Le
souvenir que j’ai de Gene Wilder est celui d’un homme couché dans un lit avec
un mouton. Ca papote, ça rit, c’est intime. Puis une femme entre à l’improviste. Wilder remonte le drap, et déclare : « Non, chérie, ce n’est pas
du tout ce que tu crois ! ». Qui d’autre aurait été convaincant dans
un truc pareil ?

Gene
Wilder étudie l’art dramatique, aux Etats Unis (à l’Actor Studio !) puis
en Angleterre, et au début des années 60, il débute une carrière à Broadway, dont il gardera le goût pour la danse et la chanson. Il
a pour partenaire dans l’une de ses pièces Anne Brancroft, la Madame Robinson
dans LE LAUREAT. Qui se trouve être aussi la femme d'un certain Mel Brooks. Une rencontre qui ne restera pas vaine... En 1967 il apparait dans un
petit rôle dans BONNIE AND CLYDE d’Arthur Penn. L’année suivante il tourne donc sous
la direction de son mentor, Mel Brooks, LES PRODUCTEURS. Il y est question de
monter une comédie musicale à Broadway avec Hitler et des nazis ! On se
souviendra que Mel Brooks avait fait le remake de TO BE OR NOT TO BE de Lubitsch,
en 1983.

Gene
Wilder écrit aussi, et la même année il propose à Mel Brooks son scénario
FRANKENSTEIN JUNIOR, qui reste le sommet de sa carrière. Film parodique,
encore, qui reprend l’esthétique du genre, le noir et blanc, et même les décors sont ceux du FRANKENSTEIN de James Whale (1931). Ou
plutôt Frankenstiiiiine, tel que le savant fou souhaite être appelé, ne souhaitant pas être assimilé à son illustre aïeul. Les gags
se bousculent, les clins d’œil (KING KONG, encore les musicals de Broadway), on
y croise l'épatant Marty Feldman et ses yeux globuleux dans le rôle d’Igor (qui prononce
le nom de la domestique allemande Frau Blucher, juste pour faire hennir les
chevaux de terreur !), Gene Hackman dans le rôle de l’aveugle. Le film est
un immense succès, Wilder y fait merveille, tout en œillades hors champs, regards
face caméra, sa tignasse et ses yeux cernés de noir.

Il
réalisera 4 films, son premier en 1975, LE FRERE LE PLUS FUTE DE SHERLOCK
HOLMES avec Marty Feldman, et dix ans après, le remake d’Yves Robert UN
ELEPHANT CA TROMPE, LA FILLE EN ROUGE (1984) dont on se souvient aujourd’hui
surtout pour la chanson, « I just call to say I love you » de Stevie
Wonder. En 1986 il réalise NUIT DE NOCE CHEZ LES FANTOMES, avec une partenaire
féminine qu’il a souvent croisée, Gilda Radner, qui était aussi sa femme. Au décès
de celle-ci, en 1989, Gene Wilder, très affecté, s’éloignera des plateaux de
tournages, et se consacrera à sa deuxième passion, la peinture, l’aquarelle.
Il
écrit et joue tout de même dans PAS NOUS, PAS NOUS, avec son pote Richard Pryor,
un couple de témoins d’un meurtre, l’un aveugle (qui a tout entendu) l’autre
sourd (qui a tout vu) ! Dix ans plus tard, il fait partie d’une très belle
distribution, pour ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES, un téléfilm.
On
peut avancer que Gene Wilder est le père spirituel de toute une génération d’acteurs-auteurs,
Ben Stiller, Mike Myers, Will Ferrel, le grand frère des Dan Aykroyd, Bill Murray. On
peut aussi voir une parenté avec Jerry Lewis (dans un registre comique
différent), le début en duo, les shows télé, les succès comme acteur avant de s’émanciper
comme auteur et réalisateur, et l’engagement pour les causes médicales. On peut penser aussi à Peter Sellers dans certains aspects du jeu. Son nom
reste indissociable de celui de Mel Brooks, avec qui il a tourné ses plus
grands succès, et il est pour beaucoup le seul Willy Wonka acceptable. Gene Wilder avait été très populaire au USA, notamment auprès des enfants grâce à CHARLIE ET LA CHOCOLATRIE, ALICE, LE PETIT PRINCE, et auprès des adultes pour les détournements et films parodiques.
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