mardi 24 janvier 2017

JOHNNY JENKINS "Ton-Ton Macoute" (1970)


Je continue  d'explorer  ma cédétheque pour en ressortir aujourd'hui cet album de Johnny Jenkins (1939-2006) enregistré en 1969-70. Ce guitariste gaucher est quelque peu oublié de nos jours pourtant  l'histoire de ce disque c'est une partie de l'histoire de la musique populaire des seventies puisqu'on croisera dans cette chronique  le mythique label southern Capricorn Records, l'Allman Brothers Band, Jimi Hendrix ou encore Otis Redding.
J. Jenkins
Né à Macon, Georgie, Jenkins en devient vite une figure des scènes locales par son jeu de guitare flamboyant et acrobatique à la Chuck Berry ou T-Bone Walker. Le jeune Jimi Hendrix qui eu l'occasion de le voir jouer là bas  à cette époque en fut marqué et s'en  s'inspira pour son jeu derrière la tête, avec les dents ou autres  figures de style et en 1969 Jenkins et Hendrix jouèrent ensemble dans un club de New York, The Scene.  Alors Guitariste du groupe de Rythm'n'Blues les Pinetoppers Jenkins  entend un jour  un jeune chanteur du coin nommé  Otis Redding et l'engage comme chanteur.
L'agent de Jenkins Phil Walden, futur créateur de Capricorn, comprend vite la potentiel d'Otis et le lance dans la carrière que l'on sait, hélas écourtée trop tôt d'un accident d'avion en Décembre 1967.
L'ironie de l'histoire est que pressenti pour intégrer l'orchestre de Redding, Jenkins refusa à cause de sa phobie de l'avion ! Et aussi car il ne recherchait pas les lumières, la gloire ni l'argent, menant sa carrière musicale de front avec de petits boulot comme mécanicien, minier  ou forestier.
Quand il fonde Capricorn Records Walden n'oublie pas son vieil ami Jenkins et lui fait enregistrer le album du nouveau label, à noter qu'a  départ il était pressenti pour être un album solo de Duane Allman mais celui ci accaparée par l'Allman Brothers Band ne sera finalement que sideman sur 6 titres. Outre Duane, on retrouve d'autres membres de l'ABB : Berry Oakley (basse), Jaimoe (percussions), Butch Trucks (drums) plus Paul Hornsby (Wurlitzer, piano, orgue Hammond B3), Pete Carr (guitare, de la Muscle Shoals Rythm Section), Robert Popwell (basse, the Crusaders, the Young Rascals, Aretha Franklin, Dylan ..), Johnny Sandlin (drums, Muscle Shoals, producteur de l'album et plus tard de "Brothers & Sisters" de l'ABB), Jimmy Nalls (guitare sur 1 titre, Sea Level avec des membres de l'ABB).
Ton -Ton Macoute cela évoque bien sur la police secrète du sinistre dictateur (pléonasme)qui sévit en  Haiti : Papa Doc Duvalier (1907-1971), c'est aussi un personnage du folklore vaudou, un peu  l'équivalent local de notre croque mitaine.
Duane Allman
11 titres au menu, que des reprises, avec pour commencer le "I Walk on gilded splinters" de Dr John  sur son premier album "Gris-Gris" (1968) qui baigne en pleine  transe voodoo avec les chœurs des Southern Comfort, les timbales de Jaimoe et  Duane Allman  au dobro. Puis "Leavin Trunk" du bluesman Sleepy John Estes avec Carr brillant à la guitare et Jenkins qui prend l'harmonica sur ce beau blues. "Blind bats & swamp rats" est signé Jackie Avery (auteur pour Capricorn et mari de Ella Brown, choriste de Wet Willie) dont le riff rappelle un peu "Politician" de Cream. Allman revient à la slide pour le "Rollin Stone" de Muddy Waters et c'est le seul titre sur lequel Jenkins prend sa guitare  sur ce swamp blues poisseux (en fait il s'agit plutôt du titre "catfish blues" de Muddy). Sur "Sick and tired" des musiciens  Louisianais Dave Bartholomew & Chris Kenner c'est Carr qui officie sur ce funky blues avant une reprise de Bob Dylan "Down along the cove" (album "John Wesley Harding", 1967) avec Allman et le son caractéristique de sa slide qui nous donne dés les premières notes l'impression d'écouter les Allman Brothers, une superbe reprise, avec aussi un bon jeu d'harmo de Jenkins. "Bad news", c'est du songwriter JD Loudermilk, blues rock porté par les guitares de Nalls et Carr et le Wurlitzer de Hornsby avant un petit John Lee Hooker: 'Dimples' énergique . On retrouve une autre compo de Avery "Voodoo in you", décidément le vaudou imprègne cet album avec une  ambiance à la Dr John et pour finir "I Don't want no woman" de Don Robey (fondateur de Peacock Records), bon blues rock , et "My love will never die" blues sombre d'Otis Rush, sur ces 2 derniers Duane tient la guitare rythmique.

