jeudi 30 juin 2016

MARILLION - CLUTCHING AT STRAWS - par Pat Slade






Fish Se Raccroche aux Branches





On va encore me dire que j’ai du retard dans mes livraisons ! mais je voulais parler d’un des plus beaux concerts qu’il m’a été de voir. En décembre 1987, j’étais au Palais Omnisports de Paris Bercy pour aller voir ce qui était considéré à l’époque comme le top du progressif et du néo-prog confondus : Marillion. Le groupe surfait depuis 1985 sur le succès de l’album «Misplaced Childhood» et venait de sortir depuis peu «Clutching at Straws».  

La seule chose que le public ne savait pas, c’est que ce serait le dernier album et la dernière tournée avec Fish le géant écossais.

Ce quatrième album sera surement l’un des plus beaux et des plus sombres qu’ils aient pus sortir. «Clutching at Straws» (Se raccrocher aux branches) autrement dit à des choses dérisoires. Est-ce un concept-album ? L’histoire de Torch, un personnage sorti tout droit de l’imagination de Fish, qui est un écrivain en manque d’inspiration et qui passe ses nuits dans les pubs en noyant ses échecs dans l’alcool. Torch le double maudit de Fish ? Un album autobiographique ? 

On commence avec «Hôtel Hobbies» et «Warm Wet Circle» et Torch qui regarde autour de lui l’entourage, la fange dans laquellle il erre et la vie qu’il mène «The warm wet circles… (Les milieux humides et chauds…)». «That Time of the Night (The Short Straw)» et «Going Under» où Torch explique comment il a pu tomber si bas et ses dérives dans l’existence.

«Just for a Record» Torch exorcise le personnage qu’il était et commence à faire son coming-out «Just for a record, I’m gonna change  my life around… (Pour la petite histoire que je vais changer de vie…)». Et puis la Russie, ou plutôt l’URSS avec «White Russian», Torch y a t’il voyagé ? On y parle de guerre froide, de goulag et de White Russian : le cocktail à base de vodka, de liqueur de café et de crème (Le même que boit Le Duc dans «The Big Lebowski»). Ce titre est-il à part dans l’histoire ? Ou est-ce un clin d’œil à la boisson favorite de son héros dipsomane ?

Le hit de l’album sera «Incommunicado»  avec un Torch à la recherche de la reconnaissance de sa gloire passée : «I’m a Marquee veteran, a multimedia bonafide celebrity… (Je suis un vétéran de renom, une célébrité de bonne foi des multimédias…)». «Torch song» avec Torch qui parle avec son médecin qui lui signale que s'il continue à maintenir ce mode de vie, il n’atteindra jamais 30 ans. «Slainte Mhath» Un titre qui porte le nom d’un bar à Edinburgh, avec une musique qui décoifferait un chauve et la puissante voix de Fish qui va décrocher les araignées. «Sugar Mice» musicalement le plus beau titre de l’album où notre héros noie dans l’alcool les morceaux de sa vie sentimentale et le regret de ne pouvoir voir ses enfants. «The Last Straw» avec un Torch qui parle de sa vie et de ses travers et en fait une généralité «Are we too far gone, are we so irresponsible (Sommes-nous allés trop loin, sommes nous si irresponsable…)». Un album qui se termine dans un «Happy Ending» une fin heureuse… avec plutôt un rire cynique qu’autre chose. 

La pochette de l’album comporte des «Invités» qui se mélangent au groupe comme Robert Burns, un poète écossais du XVIIIème siècle, Dylan Thomas, écrivain et poète Gallois, le romancier américain Truman Capote et le comédien satiriste Lenny Bruce. Au dos de la pochette, John Lennon, James Dean et Jack Kerouac, trois célébrités reconnues. Les inspirations de Fish pour les paroles de l’album auquel il fera des allusions comme dans «Torch Song» : «Read some Kerouac…» (Lisez un certain Kerouac…).

Un album qui sera très bien reçu et recevra des critiques élogieuses. Le journal Rolling Stones le classera n°37 des 50 meilleurs albums de rock prog de tous les temps. J’ai surtout parlé de l’histoire de l’album, mais pour ce qui est de la musique, c’est encore mieux… de «Warm Wet Circles» à «White Russian» en passant par le bondissant «Icommunicado» et le magnifique «Sugar Mice» ce quatrième album de Marillion est le plus abouti, le plus fini, le plus léché. Avec le guitariste Steve Rothery qui sort des arpèges à la manière d’un Steve Hackett à l’époque de Génésis, Mark Kelly et ses claviers omniprésents et surtout la voix de Fish qui prédomine.

