vendredi 6 janvier 2017

UNE NUIT EN ENFER de Robert Rodriguez (1996) par Luc B.



Je vous ai parlé d’un bouquin, [ LE LIVRE SANS NOM ] dont on ne connaissait pas l’auteur, mais qui pouvait très bien avoir été directement inspiré d’UNE NUIT EN ENFER de Robert Rodriguez. Le digne héritier des Roger Corman ou John Carpenter, un artisan, qui habite un ranch dans un coin paumé, où il a fait installer des salles de montage, ainsi que des salles de répétition et d’enregistrement, puisque le bonhomme est aussi musicien. Il écrit d’ailleurs ses thèmes musicaux, comme Carpenter.

Robert Rodriguez, quand il ne tourne pas pour les studios Disney des trucs comme SPY KIDS, ce qui lui rapporte du fric, fait ses films à lui, mélanges de séries B, voire Z, de gore, de fantastique, de Tex Mex, de western italien. Il a réalisé le fameux EL MARIACHI avec Antonio Banderas, sa suite DESPERADO, une grosse production numérique, le remarquable SIN CITY, et l’incroyable MACHETE et sa suite, avec Danny Trejo et Robert de Niro.

On le sait grand pote de Quentin Tarantino. Ils avaient commis ensemble le dytique Grindhouse, du nom de ces séries B qui passaient dans les drive-in. Rodriguez avait fait PLANETE TERREUR, et Tarantino BOULEVARD DE LA MORT. Tarantino a écrit pour lui, et joué sous sa direction à plusieurs reprises. En 1992, Harvey Keitel tenait le premier rôle de RESERVOIR DOGS.  On le retrouve chez Rodriguez dans UNE NUIT EN ENFER, avec aussi George Clooney tout juste sortie du Chicago Hope Hospital, Tarantino, Danny Trejo (9 films ensemble), la chaude bouillante Salma Hayek (7 films ensemble, arrrfff, Salma, quand je pense qu’elle est maquée avec ce grand dadais de fils Pinault…). Chez Rodriguez, les gonzesses sont hot ! Michelle Rodriguez, Rose McGowan…

Robert Rodriguez est auteur, réalisateur, producteur, monteur, musicien de ses films. A l’exception, justement, d’UNE NUIT EN ENFER, tricoté par Quentin Tarantino, dont la touche est visible, par la construction du film (les protagonistes se retrouvent en lieu clos) ces dialogues qui précèdent l'action, ou par ses obsessions, comme celle des pieds de femmes ! La scène de danse de Salma Hayek.

Les ingrédients du film sont simples : des filles, du sang, des flingues, du rock, de la bière, des zombies, des vampires…

L’histoire est celle de deux frangins, Clooney et Tarantino, des braqueurs recherchés par toutes les polices, qui veulent passer au Mexique. Ils prennent en otage un père et ses deux enfants, dans leur camping-car. Le père est un pasteur défroqué, joué par Harvey Keitel. Une fois la frontière passée, ils tracent vers un lieu de rendez-vous, Clooney devant récupérer une valise de fric. Ils débarquent au Titti Twister (le « téton qu’on pince » !), un bar pour routiers. Le soir tombe. Le rencart est au petit matin. Alors ils attendent, boivent des coups. Avec la nuit, d’étranges évènements bouleversent la soirée…

Le film ne se contente pas d’être violent (la première scène dans le magasin, le meurtre de la femme otage, car Tarantino est plus psychopathe que simple braqueur), c’est gore et de très mauvais goût !  Robert Rodriguez ose le plan filmé à travers le trou de la main blessée de Tarantino, ou le flingue-phalus de Sex Machine, fixé à l’entrejambe, avec deux barillets en guise de couilles ! Il aime ça, Rodriguez, il nous avait fait le coup de la mitraillette jambe de bois ! Mention aussi à la guitare humaine du musicos, beurk, où ces filles empalées sur les pieds d’une table retournée, à la manière des Ziegfeld Follies !

