Enfin !
Enfin, le Paulo est revenu à ce qu'il sait faire le mieux : du
Hard-Rock cultivé sachant autant pratiquer le riff qui tue, le truc imparable, que l'humour et la dérision. Car mister Paul Brandon Gilbert est une personne cultivée.
Cultivé
dans le sens où on peut le considérer comme un puits de
science en matière de musique populaire. Du moins, ou plus
particulièrement, tout ce qui touche, ou est apparenté à ce que l'on
nomme communément le Hard-Rock. De ses balbutiements à sa forme actuelle. Avec une
facilité déconcertante, il est capable d'inclure dans sa musique
des références diverses sans déstabiliser son morceau. Cet échalas
semble connaître sur le bout des doigts tous les riffs et les chorus
emblématiques. Ses imitations de guitar-heros sont remarquables.
Une mémoire étonnante, un copieux vocabulaire et une technique (sans faille ?) lui permettant d'aborder avec aisance toutes les branches du Hard-rock. Soit un authentique virtuose.
Il n'a pas été enseignant au G.I.T. pendant des années par hasard. Et puis, ce qu'il y a de sympa avec ce gars-là, c'est qu'il semble autant s'éclater sur un riff binaire, simple au possible, que sur des chorus alambiqués et vertigineux.
Cette fois-ci, il a délaissé sa facette Heavy-Metal (pas à 100 % non plus), laquelle avait de nouveau pris une place prédominante sur ses albums instrumentaux, pour revenir au Hard-Rock. Une mémoire étonnante, un copieux vocabulaire et une technique (sans faille ?) lui permettant d'aborder avec aisance toutes les branches du Hard-rock. Soit un authentique virtuose.
Il n'a pas été enseignant au G.I.T. pendant des années par hasard. Et puis, ce qu'il y a de sympa avec ce gars-là, c'est qu'il semble autant s'éclater sur un riff binaire, simple au possible, que sur des chorus alambiqués et vertigineux.
Ibanez Fireman Signature (3 simples Di Marzio) |
Après le très bon "Burning Organ" de 2002, il avait décidé de renouer avec ses vieux démons du shred et du Heavy-Metal où la vélocité prime trop souvent au feeling et la retenue.
La résurrection de Racer X (1) de 1999, qui devait rester un projet parallèle (un défouloir ?), finie par laisser des traces considérables.
Ainsi, c'est pratiquement un retour à des années en arrières avec "Space Ship One" et ses sonorités typiquement Heavy-metal 80's, et des vitesses d'exécution effrénées. Tandis que les "Get Out of My Yard" et "Silence Followed by a Deafening", disques 100% instrumentaux, enfoncent le clou. Des disques intéressants, aptes à décourager à jamais un grand nombre de guitaristes, mais à qui il manque tout de même un peu plus d'âme. Les tics de jeunesses, démonstratifs, prennent trop souvent le pas sur le feeling brut.
Après un excellent "United States" avec son ami Freddie Nelson, il rechute dans le tout instrumental avec "Fuzz Universe". Si ce dernier retrouve une certaine pertinence, et une dose d'humour, il ne peut rivaliser avec aucun des disques de Satriani (peut-être à l'exception d'un ou deux).
Il faudra pour cela attendre "Stone Pushing Uphill Man" qui, à l'exception de trois compositions personnelles, fôlatre à interpréter des chansons connus (Aerosmith, Loverboys, Beatles, James Brown, Police, Elton John, Eric Carmen) en tentant, autant que faire se peut, de reprendre les lignes de chant à la guitare. Le "Back in the Saddle" d'Aerosmith est succulent.
Entre temps, en 2012, il y a eu "Vibrato". Un album charnière qui, bien qu'accusant encore quelques restes de radioactivité Métôl, fait preuve du désir de se replonger dans un Hard-Rock à la fois respectueux de son passé, de sa mémoire, et frondeur. Avec la participation de son épouse Emi, qui n'est pas là pour faire de la figuration ; comme l'atteste la justesse de son jeu aux claviers sur la surprenante et goûteuse version de "Blue Rondo a la Turk" de Dave Brubeck (un choix de madame ?). Sa présence n'est pas vraiment une surprise, car madame accompagne parfois monsieur en concert depuis quelques années déjà.