Ce bel album est surtout connu des fans de Duane Allman (hein mon JP) puisque 2 titres figurent sur la" Duane Allman anthology" mais au delà il est parfaitement recommandable.

Déçu par le monde de la musique Jenkins  s'en éloignera puis convaincu par Walden fera un come- back en 1996 avec l'album "Blessed blues" enregistré en compagnie de Chuck Leavell (ABB, Stones, Clapton..)  puis  "Handle wih care" (2001) et "All in good time" (2005)  avant de rejoindre pour de bon les zombies voodoo en Juin 2006...

ROCKIN"Voodoo child"-JL



21 commentaires:

  1. Je ne possède pas ce disque de Jenkins, que je n'ai d'ailleurs jamais vu, mais en bon collectionneur des oeuvres du maître Duane Allman, je connais certains des titres de ce cd. Sur le coffret "Skydog The Duane Allman Retrospective" (7cd) c'est pas moins de 4 titres que l'on peut trouver: "Walk on gilded..." "Rollin' Stone" "Down along the cove" et "Voodoo in you" . Si on met ensemble les deux volumes de l'anthologie "Duane Allman" on fini par se retrouver avec 3 titres , 2 sur le vol.1 et un troisième sur le vol. 2 "Walk on gilded..." . Bon ceci dit si je peux mettre la main sur le disque de Jenkins.....Et merci Rockin' pour avoir exhumé cette oeuvre méconnue.

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  2. Pareil, mais je n'ai pas la rétrospective en 7 CD (JP, je te l'échange contre le coffret Grateful Dead Beyond description 1973-1989, absolument neuf, qui est au fond de l'armoire chez moi). Je n'avais même jamais cherché d'infos sur ce Jenkins et j'ignorais qu'il eût sorti un disque. En revanche j'ai des disques de Pete Carr et Lenny Leblanc, moi.
    Article effectivement Voodoo avec les mots magiques; Capricorn, Muscle Shoals, Wet Willie...etc.

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  3. T'es sympa Shuffle mais pour le Dead, je pense avoir ce qu'il faut....je comprend pas pourquoi il est au fond de l'armoire?????? Carr et Leblanc? hé oh tu crois pas que t'es le seul à avoir! "Midnight Light" (1977) ça te dit quelque chose?

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  4. Non, mais j'ai ça en promotional copy (pour les radios )
    https://www.amazon.fr/Multiple-Flash-Pete-Carr/dp/B002WDL5PM/ref=pd_sim_15_2?_encoding=UTF8&psc=1&refRID=CNQ4FRSG2YZ43P91ZN2W.
    Et toc.
    Eh Rockin, faudrait que tu me redonnes la véritable et séculaire recette du far breton. Ma femme me la réclame et j'ai paumé celle que tu avais fait passer.
    Le coffret du Dead, je l'ai touché à un prix dérisoire (je le dis pas, c'est indécent). Je le garde comme monnaie d'échange.

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    1. reviens ici demain Shuffle, je demande sa recette à madame et je la divulguerai en exclusivité...

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    2. bon alors: 250 g farine/1 litre lait/ 250g de sucre/ 4 oeufs/ 1 pincée sel/ 1 cuillere à café d'huile / environ 100g de pruneaux ou raisins secs (les tremper la veille dans eau+rhum) / 2 cuillères a soupe de rhum
      - mélanger farine sucre sel huile, y casser les oeufs un à un , ajouter lait et rhum

      - verser dans un plat bien beurré (le plat, pas toi) , le mieux est un poelon en terre cuite si on a
      - ajouter les fruits préalablement roulés dans la farine (pour éviter qu'ils ne tombent au fond)
      - faire cuire à feu moyen (6/7); mme me dit que le temps de cuisson dépend du plat et du four, surveiller à partir de 40mn , au besoin laisser jusqu’à une heure, le dessus doit dorer sans que le fond brûle , tout l'art est là...Bon app'

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    3. Ah mais non Rockin'! désolé mais à l'origine le far breton se fait sans pruneaux, et oui y'a pas de pruneaux en Bretagne, c'est pas le far d'Agen que je sache! Alors on fait quoi maintenant hein, nous voilà drôlement emmerdé! Bon Shuffle résidant dans le sud-ouest , il peut (enfin Madame si j'ai bien compris) éventuellement y mettre des pruneaux mais bon ......

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  5. Et j'ai Hound Dog Men, de Lenny Leblanc, je viens de vérifier.

