mardi 16 août 2016

BILLY GIBBONS "Perfectamundo" (2016)


Pas de lunettes noires, mais le bonnet et la longue barbe sont bien là, pas de doutes il s’agit bien d'un ZZ Top, en l’occurrence le chanteur guitariste Billy Gibbons, échappé du plus célèbre trio texan pour une escapade en solo, la première à 65 ans! Après 45 ans de fidélité on excusera volontiers cette petite incartade, qui pourtant a été diversement reçue par les fans du Top qui y ont peu goûté les incursions electro et hip/hop, l'utilisation du voccoder pour la voix et surtout le manque de hard boogie bien gras, fond de commerce du trio barbu. C'est vrai que si on s'attend à du ZZ Top on risque d'être déçu et c'est là le piège. Il faut comprendre que le texan a voulu se faire plaisir et aller sur un autre terrain que celui de son groupe habituel, et pourquoi pas après tout, quel intérêt y aurait il eu de refaire du ZZ Top? Une fois que l'on a accepté ce postulat on peut écouter d'une autre oreille ces 11 titres pour lesquels Billy s'est entouré de Alex Garza (basse), Greg Morrow (drums) Mike Flanigin (Hammond B3), Martin Guigui (piano, orgue) Joe Hardy (coproduction avec Gibbons, guitare, basse, claviers) et Gary Moon (guitare), Gibbons assurant lead vocaux et guitares, plus des parties de basse, orgue et piano. Sans oublier la touche essentielle apportée aux percussions par l'ensemble "Cubano Nationale Beat Generator". Congas, bongos, maracas et timbales que le jeune Gibbons apprit dans sa jeunesse avec un ami de son père, le légendaire Tito Puente.
Billy avec une Gibson Les Paul Pearly Gates
Une reprise pour débuter, celle de "Got love if you want it" du Louisianais Slim Harpo le maître du swamp blues. le gros riff d'intro laisse vite place à un rythme syncopé qui illustre le télescopage entre le blues des bayous et les rythmes de La Havane, entre Jambalaya et cigares… Un réjouissant métissage où percus et orgue sont en évidence et bien sur la guitare du Révérend, reconnaissable entre mille, et dont il ne sera pas avare de solos bluesy tout au long de l'album . C'est vrai que la voix travaillée peut agacer mais on s'y fait, certains titres seront en anglais, d'autres en espagnol. Seconde reprise à suivre avec "Treat her right" (Roy Head, 1965 repris par Jerry Lee Lewis, Springsteen, Roy Buchanan, Thorogood..); même ambiance salsa et colorée. "You're what's happenin' baby" mélange les genres avec une intro en blues rural made in Mississippi, de la salsa, un passage chanté en hip-hop (Alex Garza) suivi d'un gros riff plombé, pour le coup c’est un peu too much et difficile à suivre…

Deux titres sonnent tellement "latino" qu'ils pourraient être au répertoire de Carlos Santana ("Sal y piemento", "Hombre sin nombre"); on aura encore des touches electro et/ou hip hop dans "Pickin up chicks on dowling street", "Perfectamundo" et "Quiero mas dinero" qui feront tiquer les puristes, mais à petite dose et bien amené ça passe plutôt bien. La troisième reprise sera un méga-standard du blues signé Big Joe Williams, "Baby please don't go" à la sauce afro cubaine et avec un orgue à la Deep Purple. Du jazzy "Q-Vo" et un titre presque  "ZZ Topien" ( "Piedras Negars") complètent cette collection de rythmes pleins de soleil qui déconcerte un peu à la première écoute mais s’avère au final plutôt réussie.

ROCKIN-JL
(article paru initialement dans BCR LaRevue)

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