Les trois bonus, des reprises saisies en concert, pourraient être aussi une manière d'affirmer, ou de revendiquer, la large palette de ses influences et intérêts musicaux. "Roundabout" de Yes (de l'album "Fragile"), "I Want to Be Loved" de Willie Dixon (composé pour Muddy Waters) et "Go Down" d'AC/DC (avec une superbe interprétation de Tony Spinner dans le rôle de Bon Scott). Du Rock Progressif, du Blues et du Classic-rock (Hard-blues ou Hard-rock 70's, c'est selon). Comme une confession de foi, ou plutôt un déballage pour faire taire ceux qui veulent l'enfermer id vitam eternam dans le carcan du shredder.
Un disque certes inégal mais qui apporte tout de même sa bonne dose de fraîcheur et de bonne humeur dans un univers (celui du Heavy-Metal et du Hard-rock) qui a tendance à se prendre trop au sérieux depuis quelques années.
Ibanez PGM401 (sans vibrato) |
Arrive enfin ce "I Can Destroy" qui confirme le retour à des vibrations héritées des années 70 avec un son et une attaque influencés par les années 80.
"Every Use Your Goddman Turn Signal" ? Un concours sur le titre le plus long de l'année ? Connaissant le loustic, ce serait plausible. En fait, Paulo chante son exaspération face à l'incivisme et l'irresponsabilité des chauffards qui conduisent comme s'ils étaient seuls sur la route. De toutes façons ils ne doivent même pas en avoir conscience. C'est juste une preuve d'irrespect, d'égoïsme, et, hélas, de bêtise. Un comportement qui n'a, hélas, pas de frontières. Et cela excède le père Paulo. Ce morceau transpire le Heavy-rock kitsch de bon-aloi. Un truc bon enfant où le gros Rock US, légèrement pataud, côtoie un lyrisme dandy influencé par le Queen de "Jazz" et "Sheer Heart Attack". On reconnaît d'ailleurs son ami Freddie Nelson - qui avait été comparé à juste titre à Freddie Mercury - s'affairant ici seulement aux chœurs d'obédiences Beatles.
"I Can Destroy" fait craindre le pire avec sa rapidité d'exécution proche de Racer X. On zappe précipitamment. Hors, le second mouvement se cale sur un Hard-rock simple et sobre, dans la lignée d'un Kiss de "Dressed to Kill" ou de "Hotter than Hell". En fait, on passe, sans avertissement, du Speed-Metal mélodique au Hard carré. Le break joue avec le Shock-rock des 80's puisant son inspiration dans le film d'horreur de série B. Exercice de style intéressant mais pas vraiment emballant, si ce n'est le côté technique et époustouflant de la chose où les trois guitaristes s'en donnent à coeur joie. Paradoxalement, c'est lui qui a baptisé le disque alors que c'est le moins représentatif ; pratiquement un intrus avec "Love We Had".
Ibanez Artist 2630 de 1979 |
"Knocking On a Locked Door" attaque les choses sérieuses. Le morceau est enlevé et énergique. Les chanteurs, comme galvanisés par ce gros riff assassin, alternent le chant. Les chanteurs ? Oui, parce que outre Freddie qui soutient et soulage le Paulo, il y a aussi l'ami Tony Spinner (clic/lien). Un sympathique et humble pistolero, auteur de cinq disques fort recommandables (et un live), est aide de camp chez Toto pour leurs longues tournées internationales. On le retrouve aussi sur trois des disques de Gilbert.
Oui, ça y est. Paulo a bien renoué avec son captivant Heavy-rock de ses premiers album solo. Soit les "King of the Club", "Flying Dog", "Alligator Farm" et "Burning Organ". Quatre disques à connaître absolument.
"One Woman Too Many" semble rendre hommage au lyrisme particulier de Thin-Lizzy. Ce Heavy-rock - qui à l'origine aurait dû être un slow-blues - avec cette petite saveur particulière de Soul, cher à feu-Phil Lynott, qui rehausse le morceau et l'abrite de la banalité.
Le maître-d'oeuvre ressort sa perceuse pour les dernières notes de son solo ; clin d'oeil au cirque du Heavy-Metal démonstratif, prtentieux et frimeur, et aux séquences kitschs de Mr Big.
Mais qui chante ici avec tant de justesse ? Paul ? Freddie ? Il semblerait bien, que dans une chaude ambiance fraternelle et débonnaire, le micro passe de main en main.
