Dans sa gueule
Je
peux bien le reconnaitre au moins une fois ici : JOHNNY HALLYDAY aura,
selon moi, tant de fois usurpé et galvaudé le terme de Rock durant toute sa
carrière, que je ne me suis jamais privé de me payer sa tête dès qu’une
occasion pouvait se présenter à moi. Et les occasions, elles sont si nombreuses
avec un personnage tel que lui. A commencer par ses apparitions dans toutes ces
émissions de variétés “grand public”. De ses spectacles démesurés et de sa vie
privée si constamment commentée, illustrée, chaque fois que le Jojo bouge un
orteil.
De
leurs côtés, depuis la création de sa marionnette (ah que coucou !) aux
Guignols de l’info sur Canal+, jusqu’aux imitations souvent cruelles de Laurent
Gerra, on peut décidemment affirmer que depuis des années et des années, aucune
autre Star du Showbiz, sinon JOHNNY lui-même, ne s’en sera autant pris
plein la gueule à ce point-là.
D’ailleurs,
l’annonce d’une retransmission de son dernier spectacle en date me préparait
une nouvelle fois à me conforter dans l’idée que je m’étais forgé de lui depuis
belle lurette. Et puis voilà que, contre toutes attentes, je n’allais pas
tarder à ravaler une bonne fois pour toute ma langue. Ce concert, enregistré a
Bruxelles le 26 Mars 2016, est une telle réussite qu'il ne m’aura pas fallu
attendre plus de la moitié de son visionnage pour me décider à acquérir,
prestement, le DVD et son équivalant audio dans sa version triple CD. Et
oui… rien que ça !
Encore
un peu de patience pour ce qui est du contenu du concert en lui-même. Car pour
comprendre et apprécier, à sa juste valeur, un show tel que celui-ci, il nous
faut nécessairement remonter quelque peu dans le temps pour mesurer toute la
particularité d’une soirée telle que celle-là. Patience j’ai dit.
À la vie à la mort
Disons-le
tout net, les gros problèmes de santé qui avaient momentanément contraint JOHNNY
à interrompre son Tour 66, au cours de l’année 2009 et 2010, auraient
tout à fait pu avoir raison de lui définitivement.
Ainsi,
il est absolument certain que ces premières alertes auront forcément impacté et
amené le désormais septuagénaire a envisager ses prochaines années autrement.
Remettant en perceptive l’importance de sa propre existence et de sa propre
mortalité.
A
l’image de son intitulé, Rester Vivant, et de ce crâne
symbolisant ouvertement la mort (placé volontairement tout au-dessus de l’icône
durant tout le concert), JOHNNY, pour sa 29ème captation
en Live (ça veut dire vivant !) nous offre ici un moment de pure
authenticité, doublé d’une vraie intensité.
JOHNNY Guitares !
Philippe Almosnino à la guitare... XXXXX |
Ces
nouveaux auteurs dans l’univers de JOHNNY auraient dû me mettre assez
vite la puce à l’oreille. Car, loin de minimiser le talent d’écriture de chacun
d’entre eux (je parle ici des textes et uniquement des textes), ces nouveaux
noms, tous tellement éloignés du grand cirque de la Pop/Variété, donnaient
surtout le signe que le plus célèbre de nos chanteurs Français tendait alors à
retrouver une certaine dimension par trop souvent négligée dans ce domaine. Et
ce, depuis assez longtemps.
Et
puis du côté des musiciens qui l’accompagnent depuis quelques années
maintenant, là aussi, en s’adjoignant les services d’un guitariste aussi
chevronné que Yarol Poupaud (ancien membre du groupe FFF),
en lieu et place du talentueux mais très encombrant pianiste/arrangeur Yvan
Cassar, JOHNNY semblait très désireux de replacer les guitares
aux premiers plans dans sa musique. Du coup, se sont carrément 3
guitaristes qui officient sur scène: Yarol Poupaud donc, le fidèle Robin
Lemesurier (Ron Wood es-tu là ?) en second, et bien plus surprenant,
le très fifties Philippe Almosnino (Les Wampas) a la steel
guitare et à la guitare acoustique. Quand ce n’est pas JOHNNY lui-même
qui se saisit aussi, très épisodiquement, d’une guitare… Pour gratouiller.