Un album qui aura droit à une réédition en double CD en 1999 avec des titres additionnels et une version vinyle en 2013.      



Marillion la machine live     






Marillion à Bercy 14/12/1987


Il existe un album pirate que l’on peut même trouver sur youtube.


Marillion sur scène, c’est un spectacle total, interdit de s’absenter pour besoin naturel pendant un de leur concert. C’est comme si vous alliez voir un film et que vous vous absentiez au moment où le héros embrasse sa dulcinée. Les talking de Fish, le jeu de scène, une sono de première qualité (Et pourtant le son de Bercy est loin d’être le meilleur !), des décors, des lumières comme je n’en avais jamais vues avant (Et comme je n’en verrais jamais plus !). Pour ce faire une idée, il suffit de regarder le DVD du spectacle de Marillion «Live From Loreley». Mais ce dernier, même s'il est très bon, a été filmé en extérieur et la différence se fait tout de suite sentir. Mais Marillion n’est plus Marillion depuis le départ de Fish, je ne dis pas que Steve Hogarth est mauvais, loin de là, mais je trouve qu’il a moins de charisme que le géant écossais. En première partie, nous eûmes le groupe Dalbello (Lisa Dalbello), c’est triste à dire, mais je n’en ai aucun souvenir et je ne trouve aucune trace de ce groupe. Marillion jouera une partie de « Clutching at Straws» et reprendra ses classiques de scène : 

Set list :
01 The Thieving Magpie (La Gazza Ladra)
02 Assassing
03 White Russian
04 Sugar Mice
05 The Last Straw
06 Hotel Hobbies
07 Warm Wet Circles
08 That Time Of The Night (The Short Straw)
09 Misplaced Childhood (Part 1)
10 Fugazi
11 Incommunicado
12 Garden Party
13 Market Square Heroes 





9 commentaires:

  1. Hello mon poto, j'y étais également à Bercy ce soir là ....

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    1. Et comme souvenirs ? As tu les mêmes ??

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    2. J'y étais également. C'était géant, un véritable voyage. Je n'ai jamais trouvé les mots pour "parler" de ce concert. Merci pour ce partage

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    3. Cher(e ?) anonyme, je suis exactement dans le même état d'esprit pour définir ce magnifique concert et cela même après 29 ans !!

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    4. Une anonyme...
      Nous avons eu beaucoup de chance. J'ai revu Fish (seul) à l'Olympia. Pour moi également, Marillion a disparu avec le départ de Fish, l'immense Fish.
      29 ans et pourtant je m'en souviens parfaitement... on n'oublie pas le bonheur, la preuve !

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    5. En effet, les merveilleux souvenirs ne disparaissent jamais ...

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  2. Quel fantastique album et quel fantastique groupe était ce Marillion là ! Bien sûr l'autre Marillion aura aussi réussi d'autres beaux albums avec le remplaçant de Fish, mais rien ne sera plus jamais comme avant. L'énergie et l'aspect introspectif du groupe a cette époque aura ensuite cédé sa place a une une forme de Pop Ambiante bien trop souvent porté par des relents par trop mélancoliques selon moi. J'ai d'ailleurs beaucoup plus suivi Fish au cours de sa carrière en solo. Mais même là, rien ne sera jamais parvenu a hauteur de cette alchimie qui émanait entre ces 5 musiciens. Malheureusement aussi, Fish chante aujourd'hui comme une savate.

    A la votre !

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  3. sont deuxième solo "Internal Exile" et sont dernier en 2013 "A Feast of Consequences" sont de très bon albums. Je trouve que sa voix est plus proche de Peter Gabriel vieux qu'autre chose.

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  4. Je parlais surtout de sa voix désastreuse en concert principalement. C'est drôle mais Internal Exile compte parmi ceux que j'aime le moins de sa discographie, même s'il possède de très bonnes choses. Mon choix se portera sur Sunsets on Empire (1997), Raingod with Zippo's (1999) et 13th Star (2007).

    J’achèterais surement un de ces jours ce fameux Feast of Consequences dont j'ai lu beaucoup de très bons avis.

    Je regrette de ne pas maîtriser l’anglais comme d'autres, tant je sais a quel point les textes de Fish ont toujours été d'une grande richesse.

    PS: La filiation avec la voix de Peter Gabriel a toujours été chez le géant écossais me semble-t-il ? Ce qui lui aura été souvent reproché par ses détracteurs. Son maquillage dans les premières années de Marillion y étant pour beaucoup aussi.

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