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  6. j'ai pas le disque de Lenny Leblanc mais la véritable recette du far breton j'ai et je sais faire mais je garde pour moi.....

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  7. Pusillanime, mais humain: le dépit peut expliquer.

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  8. hé les spécialistes, Grinderswitch ça vaut quoi? un album à me conseiller?

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  9. Grinderswitch.....Shuffle va te dire et je ne pense pas trop me gourer, que c'est un groupe de seconds couteaux! C'est un peu vrai, comparé à d'autres formations de southern-rock de la même génération. Cependant ils ont sorti quelques bons disques vers la fin des seventies. J'en ai 4 de ce groupe, les deux meilleurs à mon sens sont les deux premiers "Red Wing" et "Macon tracks" chez Capricorn. "Have band will travel" (1981) est à éviter. Grinderswitch c'etait un peu le trait d'union entre l'ABB et le Marshall Tucker Band (que n'aime pas Shuffle) . Un autre groupe de southern-rock peu connu mais très intéressant Judge Parker, si t'as l'occase d'écouter.

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  10. Merci pour la recette. Pour Grinderswitch, je confirme ce que JP a dit à ma place. D'accord pour Redwing, mais c'est vraiment un achat dont on peut se dispenser.

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  11. à l'attention du chef de la rubrique cuisine : si on veut faire du far sans mettre de rhum (à cause des gamins) on met quoi à la place ? un jus de quelque chose ? J'f'rais bien la version raisin sec, ça change.

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  12. Je répète le VRAI FAR breton , c'est sans pruneaux , ni raisins! La présence de rhum me laisse pantois! C'est le far martiniquais.....on peut tant qu'a faire y mettre du Jack Daniels....ce sera le Far Southern-rock, éventuellement ! je dirais bien le Far Ouest mais la marque est déjà déposée.

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    1. Je peux me mêler de la conversation ?

      Johnny Jenkins… ben, j'aime bien les extraits proposés même si tous les détails érudits échangés entre Jean-Marc, Shuffle et Cie me passent un peu au-dessus de la tête. Ça doit être un peu la même chose pour certains en lisant mes billets classiques à rallonge le samedi !

      Par contre, comme tout breton génétiquement pur, même si je suis né au pied de la butte Montmartre, le sujet du far me passionne. Historiquement, pas de pruneaux, de raisin, de Rhum ou tout autre tord-boyau.
      Je suis flemmard, alors pour éclairer le débat, j'ai fait un copier-coller de l'article Wikipédia. Cela dit, l'importation des pruneaux en Bretagne date de quelques siècles, quant à l'introduction du Rhum, pas étonnant avec tous les pirates et corsaires des ports bretons qui écumaient les Antilles… Hips ! Hein Philou ?

      Le far est une recette de Bretagne proche du clafoutis dont il existe plusieurs variantes. Il s'appelle le farz forn (prononcé [farsˈfurn] en pays léonard) (far au four) en breton. La plus connue est celle avec des pruneaux, bien que traditionnellement le far n'en comporte pas. La recette est très simple : œufs, sucre, farine et lait.
      Far en latin signifie « froment, blé, gruau ». À l'origine, c'était une bouillie de blé dans laquelle on ajouta, plus tard, des fruits secs tels que le pruneau ou le raisin. C'était donc un dessert peu coûteux, qui est devenu aujourd'hui un plat traditionnel de la Bretagne.
      Il est possible d'ajouter du rhum brun dans cette recette.

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  13. Voilà bien le drame de la France: 4 intervenants, 4 visions différentes. Et sur un sujet -comment-dire? - modeste.

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  14. Merci Claude! de venir au secours d'un autre breton, pas génétiquement pur certes (1/2 breton, 1/2 vendéen) mais né et élevé sous la mère en Bretagne!
    Bien résumé Shuffle!

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  15. hé ben je ne pensais pas qu'un article sur J Jenkins déboucherai sur un débat sur le far breton ! c'est ça la magie du Deblocnot....plus sérieusement je sais bien que la recette originelle est sans pruneaux mais je le préfère avec...et avec une touche de rhum c'est encore mieux, d'autres ajoutent de l'extrait de vanille, d'autres du lambig...Luc pour les enfants, tu peux peut-etre faire tremper tes raisins dans du Champomy.....

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    1. Du Champomy... My god ! Demain, 5h30, dans le pré aux bois verts, et tu choisis les armes...

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  16. L'année 2017 commence aussi mal que s'est terminé 2016. La grande famille de l'Allman Brothers Band est en deuil avec la mort de Butch Trucks son génial batteur. A priori l'homme s'est tiré une balle dans la tête sous les yeux de sa femme....;Si on commence à s'en prendre à mon groupe préféré depuis 1969 , là ça va pas le faire, nom de dieu!

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