Rock’N’ Roll Attitude
Ayant
vu et/ou écouté plusieurs de ses spectacles de ces 25 dernières années, bien
des choses me sont apparues comme très révélatrices (et nouvelles !) sur l’état
d’esprit qui était assurément celui de JOHNNY ce soir-là en Belgique. Sa
proximité, sa disponibilité et ce réel sentiment de gratitude envers son public
ne devraient ici tromper personne. Même les plus sceptiques. Bien sûr, on
pourra une nouvelle fois sourire de la façon si unique que JOHNNY HALLYDAY
a quand il parle. JOHNNY, il est vrai, ne parle pas exactement le
français comme nous autres. JOHNNY parle le JOHNNY
voilà tout. Et on aurait bien tort de ne pas sourire quand il nous
précisera, au moment d’introduire l’excellent “Mistery Train”,
qu’à l’époque où son idole Elvis Presley enregistrait l’une de
ses premières chansons, sur le label emblématique Sun Records, il s’agissait de
45 Tours.
Mais
JOHNNY serait-il cette figure aussi emblématique qu’elle est sans cela
également ? Car c’est sans doute aussi ça qui touche peut être encore les gens
de nos jours : Cet aspect naïf et complètement désarmant après autant d’années
à servir sa propre cause : Le Wouakénouôôl ! Et dans cette époque ou la moindre
phrase est si systématiquement scrutée, décortiquée, analysée, je trouve
salvateur d’entendre encore des personnes s’exprimer sans filtre comme il le
fait. Au risque de passer pour des cons aux yeux de tous les pisse-froids.
L’envie d’être toujours en vie
Comme
JOHNNY le chantera dès l’introduction de son spectacle, “Rester Vivant”
exprime d'emblée le désir d’un homme qui, malgré les embuches, ne renoncera
jamais. Ni à ce qu’il aime, ni à ceux qu’il aime. “Et tant qu’on aime, tant
qu’on en rêve... Rester vivant, avant que l’amour foute le camp” chante-t-il
dans le refrain. Plus loin, autre extrait de son très introspectif 49ème album
Rester Vivant. “Au Café de l’Avenir” raconte cette vie qui passe
pour nous tous si rapidement Les paroles de la chanson se terminant ainsi : “Je
m’suis pas vu vieillir, j’ai pas vu l’coup venir, le temps d’un dernier verre,
on va bientôt fermer. Je me prépare à partir, mais on venait juste de commencer”.
Derrière
ces paroles emplies de gravité, les musiciens qui accompagnent Jojo envoient du
lourd comme on dit. Pied au plancher, Guitares, basses et batterie et orgues
Hammond forment le noyau dur d’une formation complice et visiblement bien décidée
à jouer cette musique là (le Rock) avec passion, envie et détermination.
Rock’
N’ Roll, RockaBilly, Country Music, Rythm’N’ Blues. C’est à une complète et
totale célébration du Rock à laquelle JOHNNY et ses musiciens ont décidé
de nous convier ici.
Mais
pour que la sauce prenne durablement, et pour que chaque spectateur reste au
plus près de la musique, il fallait également que tout ce qui relève
habituellement du “grand spectacle” soit quelque peu revu à la baisse.
Finie
toute cette pyrotechnie et toute cette surenchère de décors et de mise en scène
à tout va. Certes, il serait stupide d’ignorer ou de chercher à occulter tout
le travail qu’il y a quand même autour d’un show comme celui-ci. Les lumières
sont somptueuses, les réalisations et la scénographie des fonds d’écrans permet
également de renforcer avec intelligence la plupart des titres interprétés ce soir-là.
