez-vous nous parler de son auteur Jack Chaboud et de Ahmed Mouici, l'ex Pow Wow qui vient apporter son chant avec une touche de gospel, comment s'est fait cette nouvelle rencontre ?
Jack Chaboud est un ami auteur de romans. C’est grâce à lui que nous avions rencontré Maryvonne Rippert avec qui nous avons fait le projet Alabama Blues. Jack nous suit depuis longtemps et s’amuse à nous intégrer dans chacun de ses ouvrages dans lesquels on fait une petite apparition. Il nous a offert ce texte qu’on a eu beaucoup de plaisir à mettre en musique. L’ambiance très New-Orleans / gospel nous a immédiatement donné l’idée d’inviter Ahmed que Cédric avait reçu quelques mois auparavant dans son émission de radio « Le Blues Café Live ». Nous avons fait une session de studio inoubliable avec lui. Il sublime complétement la chanson…
- "Free at last" sur les derniers instants de Martin Luther King assassiné à Memphis (1968), comment cette (belle) idée vous est venue ?
L’idée de « Free at Last » est venue après la lecture d’une biographie de Alain Foix. Il montrait à la fois le côté héroïque du personnage mais aussi son côté sombre, fragile d’un homme dépassé par la légende qu’il avait lui-même créée … « Free at Last » est l’épitaphe que Martin Luther King a souhaité faire graver sur sa pierre tombale. Ça fait froid dans le dos d’imaginer que cet homme savait qu’il ne se sentirait libre qu’après sa mort …
- Entre « Les américains à Paris », le Sud Profond et Martin Luther King, c'est presque un mini album concept sur le black power et la black music, les racines de la musique que nous aimons ?!
Oui, c’est un pont entre notre culture de groupe de rock français et la culture américaine qu’on apprécie beaucoup, tant dans la musique que le cinéma ou la littérature. C’est aussi ça la patte « chics types » que d’essayer de croiser ces deux mondes …
Pierre Nony |
- Avec tout ça nous n'avons pas évoqué les autres invités, Philippe Crova, Frédéric Lutz (qui ont tout deux déjà joué avec vous), Fred Chapellier et bien sûr Frédéric Pellerin qui en plus de la prod prend parfois guitare, lap steel, orgue ou percus; une belle aventure collective que cet enregistrement?
Cet enregistrement a été d’abord une formidable aventure humaine avec Rico mais aussi toute son équipe. Il s’est complètement réapproprié nos chansons et a proposé beaucoup d’arrangements incroyables.
Philippe Crova et Frédéric Lutz sont des amis qui jouent souvent avec nous et il nous semblait naturel qu’ils fassent partie de cette aventure. Frédéric sera à nos côtés sur certains de nos prochains concerts et nous en sommes très heureux ! Quant à Phil, il nous a offert un magnifique solo à la fin de « L’éveil », un titre où nous avons aussi expérimenté une programmation de violons …
Fred Chapellier est le dernier guest que nous avons sollicité. Nous avions ce titre « Pile et Face » très rock’n’roll sur lequel nous avions envie d’une guitare. Son nom s’est assez vite imposé. C’est à la fois un somptueux musicien solo, mais c’est aussi le guitariste de Dutronc dont notre univers n’est pas si éloigné. Il a beaucoup aimé la chanson et a immédiatement accepté la proposition !
- Vous m'aviez parlé il y a quelques temps d'une opération de "crowdfunding" pour financer un clip (lien), où en êtes-vous ?
A l’ère des réseaux sociaux et de Youtube, ça fait longtemps qu’on rêvait d’avoir un vrai clip, d’autant que c’est un univers qui nous fascine. Et pour le financer nous avons tenté l’expérience du crowdfunding. Le succès a été immédiat, notre objectif a été dépassé en seulement 7 jours au lieu des 40 jours prévus ! Ceci va nous permettre également de financer une édition collector du disque en vinyle.
- Je tenais à vous remercier pour la dédicace qui m'est adressé dans les notes du CD, c'est vrai que les Chics types et le Deblocnot ont presque le même (bel) âge et que vous faites partie de ces groupes que nous suivons avec plaisir depuis le début de l’aventure ; alors bon vent à "Magnéto" et au plaisir de se retrouver bientôt !
Merci à toi et longue vie au Deblocnot !
leur site pour plus d'infos et quelques extraits: chicstypes.fr
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