Bon, cela fait un bail que le chapitre réservé aux pépites « oubliés » (en particulier ceux des années 70) n'a pas été ré-ouvert.
Or, il est si bon de parler, d'écrire une bafouille, sur ces groupes qui ont disparu après avoir réussi à enregistrer et à sortir le fameux premier disque. Le but ultime, l'Eldorado, la Terre Promise, hélas atteint au prix de pénibles et douloureux efforts qui souvent a servi à donner le coup de grâce à des jeunes la tête pleine de rêves et d'espoir, éreintés par des années de galères, de mauvaise nutrition et de nuits écourtées.
Dans la famille des loosers magnifiques donc, voici BETTY. Un obscur quatuor Californien d'Altadena (petite ville du comté de Los Angeles, proche de Pasadena).
Une rareté, un unique
album du groupe sorti sur un petit label en 1971. Difficile de faire plus obscur car le disque n'avait été édité qu'à seulement deux cents exemplaires. Un disque réalisé en vitesse : une soirée de studio pour enregistrer live une partie de leur répertoire. Non pas pour en tirer profit, juste pour l'offrir aux potos et aux familles. Aux fans aussi ? Même pas pour le vendre pour quelques kopecks à la fin des concerts.
Le groupe manquait-il de confiance en lui ? Manquait-il de pugnacité ou est-ce que tout simplement son seul souci était de passer du bon temps sans se soucier du lendemain.
Prisé des collectionneurs, - la pochette, un rien macho, est assez connue chez les fouineurs, avide de vinyles introuvables - les rares vinyles sont chers, et les copies circulent, jusqu'à ce qu'un label, Shadoks Music, spécialisé dans le défrichage de trésors cachés remontant à l'ère antédiluvienne des années 60 et débuts 70, décide de lui offrir une seconde existence.
Bien que l'influence de Steppenwolf soit indéniable (principalement au chant, en second la guitare), on a parfois l'impression de retrouver le Big Brother & the Holding Company (celui de Cheap Thrills bien sûr) dans une version radicalement plus « heavy », évinçant les envolées psychédéliques, ainsi que le Blue-Cheer entre celui de "Vincebus Eruptum" et celui de "Outsideinside". Le tout principalement dans une orientation Boogie-rock, parfois proche d'un Canned Heat. On remarque que les groupes sus-cités sont tous originaires de Californie. [Y-compris le groupe de John Kay, car même si les membres fondateurs sont bien Canadiens, c'est bien en Californie que The Sparrows (en 1967) devient Steppenwolf]. Preuve que ces loustics ont dû bien s'immerger dans la scène locale.
Du Boogie-rock donc, dans une version pesante, virile, concise et « dirty », que l'on peut également qualifier de « Garage ». Le tout servit par un chanteur à la voix très éraillée et quelque peu lancinante (sur certaines chansons, se serait une sorte de John Kay légèrement enroué, à la gueule de bois), des guitares rêches, fuzzy, avec quelques phrasés de « Wah-wah » abrasive ; des nappes d'orgues Hammond, ou de piano bastringue, viennent agrémenter le tout. C'est rustique, simple dans l'ensemble, très loin de toute démonstration technique, mais certainement grâce une sincérité dans l'interprétation et la composition, totalement jouissif.
Pour un peu, on se croirait sur ces longues routes interminablement droites des USA, en décapotable ou sur un chopper, crinière aux vents, vêtu de bandanas, de jeans élimés, de santiago, d'un gilet en cuir, ou/et de falzar et chemise de Haigh-Ashbury Street. Un retour en arrière, dans une Californie insouciante, la tête
D'ailleurs certains titres parlent d'eux même, comme "Boogie with you", "High rollin' on the freeway", "Harley Perdoo", "Learn how to Boogie". Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a aucun déchet - et aucune reprise pour pallier le manque d'inspiration - dans ce disque gravé essentiellement pour les proches. En souvenir. Comme si, finalement, le collectif ne s'estimait pas, ne croyait pas en un probable succès.
Seul le titre final, "Lights Gonna Shine", une espèce de ballade de crooner pataud et maladroit (chanté pour l'occasion par McMahon) fait un peu tache. Probablement une concession pour faire plaisir, mais le chant, qui essaye de se donner des airs de chanteur de charme, est parfois décalé.
Un Boogie rock coincé entre les groupes susnommés et les premiers Foghat, The Boyzz, Buster Brown, Josefus, Frijid Pink.
