Le Métèque sur scène
Il est
malheureux qu’au Déblocnot nous devions parler de certains artistes uniquement pour
annoncer leurs décès et faire un RIP sans en avoir parlé de leur vivant. Il y
a 3 ans disparaissait le juif errant, le pâtre grec avec ses cheveux aux quatre
vents.
De sont vrai nom Guiseppe Mustacchi (Il prendra le pseudo de Georges après avoir entendu Brassens au «trois Baudets» à qui il porte une
admiration sans borne). Il recroisera
l’homme aux moustaches, il lui fera écouter ses compositions. Ce dernier
trouvera son travail de qualité et lui conseillera de persévérer. Il commencera
sa carrière comme compositeur pour les autres et son carnet d’adresses est
prestigieux, Edith Piaf, Colette Renard, Yves Montant, Dalida et sa grande amie Barbara
qui disait de lui : «Moustaki, c’est
ma tendresse». La dame brune lui présente Serge
Reggiani, l’acteur qui désire devenir chanteur va lui commander
plusieurs titres. Tout ce qu’il va lui composer seront des succès : «Sarah»,
«Ma Liberté».
Reggiani va refuser un titre, il s’agit du «Le Métèque».
Moustaki décide de la chanter lui-meme et l'album sorti en 1969, avec un million
d’exemplaires, sera un trente trois tours récompensé par le Grand Prix de l’Académie
Charles Cros. Le compositeur se retrouve interprète et la scène s’ouvre alors à lui.
Bobino 70
Quoi de mieux que Bobino pour
faire ses premières armes face au public, surtout que c’est la résidence
secondaire de son idole et mentor Georges Brassens ?
Il est bien entouré : la voix de Catherine Le Forestier, la sœur d’un
autre barbu célèbre de l’époque, (un certain Maxime), du guitariste Joël
Favreau accompagnateur de Georges Brassens,
du contrebassiste de jazz Michel Gaudry qui
accompagnera les plus grands de Barbara à Gainsbourg jusqu’à Billie Holiday
et Duke Ellington, du violoncelliste de jazz Jean-Charles Capon qui
accompagnera l’accordéoniste Richard Galliano et
du percussionniste Philippe Combelle qui accompagnera Jacques
Brel jusqu’à l’ultime concert de ce dernier en 1966.
Georges
Moustaki , en 1970, n’a que deux albums studio à son actif. Le premier sortait en 1969 «Les Orteils au Soleil» et «Le Métèque» un an avant le concert, alors de
quoi allait être composé le programme ? Il piochera dans les 45 tours
qu’il avait sorti les années précédentes et rajoutera des titres inédits.
«Le temps de
Vivre» ouvre le bal : la chanson qu’il a écrite pour le film du même
nom avec Marina Vlady, la chanson aura autant de
succès que le film. «Votre fille à vingt ans» qu’il avait composée
pour Serge Reggiani, «La Pierre» ou le thème de la
mort est abordé : «Devant la
pierre abandonnée, fleurie de quelques fleurs fanées». «Dans mon
Hamac»
l’éloge à la paresse sur un rythme entre les Antilles et la musique
sud-américaine, un morceau qu’il avait gravé dans la cire en 1963. «Nos Corps» Une chanson d’amour plutôt sensuelle évoquant la rencontre torride de deux corps, avec une orchestration où
les instruments rajoutent une note forte à ce morceau de cinq minutes écrit en
collaboration avec le peintre-écrivain Georges Brunon.
«Requiem pour
n’importe qui», chanson qui illustre l’absurdité de la guerre,
quelques soient ses frontières. Arrive le hit «Ma Liberté», le titre qu’il
avait écrit pour Reggiani (Comme le titre précédent) mais qu’il n’enregistrera jamais sur un album.
«Eden Blues»
un titre qu’il avait écrit pour Edith Piaf ; il reprendra
l’orchestration en folk-blues. «Donne du Rhum à ton Homme» une biguine rapide
ou les musiciens s’amusent comme des petits fous ! Moustaki ira jusqu'à faire un
petit clin d’œil à Tino Rossi vers la fin du
morceau. Encore une recherche dans les vieilleries avec un titre de 1966 «Dire qu’il
faudra mourir un jour» une image sur la mort et les tracasseries
qu’elle va nous apporter : «Dir’ qu’il
faudra rester tout seul, dans la tristesse d’un linceul, sans une fille pour la nuit, sans une bouteille de
whisky». Fin de concert avec «Ye Ye Ye» une improvisation chante qu’il n’a plus rien à chanter et c’est pour ça qu’il fait ye ye ye.
Le concert à Bobino aura du
succès et l’album va très bien se vendre. Sa carrière va décoller. 21 albums studio,
6 live, des B.O de films. Trois ans après sa mort, Georges Moustaki, le juif errant, nous laisse
un beau patrimoine musical et cet album à Bobino en 1970 est l'exemple flagrant de son talent.
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