- Tiens M'sieur Claude, un 2 sur 6 pour une œuvre du
grand Piotr Illich ! Est-ce une daube ? Vous ne parlez toujours que de ce
que vous aimez et qui semble réputé…
- Ô chère Sonia, un petit écart pour ironiser sur une œuvre classique
bien lourdingue, une fois en six ans, je me fais un petit plaisir ?
- 1812 ? Un rapport avec la retraite de Russie par les armées
napoléoniennes, la Bérézina, etc. ?
- Absolument, cette ouverture grandiloquente a été composée pour célébrer
le
soixante dixième anniversaire de la pâtée
infligée à notre grand
corse national !!!!
- Vous allez vous fâcher avec M'sieur Bruno… hi hi !
Est-ce vraiment nul ce
morceau ?
- Bof, chacun ses goûts ! D'ailleurs, je soupçonne le pointilleux
Tchaïkovski de s'être un peu amusé, voire d'en avoir rajouté dans le
grandiose emphatique…
Tous les compositeurs ont des factures à payer et des menus services à
rendre aux autorités de tutelles…
Tchaïkovski
n'échappe pas à la règle malgré
un tempérament anxieux
dû à son exigence extrême envers sa production musicale. En un mot, il n'aime guère composer pour le
grisbi !
En 1882, la Russie commémore la victoire contre la Grande Armée qui
mit fin à la tentative d'hégémonie sur l'Europe par Napoléon Bonaparte après
la prise de Moscou en septembre 1812. Courte victoire, car fin octobre, la situation est intenable dans la capitale incendiée par les
russes. La célèbre et
terrible retraite dans les steppes gelées commence… 130 ans plus tard, un
sinistre Adolphe refera la même erreur…
Pour commémorer la victoire de 1812, les russes on construit la
Cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, un splendide édifice. Elle sera détruite par ce butor de Staline en 1931
mais reconstruite au début de ce siècle, d'où son aspect pimpant…
Pour l'inauguration,
Tchaïkovski
est sollicité et va écrire sa pompeuse
Ouverture de 1812. Il faut dire qu'en 1882,
l'homme est considéré comme l'un des plus grands compositeurs slaves de sa
patrie. Il a déjà à son actif les
4 premières symphonies, l'opéra
Eugène
Onéguine
ou encore son ballet immortel
Le Lac des Cygnes… D'une grande émotivité,
le maître n'est guère porté sur la sauvagerie des musiques solennelles et
guerrières…
Quitte à donner dans le patriotique triomphant,
Tchaïkovski
ne va pas composer dans la demi-mesure. De son ouvrage joyeusement tonitruant, lyrique et triomphal, il écrira
lui-même :
"L'ouverture sera très explosive et tapageuse. Je l'ai écrite sans
beaucoup d'amour, de sorte qu'elle n'aura probablement pas grande valeur
artistique." Tapageuse, on s'en doute en examinant les effectifs prévus :
Un chœur d'homme (voir Pat, c'est le spécialiste des chorales
soldatesques).
Piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes (en si♭) et 2 bassons, 4 cors (en fa), 2 cornets (en si♭), 2 trompettes (en mi♭), 3 trombones (2 ténors et 1 basse) et 1 tuba, percussions,
timbales, cymbales, grosse
caisse, cloches, Tambourin, triangle, tambour militaire, cordes.
4 cloches (en carillon ou tubulaires en mi♭, fa, sol, si♭) et canon (avec boulets, si, si)
Et dans le final, une fanfare militaire (ad libitum) : 4 cors (en fa), 2
cornets (en si♭), 2 trombones, 1 tuba et tambours militaires
Une recette légère n'est-ce pas ?