"Woman Stop" est un terrain de jeu - un Hard-blues sentant le bitume et l'essence - pour permettre au Paulo de s'exprimer - fort bien - avec un bottleneck en open de Sol. Une nouvelle pour lui. Visiblement ce n'est pas son terrain de prédilection, et en conséquence évite soigneusement les difficultés. Au moins, il joue juste. (il aurait pu laisser la main à Spinner, très à l'aise en ce domaine ; cependant, par la suite, s'il se retrouvait seul sur scène ... ).
Du pur Rock'n'Roll comme le pratiquait les groupes Hard des seventies pour "Gonna Make You Love Me" ; soit avec un supplément de puissance, de saturation (odeurs de double-corps Marshall monté en température), et de mordant. Finalement, assez proche d'un rock'n'roll made by Ted Nugent.
Deux courts soli pétillant donnant l'image d'un Paul, monté à califourchon sur une petite fusée dérobée à Flash Gordon, virevoltant dans les airs. Le réacteur, boostée par la Fireman, branchée en directe, déverse des flots multicolores d'étoiles scintillantes. Freinage des quatre fers pour finir sur un gros Blues binaire qui tâche, lent, conventionnel et épais. Prétexte pour dérouler d'amples soli bluesy gorgés de feeling.
FRM250MF - Paul Gilbert signature 25th anniversary |
En dépit d'un air familier du riff avec AC/DC ("Beating Around the Bush"), "I Am Not The One (Who Wants To Be With You)" cherche plutôt à aller boxer contre Van-Halen avec les propres atouts de ce dernier. Final sur un Blues lent et fangeux où Paul se prend pour David Lee Roth tout en fendant l'air de fulgurant trait de corrosive lave pâteuse.
On reste dans le Blues avec "Blues Just Saving My Life" qui laisse quelques couplets à Tony Spinner. Ici, tous les poncifs y passent avec duo de guitares, slide ardente, chant plaintif. Toutefois, c'est fait avec suffisamment d'aplomb, d'à propos, et surtout de sincérité pour en faire un des meilleurs titres de l'album.
"Make It (If We Try)" se sert d'une robuste base rythmique Rhythmn'n'Blues pour y asseoir un Heavy-rock mélodique proto-FM. Une possible inspiration qui pourrait bien venir des disques de Grand Funk Railroad ; du temps où le groupe de Mark Farner évoluait en quatuor et préfigurait un Rock mélodique, teinté de Soul et de Rhythmn'n'Blues. [Source d'inspiration pour une flopée de groupes, qui en récolteront tous les fruits. Et qui finiront par tout corrompre par des synthés froids et sirupeux, sans âme.]
Interlude acoustique avec "Love We Had". Une pièce enregistrée d'une traite, en condition live, mais qui néanmoins manque de chaleur. Paradoxalement, ça sonne alors plus clinique et moins boisée.
"Will Be Remembered" retrouve l'ambiance d'un Heavy-rock mélodique, indubitablement américain, et proto-FM. Tout alors est en retenue. Les chœurs Rock-californien de Freddie et Tony évidemment, mais aussi les soli, et les duos de grattes qui glissent comme un épais coulis sur un copieux dessert glacé.
On ralenti encore le tempo avec "Adventure and Trouble". Une chanson Soul-rock de Freddie Nelson, à la fois langoureuse et appuyée, veloutée et accrocheuse, où le Paulo ressort son nouveau jouet, le bottleneck. Plutôt que de finir sur un coda larmoyant, alors que le morceau semble doucement s'affaler comme un flan lors d'une canicule, les lascars se réveillent et font chauffer leurs pelles et s'activent sur un Rock'n'Roll fébrile, échevelé, avec le piano de madame Gilbert, Emi, qui finit sur une accélération (hélas, trop courte) digne de Rose Tattoo. Chauffes Marcel !
Nouvelle Fireman avec des P90 |
"Great White Buffalo" ... Ouais, "Great White Buffalo" !! Probablement le meilleur titre des Amboys Dukes. Et même, un des meilleurs titres de l'autre frappa dingue de Detroit. D'ailleurs, la version est bien plus proche de ce qu'il en fera en live (sans le petit final étiré de "Gonzo !"). Bien que cette pièce ne soit guère évidente, cette interprétation est absolument irréprochable. Tout y est. Le débit de psychopathe, les nerfs mis à vif par un régime de viande rouge crue (ou plutôt sans dans le cas de Ted the hunter), les licks de guitares secs et nerveux.
