samedi 30 juillet 2016

TCHAIKOVSKI – Ouverture de 1812 – Herbert von KARAJAN (1966) – par Claude TOON



- Tiens M'sieur Claude, un 2 sur 6 pour une œuvre du grand Piotr Illich ! Est-ce une daube ? Vous ne parlez toujours que de ce que vous aimez et qui semble réputé…
- Ô chère Sonia, un petit écart pour ironiser sur une œuvre classique bien lourdingue, une fois en six ans, je me fais un petit plaisir ?
- 1812 ? Un rapport avec la retraite de Russie par les armées napoléoniennes, la Bérézina, etc. ?
- Absolument, cette ouverture grandiloquente a été composée pour célébrer le soixante dixième anniversaire de la pâtée infligée à notre grand corse national !!!!
- Vous allez vous fâcher avec M'sieur Bruno… hi hi ! Est-ce vraiment nul ce morceau ?
- Bof, chacun ses goûts ! D'ailleurs, je soupçonne le pointilleux Tchaïkovski de s'être un peu amusé, voire d'en avoir rajouté dans le grandiose emphatique…

Tous les compositeurs ont des factures à payer et des menus services à rendre aux autorités de tutelles… Tchaïkovski n'échappe pas à la règle malgré un tempérament anxieux dû à son exigence extrême envers sa production musicale. En un mot, il n'aime guère composer pour le grisbi !
En 1882, la Russie commémore la victoire contre la Grande Armée qui mit fin à la tentative d'hégémonie sur l'Europe par Napoléon Bonaparte après la prise de Moscou  en septembre 1812. Courte victoire, car fin octobre, la situation est intenable dans la capitale incendiée par les russes. La célèbre et terrible retraite dans les steppes gelées commence… 130 ans plus tard, un sinistre Adolphe refera la même erreur…

Pour commémorer la victoire de 1812, les russes on construit la Cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, un splendide édifice. Elle sera détruite par ce butor de Staline en 1931 mais reconstruite au début de ce siècle, d'où son aspect pimpant…
Pour l'inauguration, Tchaïkovski est sollicité et va écrire sa pompeuse Ouverture de 1812. Il faut dire qu'en 1882, l'homme est considéré comme l'un des plus grands compositeurs slaves de sa patrie. Il a déjà à son actif les 4 premières symphonies, l'opéra Eugène Onéguine ou encore son ballet immortel Le Lac des Cygnes… D'une grande émotivité, le maître n'est guère porté sur la sauvagerie des musiques solennelles et guerrières…
Quitte à donner dans le patriotique triomphant, Tchaïkovski ne va pas composer dans la demi-mesure. De son ouvrage joyeusement tonitruant, lyrique et triomphal, il écrira lui-même :
"L'ouverture sera très explosive et tapageuse. Je l'ai écrite sans beaucoup d'amour, de sorte qu'elle n'aura probablement pas grande valeur artistique." Tapageuse, on s'en doute en examinant les effectifs prévus :
Un chœur d'homme (voir Pat, c'est le spécialiste des chorales soldatesques).
Piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes (en si) et 2 bassons, 4 cors (en fa), 2 cornets (en si), 2 trompettes (en mi), 3 trombones (2 ténors et 1 basse) et 1 tuba,  percussions, timbales, cymbales, grosse caisse, cloches, Tambourin, triangle, tambour militaire, cordes.
4 cloches (en carillon ou tubulaires en mi, fa, sol, si) et canon (avec boulets, si, si)
Et dans le final, une fanfare militaire (ad libitum) : 4 cors (en fa), 2 cornets (en si), 2 trombones, 1 tuba et tambours militaires
Une recette légère n'est-ce pas ?