Mais décidément sur cette tournée, c’est bien à son amour de cette musique-là,
le Rock, que JOHNNY HALLYDAY a souhaité mettre l’accent et rendre
hommage.
Au
regard du répertoire joué ce soir-là, certains ne manqueront pas de faire
remarquer que HALLYDAY ne s’éloigne pas suffisamment de ses chansons les
plus emblématiques. Mais nom d’un chien, vous vous imaginez ne pas entendre
pour la centième fois des titres aussi incontournable que “Le Pénitencier”,
“Requiem Pour Un Fou”, “L’envie”, “Que je t’Aime”, “Toute la Musique que
j’aime” ou bien encore l’éternelle “Gabrielle” ? C’est tout
simplement IM-PO-SSIBLE !!!
De l’amour, de l’amour, de l’amour
A gauche : Yarol Poupaud. A droite : Robin Lemesurier |
Le
Rock ‘N’ Roll des pionniers est alors à l’honneur durant un set acoustique qui
n’en a presque que le nom tant des morceaux tel que “Mystery Train”, du
jeune Elvis Presley, ainsi que “Blue Suede Shoes” sont joués avec
une incroyable vitalité. Visiblement cette formation s’éclate comme jamais.
Toujours
au chapitre des nouveautés et/ou des raretés, je vous citerai bien volontiers
aussi cette formidable adaptation d’un vieux titre de Chuck Berry, “Nadine”
et ses paroles pleines de drôleries. Dans le même registre, le trop rarement
joué “Je Suis Victime de l’Amour” est lui aussi un pur Boogie Rock au
texte volontairement naïf et franchement irrésistible. JOHNNY, même
considérablement amaigri et marqué physiquement, prend un plaisir sans égal dès
lors qu’il s’empare d’un micro pour faire ce qu’il fait mieux que quiconque : chanter
avec ses tripes.
Au
registre d’autres nouveautés, on retrouvera également d’autres inédits dans la
version Deluxe 3 CD. Citons notamment 2 morceaux extrêmement poignants. L’un
évoquant le meurtre du noir américain Mike Brown par un policier,
puis à la toute fin du disque, l’évocation de ce dimanche de Janvier et de recueillement
national à la mémoire des victimes des attentats de Paris.
Avant
d’en terminer avec ce compte rendu, certes assez long, et quand bien même il y
aurait encore tellement à dire, je voudrais au moins faire remarquer ici que
jamais le chanteur n’aura accordé autant de place à ses musiciens
pour les mettre clairement en avant. A titre d’exemple, Yarol Poupaud,
en plus de seconder le patron au micro sur le furieux “Fils de Personne”,
se fend surtout d’un chorus de guitare long de 72 mesures (oui Messieurs j’ai compté
!). Je ne vous en dis pas plus, mais c’est là l’un des nombreux grands moments
du spectacle.
Orgue
Hammond et harmonica jouant aussi à armes égales, il est également important de
souligner à quel point voir les noms de Bob Clearmountain et Bob
Ludwig accolés ensemble pour le mixage d’un tel concert sont là encore le
gage d’une exigence retrouvée de la part du chanteur. Tout est enfin audible et
parfaitement équilibré. Un son tout à la fois moelleux et percutant comme celui
de la batterie du génial écossais Geoff Dugmore. Idem en ce qui concerne
le très beau rendu sur les voix des choristes. Tout ici est absolument parfait.
Ces derniers ne se contentant pas uniquement des habituels hou ! Hou ! et/ou Oh
! Oh ! Pour épauler un JOHNNY en très grande forme vocalement.
