JOAN JETT "I LOVE ROCK 'N ROLL" (1981) - par Pat Slade

Joan Jett : itinéraire d’une Bad Girl

Le nombre de femmes dans le rock'n roll est important, mais dans le registre «Je joue fort et j’aime ça !» ça ne ce bouscule pas trop. Combien de femmes se sont armées d’une guitare et ont essayé de tenir la dragée haute dans le domaine des gratteux macho qu’est le rock ? Jennifer Batten, Lita Ford, Poison Ivy, Kelly Johnson (Girlschool) ou Wendy Melvoin (Prince) ont réussi dans les années 80 à tirer leurs épingles du jeu. Il faudra attendre la génération suivante pour voir surgir des guitar-héroïne (Le féminin de guitar-héro c’est comment ?) comme Orianthi Panagaris, Nita Strauss ou Ana Popovic.

The Runaways

Pourtant, à la moitié des années 70, alors que le glam rock commençait à s’essouffler, des groupes surgissaient avec un son plus hard à la limite du punk rock à l’exemple des Ramones, et des groupes féminin allaient s’engouffrer dans la faille. Le plus incontournable sera les Runaways avec Lita Ford et Joan Jett, 4 années d’existence, 4 albums, un live, un hit «Cherry Bomb» et un film représentant leur parcours en 2010 (chronique ici).

Après le split des Runaways, les deux guitaristes Ford et Jett partiront pour des carrières solos.

Après un premier album solo en 1980 sobrement intitulé «Joan Jett» (puis par la suite «Bad Reputation»), le Rolling Stone Magasine le classe parmi les 50 plus grands albums dans la catégorie «Women Who Rock». L’année suivante sortira l’album qui va mettre le feu aux poudres «I Love Rock ‘N' Roll» et déjà je vais émettre un point négatif : la pochette est très laide, un fond bleu ciel avec Joan Jett en premier plan attifé d’une veste couleur fuchsia, un épileptique ne pourrait pas la regarder plus de cinq minutes sans avoir une crise. Et pour habiller le tout, un autographe (écrit de sa main ?) «I Love Rock ‘N Roll».

I Love Rock ‘N Roll

 
Si vous cherchez un album calme à écouter le soir après une harassante journée de travail, passez votre chemin. La dame vêtue de cuir rouge ne fait pas dans la dentelle. Pour nous mettre dans le bain, elle nous balance les riffs ravageurs de «I Love Rock ‘Roll». Une reprise du groupe américain The Arrows enregistré en 1975. La belle brune l’avait déjà enregistrée une fois en 1979 avec Steve John et Paul Cook des Sex Pistols et elle sortira la version définitive avec son groupe The Blackhearts en 1981. Je ne parlerai pas du succès international de ce morceau qui, plus tard, sera repris par Britney Spears avec une rythmique qui fera penser à la marche d’un éléphant rhumatisant. 

Le contenu général de l’album est dans les teintes Glam rock, que ce soit «(I Gonna) Run Away», «Love is Pain» ou le très rock «Nag», on se surprend d'attendre le morceau suivant pour savoir ce que ce sera. «Crimson and Clover», une reprise d’un groupe des années 60 Tommy James and the Shondells, peut-être le morceau le plus «calme», Joan Jett a juste rajouté de l’électricité à ce titre un peu poussiéreux. «Victim of Circumstance» Rien à voir avec le morceau de Barclay James Harvest. «Bits and Pieces» complètement Glam ! Un Mix entre Slade et T.Rex. Les deux suivants «Be Straight» et «You’re too Possessive» auraient pu apparaitre sur un album des Runaways. 

Le dernier titre «The Little Drummer Boy» est encore une reprise, mais celle d’un morceau écrit en 1941 et qui sera adapté en français et chanté par Nana Mouskouri. «L’enfant au Tambour», n’a plus rien à voir avec son grand accord d’entrée, sa rythmique électrique et son solo, un petit tambour qui en aurait eu marre d’entendre la grecque à lunette et qui aurait pris une guitare électrique et un rail de coke. Avec 10 millions d’albums écoulés, Joan Jett pouvait voir l’avenir en cuir, 13 albums suivront par la suite, le dernier étant sortie en 2013. Mais même si elle se fait plus rare en studio, elle est toujours sur la route et sur la scène avec sa Gibson Melody Maker en bandoulière.

Un album pour ceux qui aiment le Rock 'N' Roll.