Tout ça est brillement raconté, ça va vite, le passage de la frontière est un bon moment de suspens, l’arrivée au Titti Twister est digne d’un western, le barman patibulaire, la clientèle chauffée au rouge par les stripteaseuses et le (vrai) groupe Tito and Tarantula. On y entend du ZZ Top et du Stevie Ray Vaughan.

Tout cela va dégénérer, la progression est bien dosée, le huit clos s’installe. On remarquera Fred Williamson, héros de la Black Exploitation. Ensuite, on passe au film de survie, bagarre et dévissage de crânes à tous les étages. Les rebondissements sont légions, les bonnes idées aussi, comme ce crucifix que tient le pasteur Keitel, fait un fusil à pompe et d’une batte de base-ball, et quand le sortilège ne marche pas, on flingue ! Les auteurs n’hésitent pas à sacrifier des personnages, on se demande qui sera le prochain sur la liste. 

J’aime l’idée que les personnages soient conscients de ce qu’il leur arrive, et le sens du sacrifice qui suit. Sex Machine, le Pasteur aident le groupe à survivre jusqu ce qu’ils ne soient plus contrôlables. C’est même émouvant de la part d’Harvey Keitel (qui donne une vraie épaisseur à son personnage, il est génial, comme d’hab) avec ses enfants, dont sa fille jouée par Juliette Lewis, mignonne ado qui apprend très vite à planter un pieu dans le cœur !   

La séquence où les survivants sont retranchés dans un couloir, face à une horde de zombies, avec leurs armes de pacotilles est sacrément bien faite. Le pistolet à eau bénite !  Rodriguez va un peu loin à mon goût, sur la fin, avec ses gros lézards dégoulinants de baves, perso, j’en serais resté à des métamorphoses plus "humaines".

UNE NUIT EN ENFER n’est pas un spectacle familial, vous l’aurez compris. Mais c’est un cinéma pour se marrer, déjanté, potache et transgressif, créatif, avec un réel savoir-faire de cinéma, hommage aux effets spéciaux classiques, masques en latex et poches d’hémoglobine. Dans le genre, une vraie réussite.

Il y aura deux suites, sans Rodriguez à la caméra, directement sorties en vidéo... et Roberto Rodriguez en a tiré une série TV produite par Netflix (y'a pas d'petits profits...).

UNE NUIT EN ENFER / FROM DUSK TILL DAWN (1996)
couleur - 1h50 - format 1:1.85   




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5 commentaires:

  1. Sex Machine qui n'est d'autre que Tom Savini le maquilleur fétiche de George Romero

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  2. Tout se tient ! Son rôle est extra.

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  3. Mmouais...je comprends pas trop, mais bon...Tout l'égout sont dans la nature. Et je ne supporte pas Harvey Keitel. Salma Hayek, effectivement...Je n'ose pas le calembour graveleux avec Pinault.

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  4. Ose, ose !
    Y'a rien à comprendre, c'est ça qui est bien, justement.
    Harvey Keitel, il n'est pas anglais, alors qu'est ce qui va pas avec lui ?
    On se rejoint sur Salma (si j'ose dire) c'est déjà ça. Tout n'est donc pas mauvais en toi...

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  5. Y'a pas de zombie dans ce film, il n'y a que des vampires ; même si certains maquillages frôlent le "n'importe quoi".
    Beaucoup de faciès des créatures sont empruntés à l'univers de la BD (dont certains de Corben et de Gene Colan), mais ce qui passe bien sur papier, ne l'est pas nécessairement sur la toile. Comme les instruments constitués de pièces humaines, c'est trop. Et le pistolet double-barillets de Sex-machine" (il faudrait que l'on m'explique comment il fonctionne ... )
    En fait, après la superbe scène de danse de Salma, on dirait que le film est précipité, voire bâclé. Un défouloir où tous les clichés du cinéma de série B y passent. Et les "figurants-vampires" sont bien moins crédibles que ceux de "The Strain". C'est bien dommage.
    Néanmoins, malgré tout, on se surprend à le revoir avec un certain plaisir.

    La suite est à oubliée mais la série est pas mal. Rien de folichon mais ça se laisse regarder.

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