METALLICA - Load (CD 1996) – Vincent le Chaméléon

Pourquoi tant de haine ?

- Parce que Load n'était pas du tout "la suite logique” attendu de son prédécesseur. Le fameux Black album (1991) et ses millions de copies vendues.

- Parce que même et surtout avec un tel patronyme, METALLICA n'était déjà plus tout à fait à considérer comme un authentique groupe de MetôôôL !

- Parce que le Trash des débuts était dorénavant à conjuguer au passé, tandis que la double pédale de grosse caisse et les riffs si typiquement Metal n'avaient, eux non plus, pas le droit de cité sur cet album.

- Parce que l’album, du haut de ses 78 minutes, nous était apparu interminable.

- Et puis parce que (pire que tout !) Kirk, James, Lars et Jason avaient surtout coupé leurs cheveux très courts (un crime !), tout en opérant un changement de look des plus drastique. Horreur ! Malheur !

Pour toutes ces raisons et pour des centaines d'autres aussi sans doute, jamais un groupe n’avait alors attisé un tel degré de haine et d’aversion de la part de son Fan-base. Mais c’est oublié un peu vite que les gars de METALLICA avaient initialement acquis leur statut (et le respect qui va avec) justement parce qu'ils ne s'étaient jamais fait dicter leurs propres lois, et ce depuis le début de leur carrière. Ce sixième album des ricains n'aura donc nullement dérogé à la ligne de conduite que s'était jusque-là toujours imposé un tel groupe.

Load est-il exempt de reproches ? Evidemment non. Même de la part de quelqu'un qui, comme moi, tendrait à vouloir réhabilité ce disque quelque 20 ans après sa sortie.

En premier lieu, il faut bien avouer que s'ingurgiter ce lourd et sombre pavé d'une traite, et ce durant plus d’une heure, n'est pas la chose la plus aisée qui soit pour le commun des mortels. Si l'on ajoute que les tempos sont quasiment tous des mid-tempos et que le groupe n'hésite pas à étirer assez souvent certains de ses morceaux au-delà du raisonnable, et voilà qui n'aide pas l'auditeur à apprivoiser ce disque facilement. Si riche soit-il.

En dehors de ce constat premier, et outre sa rutilante et puissante production signée une fois encore Bob Rock (quel son batterie !), il faut surtout souligner ici l'inspiration phénoménale de James Hetfield (habité comme jamais sur chaque titres), ainsi que le travail monumental réalisé par Kirk Hammet dont les guitares s'y montrent à chaque fois d'une richesse mélodique que je ne soupçonnais pas jusqu'alors chez ce guitariste-là. Son jeu est ici complètement à l’opposé de tous les clichés liés d’ordinaire au Metal. Sans doute justement parce que le groupe aura ici cherché à se départir de cette étiquette-là. En partie du moins. Avec un nom tel que le sien… Et puis il faut aussi se souvenir qu’en ce milieu des années 90’, emporté et soufflé par la vague Grunge, le Heavy Metal traditionnel tout comme le Trash n’étaient alors pas loin d’être déclaré comme étant des styles devenus désormais totalement obsolètes.

Un groupe incassable pour un disque inclassable

Avec Load, METALLICA  aura accouché d’un disque assez inclassable. Heavy, Stoner, ambiant, que sais-je encore. 

Et dire que ce disque aura été décrit comme une œuvre soit disant “commerciale” vis à vis du groupe. Pourtant, et à bien y regarder, aucuns des morceaux qu'il contient n'affichent la durée du format radio. Soit les habituelles 3'30 règlementaires.

J'ajouterai que ce qui rend ce disque assez captivant également, c'est que METALLICA se refuse tout du long à plonger dans la classique formule qui consiste à écrire ses morceaux sur le mode ô combien traditionnel du couplet/refrain/solo, etc. C'est d'ailleurs ce qui peut donner cette vague impression que les quatre Outlaws auraient joué et enregistré ce Load dans un esprit qui relèverait presque de l'improvisation par moments.

A l’épreuve du temps

Libre à chacun donc de continuer de conspuer ce disque et le virage délibérément pris par Hetfield and Co à l'époque ; Une chose est sûr en revanche : Voilà précisément le genre de disque que j'aime à ressortir de temps à autre, même 20 ans après sa parution, sans que mon plaisir d'écoute s'en trouve amoindri. Vous pouvez me croire, certains albums que j'ai pourtant vénérés en leur temps n'ont tout simplement pas résisté à l'épreuve du temps. Load est de ces œuvres que l'on découvre ou redécouvre à chaque fois avec intérêt, tant il contient de richesses à bien des égards.