mercredi 18 janvier 2017

RYAN REID "Shine" (mars 2016), by Bruno



Ha ! Ha ! Ha ! Vous ne le connaissez pas celui-là, n'est-ce pas ? Si ? Même pas vrai.

     Ryan Reid est un p'tit gars de Stillwater (petite ville du Nord-est de l'Oklahoma), qui prétend vouloir chanter depuis qu'il ait pu pleurer. (?) Mouais.
Ce qui est sûr c'est que son premier opus, "Light it Up", qui date de 2012, était déjà une belle réussite de Heavy-Blues-rock reposant sur des guitares mordantes et un chant débordant de foi et de vitalité. Ensuite, juste un petit Ep en 2014 ("The Angels Collection"). Le dernier, "Shine", a été possible grâce aux dons d'internautes via Kickstarter (une entreprise américaine créée dans le but d'aider des artistes indépendants, et divers autres projets, à travers des financements participatifs d'internautes).


   Est-ce la pression due à la confiance que lui ont donnée les internautes ? Ou est-ce une simple et juste évolution d'un p'tit gars qui s'est voué à la musique ? Quoi qu'il en soit cette dernière réalisation pète le feu. Ryan Reid semble avoir mis les bouchées doubles et donné tout ce qu'il a pour ce "Shine". C'est généreux et copieux.

     Ce disque déborde d'énergie, de saines vibrations endocriniennes. Du Heavy-rock, aux réminiscences Bluesy, qui déménage et rue dans les brancards. Mais attention, cela n'a rien d'une carriole folle en flamme, dévalant une pente abrupte en cahotant sur les pavés. Nan, car tout puissant qu'il est, ce Heavy-blues ne néglige ni les refrains fédérateurs, ni les rythmiques accrocheuses, ni une certaine mélodie qui pourrait le rapprocher d'une Power-Pop (plutôt pour les refrains). Même dans les instants les plus sombres, il émane une sorte de munificence, comme si Ryan se livrait sans réserve. Comme s'il s'ouvrait sans crainte pour partager ses émotions. A ce titre, il clame que sa philosophie est de toujours d'inclure de l'Amour dans ce qu'il entreprend. Et ainsi de toujours avoir de la compassion pour autrui, de se montrer aimable et prévenant. Faire preuve de gentillesse. Des attributs qui peuvent aujourd'hui en faire ricaner mesquinement beaucoup qui, stupidement, pourraient considérer cela comme de la faiblesse. Alors que c'est probablement ce qui nous manque à tous pour évoluer, pour permettre à cette société d'être plus vivable.


     Les premières secondes de "Ain't Enough Water" (seule chanson que Ryan n'a pas écrite) font croire à une entrée en matière sur un Gospel a capella porté par un chœur généreux. Or, de suite, une grosse guitare soutenue par une batterie martiale martèlent un rythme binaire. Une rythmique pachydermique qui s'efface pour laisser place au chant, ne revenant que pour les refrains et lors des chorus de slide baveuse. Le titre est bien moins Blues que Southern-rock, dans la mouvance heavy actuelle. Cependant, au lieu d'une morosité qui semble gagner nombre d'apprentis rednecks, il y a ici un entrain qui le rapprocherait presque d'un chaleureux Blues-rock bien dans sa peau.

