Si vous avez une vieille
armoire branlante, voici la cale idéale, 18x12x5,6, un pavé bien dodu de 900 et quelques
pages. Élu thriller de l'année (dernière), on peut aussi le lire.
C’est du lourd. Tant par l’épaisseur
du volume, que par l’ampleur de l’intrigue. On est à mi-chemin du polar et du
récit d’espionnage, un croisement de Jason Bourne et de Jack Bauer. L’auteur a
vu grand, et pour un premier roman, il a sans doute eu les yeux plus gros que
le ventre. L’auteur, c’est Terry Hayes, un anglais, qui a débuté comme
scénariste pour la série des MAD MAX, ou CALME BLANC, PAYBACK. Pas des bluettes
sentimentales, donc.
L'auteur |
Un flash-back nous renvoie 20 ans en arrière, vers une sombre histoire de mafia
albanaise, de double agent triple, de traitre éliminé sur la Place Rouge de Moscou. Puis
on part pour l’Arabie Saoudite, où un jeune homme assiste à la décapitation publique de
son père. Il en nourrira une haine tenace contre son pays, et son
allié : les Etats Unis. C’est à ce moment que le roman prend sa vitesse de
croisière, où l’on va suivre la radicalisation du jeune homme, recruté par les
Frères Musulmans, futur héros moudjahidine, qui va planifier sur plusieurs années une attaque
terroriste sans équivalent. Il devient une
véritable légende, surnommé « le Sarrasin ».
Le complot arrive aux grandes
oreilles des services de renseignements américains. Qui ont localisé un appel téléphonique suspect entre le Sarrasin et une femme, en Turquie, à
Bodrum. C’est là que notre super-espion est envoyé, sous une fausse identité. Celle
d’un agent du FBI devant collaborer avec la police turque pour élucider la mort
suspecte d’un ressortissant américain. Mais là encore, ce meurtre, semble
avoir été particulièrement bien exécuté, et pourrait avoir des liens avec celui
perpétré à New York…
Bodrum, en Turquie |
L’intrigue
autour du Sarrasin est effectivement très efficace. Invraisemblable,
mais efficace. Les hasards et coïncidences jalonnent l’histoire, les imprécisions
aussi (c'est où, c'est quand ?). Mais les rebondissements sont là, les développements de l’intrigue
surprennent et séduisent, l'habilité du héros à se sortir de tout, la préparation minutieuse de l'attentat croisée à la
traque du Sarrasin qui crée un réel suspens, les personnages secondaires, nombreux, qui réapparaissent régulièrement.
On pourra juste regretter une séquence finale trop attendue (et entretenue dès le début par des "quand j'ai pu enfin me trouver face au Sarrasin") et paradoxalement plutôt décevante, petit bras. Un peu trop sentimental le grand méchant ? On passera sur les stéréotypes ridicules, manichéens, les arabes, turcs,
albanais, français, italiens sont évidemment tous sales, puants et corrompus, face
aux gentils, serviables, dévoués, et remarquables services de renseignements
américains… Et puis quel sympathique président ils ont, veuf, le pauvre, mais tellement
brave homme… manque plus que le gentil toutou dans le Bureau Ovale, wouaf wouaf !
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