Rien de singulier ou d'extraordinaire, néanmoins suffisamment de qualité, de bonnes vibrations, pour mériter de ne pas être totalement oublié. C'est le genre de truc simple, honnête, qui fait toujours passer un bon moment. Qui obtient un bon facteur de sympathie. Du pur charme millésimé.
Connexions (clic/lien) : Steppenwolf ("Live" 1970) ; Canned Heat ("Hooker'n'Heat" avec John Lee Hooker 1970) ; Buster Brown 1974
Le groupe manquait-il de confiance en lui ? Manquait-il de pugnacité ou est-ce que tout simplement son seul souci était de passer du bon temps sans se soucier du lendemain.
Prisé des collectionneurs, - la pochette, un rien macho, est assez connue chez les fouineurs, avide de vinyles introuvables - les rares vinyles sont chers, et les copies circulent, jusqu'à ce qu'un label, Shadoks Music, spécialisé dans le défrichage de trésors cachés remontant à l'ère antédiluvienne des années 60 et débuts 70, décide de lui offrir une seconde existence.
Bien que l'influence de Steppenwolf soit indéniable (principalement au chant, en second la guitare), on a parfois l'impression de retrouver le Big Brother & the Holding Company (celui de Cheap Thrills bien sûr) dans une version radicalement plus « heavy », évinçant les envolées psychédéliques, ainsi que le Blue-Cheer entre celui de "Vincebus Eruptum" et celui de "Outsideinside". Le tout principalement dans une orientation Boogie-rock, parfois proche d'un Canned Heat. On remarque que les groupes sus-cités sont tous originaires de Californie. [Y-compris le groupe de John Kay, car même si les membres fondateurs sont bien Canadiens, c'est bien en Californie que The Sparrows (en 1967) devient Steppenwolf]. Preuve que ces loustics ont dû bien s'immerger dans la scène locale.
Du Boogie-rock donc, dans une version pesante, virile, concise et « dirty », que l'on peut également qualifier de « Garage ». Le tout servit par un chanteur à la voix très éraillée et quelque peu lancinante (sur certaines chansons, se serait une sorte de John Kay légèrement enroué, à la gueule de bois), des guitares rêches, fuzzy, avec quelques phrasés de « Wah-wah » abrasive ; des nappes d'orgues Hammond, ou de piano bastringue, viennent agrémenter le tout. C'est rustique, simple dans l'ensemble, très loin de toute démonstration technique, mais certainement grâce une sincérité dans l'interprétation et la composition, totalement jouissif.
Pour un peu, on se croirait sur ces longues routes interminablement droites des USA, en décapotable ou sur un chopper, crinière aux vents, vêtu de bandanas, de jeans élimés, de santiago, d'un gilet en cuir, ou/et de falzar et chemise de Haigh-Ashbury Street. Un retour en arrière, dans une Californie insouciante, la tête
D'ailleurs certains titres parlent d'eux même, comme "Boogie with you", "High rollin' on the freeway", "Harley Perdoo", "Learn how to Boogie". Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a aucun déchet - et aucune reprise pour pallier le manque d'inspiration - dans ce disque gravé essentiellement pour les proches. En souvenir. Comme si, finalement, le collectif ne s'estimait pas, ne croyait pas en un probable succès.
Seul le titre final, "Lights Gonna Shine", une espèce de ballade de crooner pataud et maladroit (chanté pour l'occasion par McMahon) fait un peu tache. Probablement une concession pour faire plaisir, mais le chant, qui essaye de se donner des airs de chanteur de charme, est parfois décalé.
Un Boogie rock coincé entre les groupes susnommés et les premiers Foghat, The Boyzz, Buster Brown, Josefus, Frijid Pink.
Rien de singulier ou d'extraordinaire, néanmoins suffisamment de qualité, de bonnes vibrations, pour mériter de ne pas être totalement oublié. C'est le genre de truc simple, honnête, qui fait toujours passer un bon moment. Qui obtient un bon facteur de sympathie. Du pur charme millésimé.
Mike McMahon : Guitares et choeurs
Anthony Davis : Chants et guitares
Kerry Kanbara : Basse
Al Rodriguez : Batterie
Tom Jordan : Claviers
Connexions (clic/lien) : Steppenwolf ("Live" 1970) ; Canned Heat ("Hooker'n'Heat" avec John Lee Hooker 1970) ; Buster Brown 1974
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