Bonus ou pas bonus: Un vrai casse-tête
Encore
une fois, il est vraiment regrettable de voir à quel point les acheteurs de
produits physiques (support, CD et DVD principalement) ne sont pas franchement
récompensés comme ils le devraient. Et les artistes viendront ensuite
pester contre le téléchargement. Avec de telles méthodes de marketing,
ils n’encouragent en fait que ça ! J’ai ainsi totalisé pas moins de 5 formats
différents afin d’avoir (ou pas) la globalité de tous les morceaux joués durant
cette tournée. JOHNNY alternant d’un soir sur l’autre 2 ou 3 morceaux
différents.
De
nos jours, il n’est plus du tout rare de voir de nombreux artistes joindre, en
bonus du concert filmé, son équivalent en CD audio. La fameuse version Double
CD+DVD. Le tout pour une petite vingtaine d’euros environ. Alors pourquoi ne
pas l’avoir fait ici ?!
Chez
Madame Hallyday, le marketing est très sensiblement différent visiblement. Pour
vous la faire courte cette fois, le concert en DVD à 20 euros ne propose lui
aucun bonus. J’ai bien dit aucun (interview, backstage, etc. Rien de rien !).
En
revanche, son équivalent en format Blue Ray a 30 euros, propose, lui, 15 titres
supplémentaires en support audio. M’étant procurée la version en DVD, mais
désireux de prolonger mon plaisir avec les 15 autres titres inédits, je n’ai eu
d’autres choix que celui de repasser a la caisse afin d’avoir l’intégralité des
morceaux de cette tournée. La version triple CD étant nécessairement un peu
plus onéreuse que la simple version Double, j’ai en tout et pour tout déboursé
quelques 40 euros au total. A ce prix-là, il fallait vraiment que la
prestation, dans sa globalité, relève du domaine de l’excellence… Gagné !
Set List concert DVD
1. Intro
2. Rester Vivant
3. O Carole
4. Noir c’est
Noir
5. Requiem pour
un Fou
6. J’ai pleuré
sur ma Guitare
7. Au Café de l’Avenir
8. Oh ma Jolie
Sarah
9. Quelque Chose
de Tennessee
10. Gabrielle
11. De l’Amour
(avec Yodelice)
12. La Fille de
l’Été Dernier
13. Mystery Train
14. Blue Suede
Shoes
|
15. Je te Promets
16. L’Envie
17. Fils de
Personne (en Duo avec Yarol Poupaud)
18. Le Pénitencier
19. Mon Cœur qui
Bat (en Duo avec Yodelice)
20. Ma Gueule
21. L’Idole des
Jeunes
22. Seul
23. Nadine
24. Que Je T’Aime
25. Allumer le Feu
26. Je suis
Victime de l’Amour
27. La Musique que
J’Aime
28. Quand on n’a
que l’Amour (hommage aux victimes des attentats de Bruxelles)
|
Supplément titres Bonus sur version triple CD
1. Je Veux te
Graver dans ma Vie
2. J’ai Oublié de
Vivre
3. La Terre
Promise
4. I’m Left
You‘re Right She’s Gone
5. I’m Gonna Sit
Right Down
6. Be Bop A Lula
7. Elle est
Terrible
8. Le Bon Temps
du Rock’N’Roll
9. J’ai Besoin
d’un ami
10. Dans la Peau
de Mike Brown
11. Je la Croise
Tout les Matins
12. Jusqu’à Minuit
13. Dégage
14. Te Manquer
15. Un Dimanche de
Janvier
|
Les Musiciens :
- Guitares Yarol Poupaud, Robin Lemesurier, Philippe Almosnino et Yodelice
- Basse: Laurent Vernerey
- Batterie: Geoffrey Dugmore
- Harmonica: Greg Zlap
- Claviers, Orgue Hammond: Alain Lanty et Jean Max Mery
- Choeurs: Amy Keys, Carmel Helen (Rrrr !) Gaddis, Rycko et Stefan Filey
- Cuivres: Renaud Gensane, Thomas Henning, Allen Hoist et David Mc Murray
et celle de "jamais seul" en 2011: johnny hallyday "jamais seul")
Note pour le spectacle
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Marketing produit
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