XXXXX
J'ai choisi la version de Herbert von Karajan, qui ne fait guère de miracle pour fluidifier le tohubohu, mais est l'un des rares chefs à recourir au chœur d'homme (ici le chœur des cosaques du Don) qui introduit l'ouverture en chantant l'hymne : Dieu, sauve ton peuple. Ah les basses slaves… hummmm !
[2:40] La philharmonie de Berlin attaque virilement le thème héroïque et braillard qui va serpenter dans l'ouverture. Les torses se bombent, le pathétisme fait loi. [4:15] Un petit roulement de caisse claire et les premières mesures de la Marseillaise pour rappeler que l'on se foutait sur la tronche avec les français en cet automne 1812. Les amateurs de cuivres, de coups de cymbales et de timbales à péter les peaux seront aux anges, les fans de sonates… moins ! [7:00] Une mélodie immense comme le cœur des russes intervient. Bonjour le pathos, même André Rieu ne s'y est pas frotté. Le diable de Tchaïkovski est quand même un as de l'architecture pour varier des motifs attachants même si atrocement bravaches…
Soyons clair, par la suite, le compositeur joue la montre, se répète, un coup de marseillaise par ci, un coup de mélopée élégiaque par là avant la coda. Une coda du tonnerre dans tous les sens du terme : une fanfare rejoint l'orchestre pour tourner en rond sur le thème principal. On adjoint le son d'un canon (ajouté par électronique pour éviter des victimes dans le studio). Ah, un decrescendo qui n'en finit pas, Tchaïkovski cherche une idée et la trouve : des volée des cloches comme le jour de la libération de Paris, des accords de cuivres gueulards à n'en plus finir et quelques ultimes mesures qui ne sont pas sans faire penser à un défilé de canassons un jour de liesse…
Merci pour votre patience, peut-être votre écoute avec indulgence. Vous pouvez envoyer vos HP au contrôle technique !!!!!
Il faut noter que cette musique à réveiller les morts a été utilisée par le cinéma : par Woody allen, ou dans le film V comme Vendetta et également par des groupes de Rock, ou encore dans des pubs...
- heuu non Sonia, pas de disque de référence cette semaine… On trouve le machin en complément de diverses anthologies.




7 commentaires:

  1. Il me souvient que j'ai eu très tôt cette oeuvre, dans cette version, sur un 33T joliment intitulé "Hifi Klassik", alors même que la prise de son, si elle est assez spectaculaire pour son époque -1966-, n'est cependant pas parfaite -dynamique loin d'être exemplaire, canons aux sonorités manquant d'explosivité -un comble, non ?- et qu'on a fait nettement mieux depuis ! La grande originalité, en son temps, fut l'adjonction des choeurs d'introduction -qui n'est pas du compositeur, mais d'Igor Buketoff-.
    Tchaïkovsky n'aimait pas cette oeuvre "alimentaire", qui s'inscrit dans le droit fil de "La bataille de Wellington" de Beethoven : les deux connurent pourtant un énorme succès à leur époque.

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  2. Comment ça je suis un spécialiste des chorales soldatesques ??? Parce que j'ai fait une chronique sur les choeurs de l'armée soviètique ?? J'aime bien l'ouverture 1812 moi !!! Mais celle de Karajan avec les choeurs en ouverture pas trop, je préfère celle avec les violons. a croire que les compositeurs n'aimaient pas trop Napoléon, déja Beethoven avec la symphonie n°3 "Eroica" qu'il avait dédicacé à Bonaparte et quand ce dernier se proclame empereur, il l'effacera pour celui de son mécène. Ludwig qui va récidiver avec la bataille de Vitoria (Victoire de Wellington sur les armées napoléoniennes, d'ailleur Claude, ne trouve pas que ce morceau est aussi pompeux que l'ouverture 1812 avec ses canons, ses mousquets et ses cloches ??? La version d'Antal Dorati chez Philips en est l'exemple flagrant. J'avais acheté une version économique il y a longtemps sur le Boul'Mich: L'orchestre symphonique de Vienne dir. Michael Gielen (1976 Collection Everest) et je n'ai jamais entendus mieux depuis.

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  3. Oui Pat la Victoire de Wellington est de la même veine fanfaronne ! !!!
    Michael Gielen est un chef d'exception (jumeau en âge et ami de Boulez). Sans doute un article à prévoir sur ce grand artiste...
    Message depuis la Savoie ;O)

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  4. Si je comprend bien cette ouverture solennelle aurait tendance à nous casser les noisettes

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