Paul est conscient de la controverse que suscitent les déclarations, parfois naïves et maladroites de Nugent, cependant il ne souhaite pas tout mélanger, et apprécie toujours autant sa musique. Il lui rend là un beau et digne hommage.
La production est de "Caveman" alias Kevin Shirley et, étonnement, elle est plutôt sobre. Assurément, c'est le résultat logique d'enregistrements en mode "live". La présence du Sud-Africain peut faire craindre le pire en matière d'excès de production. Car, depuis quelques années, il s'est particulièrement distingué par les rajouts de violons, de claviers (même si non sirupeux), et de multi-couches de guitares. Un véritable "Monsieur Plus" ; malheureusement, pas nécessairement à bon escient (une contamination au contact de certains groupes ? Dont Journey). Cette fois-ci, il joue la carte de l'authentique et de la sobriété. Est-ce une direction imposée par Gilbert qui se souvient probablement que Caveman s'était distingué avec les Black Crowes, The Angels, Billy Squier, Screaming Jets, Hoodoo Gurus, Silvertide, Dubrovniks, Supagroup ? Du coup, ce serait là même un des disques les moins produits de Gilbert. Probablement parce qu'il ne s'est pas embarrassé de multiples enregistrements compilés. On se contente de placer judicieusesement les micros, on branche les amplis et roule ma poule. En dépit de la présence de trois guitaristes, qui ne se marchent pas dessus, ce quatorzième solo de Paul Gilbert est probablement le moins bourru, et le moins pourvu en grosse saturation. Cela à l'exception de "Gilbert Hotel" presque entièrement acoustique.
D'apparence le plus simple, et celui faisant le plus ressortir des influences bluesy. Des influences qui doivent bien moins venir des fondateurs (du Delta au Chicago-blues) que des groupes de Hard-blues des années 70.
Paul Gilbert, c'est le type cool, qui fait de la musique par vocation, et non pour gagner de l'argent. Enfin, il ne doit pas cracher dessus mais avec ses 9 disques de Racer X (1) les 6 disques avec Mr Big (qui représente un bon paquet de galettes vendues), ses multiples vidéos pédagogiques et ses 16 disques solo (14 studio et deux live), il doit être à l'abri pour un moment. Tout ça pour dire que le gaillard n'a rien trouvé de mieux que mettre l'intégralité de ce disque en streaming gratos.
P.S. : On ne nous dit pas tout ... Il y a quelques jours, c'était l'anniversaire de Paul qui fêtait son demi-siècle. Happy Birthday Paulo !!
Oui, rappelez-vous, il est né le 6 novembre 1966 (soit le 6 - 11 - 19 - 6 - 6, qui donne donc 6 - 1 - 1 - 1+9=10 soit 1 - 6 ; alors 6 - 3 x 1 - 6 - 6, soit 6 - [3] 6 - 6, et donc 6 - 6 - 6 et 3 x 6 !! "Six, Sixty-six, the number of the beast" !! N'importe quoi ? Absolument !)
Mouais ... Mais si nous soustrayons les "1" au "9" cela donnerait un nouveau "6". Donc, c'est une date porteuse de "6". D'autant plus que si alors nous les additionnons cela donnerait "24" ; soit 2 + 4 = 6 !! Ha ! Ha ! Ha !! 🙈 😭 (Houla ! Ça devient vraiment grave. Du repos s'impose)
(1) Racer X était un groupe Angelin monté en 1985 par Paul Gilbert dans lequel se joignent Jeff Martin au chant (Badlands, Michael Schenker, Blindside Blues Band) et Scott Travis à la batterie (Judas Priest, Fight). Bruce Bouilet les rejoint dans le courant de l'année 1986. Un groupe de Heavy-Metal très axé guitares favorisant la technique et la rapidité d'exécution au feeling. Entre Speed-Metal et (Metal) Néo-classique. Les quelques rares et assez bons titres morceaux en mid-tempo sont démolis par des soli effrénés.
Animation studio Pixar pour le clip (trop impressionnant !)
Autres articles sur Paul Gilbert (clic/lien) :
- "King of the Club" (1998)
- "Flying Dog" (1998)
- "United States" (2009) Paul Gilbert & Freddie Nelson
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