XXXXX |
[2:40]
La philharmonie de Berlin
attaque virilement le thème héroïque et braillard qui va serpenter dans
l'ouverture. Les torses se bombent, le pathétisme fait loi. [4:15] Un petit
roulement de caisse claire
et
les premières mesures de la
Marseillaise pour rappeler
que l'on se foutait sur la tronche avec les français en cet automne
1812. Les amateurs de cuivres,
de coups de cymbales et de timbales à péter les peaux seront aux anges, les
fans de sonates… moins ! [7:00] Une mélodie immense comme le cœur des russes
intervient. Bonjour le pathos, même
André Rieu ne s'y est pas
frotté. Le diable de
Tchaïkovski
est quand même un as de l'architecture pour varier des motifs attachants
même si atrocement bravaches…
Soyons clair, par la suite, le compositeur joue la montre, se répète, un
coup de marseillaise par ci, un coup de mélopée élégiaque par là avant la
coda. Une coda du tonnerre dans tous les sens du terme : une fanfare rejoint
l'orchestre pour tourner en rond sur le thème principal. On adjoint le son
d'un canon (ajouté par
électronique pour éviter des victimes dans le studio). Ah, un decrescendo
qui n'en finit pas,
Tchaïkovski
cherche une idée et la trouve : des volée des cloches comme le jour de la
libération de Paris, des accords de cuivres gueulards à n'en plus finir et
quelques ultimes mesures qui ne sont pas sans faire penser à un défilé de
canassons un jour de liesse…
Merci pour votre patience, peut-être votre écoute avec indulgence. Vous
pouvez envoyer vos HP au contrôle technique !!!!!
Il faut noter que cette musique à réveiller les morts a été
utilisée par
le cinéma
: par Woody allen, ou dans le film V comme Vendetta et
également par des groupes de Rock, ou encore dans des pubs...
- heuu non Sonia, pas de disque de référence cette semaine… On trouve le
machin en complément de diverses anthologies.
Il me souvient que j'ai eu très tôt cette oeuvre, dans cette version, sur un 33T joliment intitulé "Hifi Klassik", alors même que la prise de son, si elle est assez spectaculaire pour son époque -1966-, n'est cependant pas parfaite -dynamique loin d'être exemplaire, canons aux sonorités manquant d'explosivité -un comble, non ?- et qu'on a fait nettement mieux depuis ! La grande originalité, en son temps, fut l'adjonction des choeurs d'introduction -qui n'est pas du compositeur, mais d'Igor Buketoff-.
RépondreSupprimerTchaïkovsky n'aimait pas cette oeuvre "alimentaire", qui s'inscrit dans le droit fil de "La bataille de Wellington" de Beethoven : les deux connurent pourtant un énorme succès à leur époque.
Comment ça je suis un spécialiste des chorales soldatesques ??? Parce que j'ai fait une chronique sur les choeurs de l'armée soviètique ?? J'aime bien l'ouverture 1812 moi !!! Mais celle de Karajan avec les choeurs en ouverture pas trop, je préfère celle avec les violons. a croire que les compositeurs n'aimaient pas trop Napoléon, déja Beethoven avec la symphonie n°3 "Eroica" qu'il avait dédicacé à Bonaparte et quand ce dernier se proclame empereur, il l'effacera pour celui de son mécène. Ludwig qui va récidiver avec la bataille de Vitoria (Victoire de Wellington sur les armées napoléoniennes, d'ailleur Claude, ne trouve pas que ce morceau est aussi pompeux que l'ouverture 1812 avec ses canons, ses mousquets et ses cloches ??? La version d'Antal Dorati chez Philips en est l'exemple flagrant. J'avais acheté une version économique il y a longtemps sur le Boul'Mich: L'orchestre symphonique de Vienne dir. Michael Gielen (1976 Collection Everest) et je n'ai jamais entendus mieux depuis.
RépondreSupprimerOui Pat la Victoire de Wellington est de la même veine fanfaronne ! !!!
RépondreSupprimerMichael Gielen est un chef d'exception (jumeau en âge et ami de Boulez). Sans doute un article à prévoir sur ce grand artiste...
Message depuis la Savoie ;O)
Si je comprend bien cette ouverture solennelle aurait tendance à nous casser les noisettes
RépondreSupprimerGénial...
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