jeudi 5 janvier 2017

LE SWING DES ANNEES 40 - par Pat Slade


Les Américains Débarquèrent… 






…et le Swing arriva !





Le 6 juin 1944 reste une date mémorable dans l’histoire du monde, mais aussi dans celui de la musique et de la culture populaire de la vieille Europe. Les GI arrivèrent avec leurs paquetages remplis de produit que l’on n’avait plus ou même jamais connus. Les bas nylons pour les dames, le whisky pour les hommes, les Camels et les Lucky-strike pour changer des troupes et des gauloises, le Coca-cola, les barres chocolatées, le chewing-gum et autres friandises pour les enfants. Mais surtout, ils apportèrent des 78 tours d’une musique interdite par les autorités d’occupation et que les nazis qualifiaient de «Entartete Musik» (Musique dégénérée) ; et la France de l’époque, toute à sa joie d’être libérée, va s’emparer avec avidité de ce nouveau genre jazzy comme si le rythme à quatre temps n’avait jamais existé dans sa culture musicale. 

Paris est en liesse, surtout les parisiennes qui vont vivre des émois dans les bras de beaux GI sur les musiques de Benny Goodman, Glenn Miller, les Andrew Sisters, Count Basie et de tous les grands jazzmen de l’époque Duke Ellington, Lester Young, Gene Krupa, Benny Carter et Lionel Hampton (Je ne les citerai pas tous, il y en a trop).

Paris danse et voit la lumière au bout du tunnel de ces quatre années d’occupation. Dans les tonnes de matériels que les américains vont importer, les musiciens feront partie du voyage pour soutenir le moral des troupes. Le plus emblématique sera le capitaine Glenn Miller et son Glenn Miller Army Air Force Band. Un son à la frontière entre le jazz et la musique de danse. L’orchestre du tromboniste est immédiatement reconnaissable. Les incontournables «In the Mood» et «Moonlight Serenade» ou «Tuxedo Juction» font irrémédiablement penser à la seconde guerre mondiale, au débarquement libérateur. Mais si cette musique fera danser les français dans leurs pays libéré, Glenn Miller ne sera jamais témoin de ces réjouissances. En décembre 1944, alors qu’il traversera la Manche pour la France pour y préparer l’arrivée de son orchestre, son avion s’abimera en mer et n’arrivera jamais à destination.

Très peu d’orchestres feront la traversée jusqu’en France, seule leur musique traversera l’océan. Benny Goodman qui était à l’époque en haut de l’affiche et qui avait dans son big band des musiciens de renommée comme le batteur Gene Krupa ne se déplacera même pas.

Mais le groupe le plus représentatif dans cette période un peut foutraque et désordonnée sera un trio féminin. Le fantasme des soldats, l’image d’Épinal de la pin-up en uniforme, calot vissé sur la tête, salut militaire réglementaire et bas couture, seront les Andrews Sisters. Laverne (Contralto), Maxene (Soprano) et Patty (Mezzo-soprano), issues d’un père immigrant grec et d’une mère américaine d’origine norvégienne, elles sont l’image des États-Unis pendant la guerre. Elles aideront à l’effort de guerre en encourageant les citoyens à acheter des obligations de guerre mais elles iront surtout sur les zones de conflit comme en Afrique ou en Italie pour soutenir et divertir les troupes de toutes armes confondues, que ce soient les l'infanterie, la marine ou l’aviation. Elles chanteront aussi dans les hôpitaux et les usines de munitions. Elles enregistreront (Ainsi que Glenn Miller) une série de V-Discs (Victory Discs), les mêmes qui parviendront jusqu’à nous en 1944

Plus de 75 millions de disques vendus, 113 titres classés au Bilboard US entre 1937 et 1950, leurs plus grand succès resteront «Boogie Woogie Bugle Boy» et «Rum and Coca-Cola». Les Andrews Sisters sont et resteront les reines du Boogie Woogie et elles ouvriront une brèche dans de nouveau style de musique comme le rythm and blues.

La guerre est finie depuis plus de 70 ans et la musique des libérateurs de la vieille Europe avec leurs sons caractéristiques résonnent en nous comme une image d’un passé troublé et troublant.



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