La vie de cette chanteuse semble sortie d'un scénario d'Hollywood,
avec ses joies, ses drames, une descente aux enfers puis un happy
end. Née à Detroit elle grandit dans la Motor City, ou du moins les
ruines de cette ville en faillite, elle y étudie le piano classique
et jazz ainsi que le chant et se produit sur scène dès l'age de 9
ans. Précoce en tout elle donne également naissance à son premier
enfant à 17 ans avant la prendre la direction de Jackson dans le
Mississippi où elle étudie tout en se produisant dans les clubs
locaux où elle a l'occasion de chanter avec quelques légendes comme
Bobbie Blue Bland ou Denise Lasalle. En 2004 elle est mère pour la
seconde fois mais l'enfant décède en bas age et elle rentre à
Détroit et trouve réconfort dans la musique, elle chante pendant 2
ans dans un club puis prend la direction de New York en 2008. Elle
survit de petits boulots, des piges comme choriste aussi mais ça ne
suffit pas et elle se retrouve obligée de chanter dans les rues et
métros et séjourne même quelques temps dans un refuge pour sans
abris. Mais la roue va tourner, aidée par sa famille et ses amis
elle retourne dans le Mississippi où elle est repérée par un des
principaux acteurs du blues local, Grady Champion, qui l'engage comme
choriste avant de la signer sur son nouveau label DecChamp Records et
l'album "Tell you what I know" sort début 2014 et
rencontre un beau succès, donnant lieu a de flatteuses
comparaisons: Etta James, Tina Turner, rien que ça…
2 ans ont passé et voici "Raw sugar", produit par Grady,
Eddie Cotton JR et J.J. elle même, les 2 derniers co-signant textes
et musiques, 13 compos et aucune reprise. Coté musiciens on retrouve
Eddie Cotton Jr aux guitares, Darry Sanford aux claviers, John
Blackmon aux drums, Anthony Daniels à la basse, et une section de
cuivres (Kimble Funchess -trompette, Jessie Primer III -saxo, Robert
Lamkin- trombone).
On commence avec un beau et pur gospel "Oh Lord", voix
puissante et passionnée pour invoquer son Dieu, une voix sincère
qui transpire de vécu et d'épreuves endurées; avec 2 invités au
chœurs et respectivement à la mandoline et guitare : : Ben Hunter
et Joe Seamons.
Place à des choses plus festives avec 2 Rhythm'n'Blues enlevés
"Hattie Pearl" et "I'm leavin" sur lesquels piano,
cuivres et guitare sont bien présentes. Après ce début en fanfare
le soufflé retombe un peu avec 3 titres ballades/soul/pop taillés
pour les FM. Avec mention à "Leftlovers" qui pourrait servir de B.O. à
la croisière s'amuse... Plus intéressant est "Bad man" qui
a un petit parfum Stax et orné de la belle guitare de Eddie Cotton
Jr, c'est d'ailleurs dans ce registre de soul qui balance, avec une
pincée de funk que J.J. et son orchestre sont les plus convaincants,
la preuve avec l'excellentissime "Don't stop my shine" avec
un formidable Cotton qui sonne à la Albert King et sa guitare Lucy,
ou encore les sautillants "I wanna fall in love", "I
don't feel nothing", ou le morceau titre "Raw sugar".
Si 3 ou 4 plages font un peu baisser la note, globalement c'est du
très bon, les musiques et les instrumentistes sont brillants et
notre J.J. est une sacrée chanteuse pleine de feeling et avec du
coffre. Après un début de parcours chaotique elle pourrait prendre
une belle revanche et s'inscrire dans la lignée d'une autre Big Mama
(Thornton), de Koko (Taylor), Etta (James) ou autres grandes dames du
blues; l'avenir nous le dira..
ROCKIN-JL
ROCKIN-JL
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