   La suite, "American Boy", suit ce même climat de Heavy-Southern positif, avec en sus une touche du Kid-Rock de "Rock'n'Roll Jesus". De cette chanson émane une fierté un rien patriotique. Assurément, le "département guitare" fait dans la puissance, usant de power-chords et laissant baver la distorsion - ou une overdrive bien grasse -. C'est relativement proche de la consistance qu'affectionne Leslie West, avec toutefois un peu moins de grave au profit de mediums. Devant, cette sonorité à la fois replète et hérissée, on doute de la revendication de Ryan sur son tout Fender (Stratocaster, Telecaster et ampli Vibrolux). Sauf s'il a troqué son single-coil bridge pour un double en format simple.
Mais il y a derrière l'ami Josh Rutz qui se sert de sa Les Paul, comme d'un barbare, sorti de l'imagination d'un David Gemmel, de sa labrys. Sa présence explique la différence de texture entre "Shine" et "Light it Up" ; le supplément de puissance et de densité, c'est, apparemment, l'apport de Rutz, la mutation du trio en quatuor.
   "Away" brasse les meilleurs moments de Taddy Porter (1st album - le 2sd étant près d'une bouse -) et de Silvertide.
"Rollin'" suit le même chemin. Heavy-rock bien catchy, avec un fin saupoudrage pop pour le refrain. Ça souffle sur les braises, afin de nous maintenir dans ce doux et réconfortant foyer d'un Heavy-rock vibrant et vivifiant.
A l'image de la pochette, on se dit que Ryan Reid a vraiment de l'électricité dans les mains, et que, quelque part, il parvient à donner un peu de lumière dans un monde que l'on pourrait parfois trouver un peu ténébreux.
   Après cette avalanche de pièces bien Heavy, "The Fight" calme le jeu. L'atmosphère est Bluesy, entre slow-blues et power-ballade. Néanmoins, le refrain se pare de mordant, de verve belliqueuse qui en fait un titre intense et accrocheur. La structure est simple, mais on est conquis par la conviction qui s'en dégage.
Sur "From the Ashes", les guitares crépitent, comme au bord de la rupture. Ça sent la fuzz (Big Muff ou Expandora) avec le gain à donf ; ou presque.


"Crazy" est plus léger, avec ses parfums Funk et Glam. En dépit de l'orchestration relativement, ce serait presque sautillant.  Josh joue un court solo en slide à la mode Blackfoot.
Autre accalmie avec "The Flood" qui se pare d'échos plus pop et mainstream. Un peu comme si Coldplay, Lady Gaga (sic) et U2 se retrouvaient pour composer un morceau de Heavy-rock sombre et nostalgique, vaguement onirique. Des références (deux sur trois) qui peuvent faire grincer des dents, mais pourtant ça le fait, avec une bonne dose de harderoque graveleux.
"Shine" est un des morceaux de choix. Et c'est aussi le dernier temps fort de l'album. Démarrage tout en douceur, avec un orgue fantomatique qui soutient ses notes, une guitare qui laisse résonner ses accords jusqu'au bout, un chant qui s'incruste pour conter son histoire, et une basse indépendante qui donne un peu de rythme. Sur le refrain, on lâche les chiens : les grattes mordent, la batterie assomment, et Ryan chante à gorge déployée.

   Orgue Farfisa et tremolo et reverb pour les guitares sur "Just a Little Change". Un titre qui rame, qui ne parvient pas à décoller malgré tout l'engagement de Ryan.
"Life is Good" clôture l'album dans une toute autre ambiance. Une sobriété que l'on ne pouvait jusqu'alors pas soupçonner. Juste un piano et le chant de Ryan qui fait tout son possible pour nous faire ressentir son implication. Nous entraîner dans son trip. C'est bien nuancé, toutefois, sa voix se marie bien mieux dans une ambiance fortement électrifiée - elle semble être née pour ça - que dans une dépouillée. Et on attend un peu le renfort des compagnons, au moins pour un final explosif. En vain.
     Après tous ces copieux plats de choix, les sorties semblent frugales. Sympathiques mais frugales. Mais on aurait bien tort de se plaindre. Avec les neufs pièces précédentes, il y a bien assez pour rassasier les plus gourmands et voraces. Et puis, rien n'empêche de recommencer au début pour une nouvelle rasade. Pour ma part, ça squatte ma platine depuis quelques temps déjà, et cela va continuer.

Y'a du sérieux matos chez Reid


Des clips faits à la maison, avec des potes du coin et des fans.


2 commentaires:

  1. Enfin un guitariste qui fait moins de 100 kilos. Mais le bassiste est tatoué...
    Un peu trop rentre-dedans pour moi.

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    1. Attention toutefois, les deux clips vidéos présentés correspondent au noyau dur de l'album. Ryan lui-même concède que "Ain't Enough Water" est nettement plus Hard que ce qui a l'habitude de jouer. D'ailleurs, c'est la seule chanson qu'il n'ait pas composé.
      Ceci étant dit, les guitares restent la plupart du temps branchées dans une crépitante et débordante distorsion.

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