- Une messe de Bach cette semaine M'sieur Claude
?
Je me suis laissée dire
que la messe en si mineur était l'un de ses plus grands chefs
d'œuvre…
- Oui, Bach a composé cet ouvrage pour le rite catholique vers la fin de
sa carrière en assurant la
synthèse d'une vie de découvertes et de travail
pour les
liturgies luthériennes…
- Nos lecteurs ne sont pas toujours très proches de la musique d'église à
mon avis.
- Cela ne nous regarde pas… Et puis il faut avoir conscience que par son
style oratorio comme les
Passions, il s'agit
plutôt d'un grand moment
de musique, avec spiritualité en prime…
- Je vois, on peut être athée et être sensible à une musique qui porte à
la sérénité et à la zénitude si je peux employer ce néologisme. Pourquoi
Frans Brüggen ?
- Les grandes interprétations sont légions. Mais, il est admis que
Frans Brüggen a su
trouver
un juste milieu entre les ayatollahs du baroque et les interprétations
proche du romantisme grandiose des générations précédentes…
Frans Brüggen (1934-2014) (Lien) |
J'ai attendu plus de cinq ans avant de commenter l'œuvre que je souhaiterai
écouter sur mon lit de mort. Avant mon trépas et même juste après, si le
long tunnel éblouissant existe, car je déteste ne pas terminer une écoute.
Attention, je risque de vous
faire croire que la
messe en si mineur
est une musique funèbre. Or il n'en est rien. À l'opposé d'un Requiem
destiné aux funérailles, cette
messe
de
Bach
est un ouvrage de reconnaissance, une profession de foi confiante pour les
croyants et, de toute façon, elle reste une magnifique et lumineuse
partition pour les vilains
mécréants☺…
Inutile de préciser que pour l'interprétation à proposer à votre écoute, le
choix est immense. Deux écoles se complètent sans s'affronter.
En premier, les descendants du style romantique hérité des travaux de
Mendelssohn
qui redécouvrit et immortalisa au début du XIXème siècle les œuvres
du
Cantor
(qui sinon seraient tombées dans l'oubli). C'est le cas des grands chefs
historiques des années 40 à 60 qui ont gravé ce monument avec des chanteurs d'opéras et des effectifs choraux et orchestraux
importants. Le flot musical
d'essence baroque n'est peut-être pas très délié, mais les plus inspirés de
ces maestros
historiques font preuve
d'une ferveur religieuse qu'il ne faut pas rejeter par snobisme*.
En second, depuis les
années 50 et les travaux de
Nikolaus Harnoncourt
disparu récemment
(Clic), on bénéficie d'une clarté polyphonique plus détaillée
grâce au
retour aux sources des interprétations dites "à l'ancienne", à savoir sur
instruments d'époque et avec des effectifs plus réduits et colorés.
Chaque chef baroqueux
a depuis gravé son interprétation… D'où une pléthore de disques (en centaines ?). Je
proposerai en fin d'article mon choix personnel des interprétations qui me passionnent depuis près de cinquante ans (Pas
toutes, car j'en ai beaucoup…☺).
*
Lors des écoutes comparées, commentées à la radio ou dans la presse
spécialisée, je ricane toujours face à ces critiques officiels qui
vomissent ce qu'ils encensaient il y a quarante ans et inversement,
méprisant les artistes historiques disparus pour s'attirer les bonnes
grâces des baroqueux en exercice qui leur envoient leur dernières
parutions… (J'ai entendu l'an passé Otto Klemperer comparé à un
"mammouth" dans Bach,
sympa !)
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Marc Chagall (illustration cantiques des cantiques) |
C'est en 1990 que paraît chez
Philips l'enregistrement de
Frans Brüggen
réalisé avec son
orchestre du XVIIIéme
siècle (dont il est le fondateur) et le
chœur de chambre néerlandais. C'est un choc et un succès critique et public. L'album avait disparu du
catalogue lorsque Philips avait décidé de limiter à la portion congrue sa
production de CD classique.
Decca a réédité cet
enregistrement en double album, hélas sans aucun livret explicatif.
Quant au parcours exemplaire de
Frans Brüggen
qui réhabilita la flûte à bec et su réconcilier les baroqueux quasi
intégristes et les nostalgiques des interprétations de la musique baroque
dans un style classique, un hommage lui a été rendu en 2014 lors de
sa disparition (lien sous la photo).
Frans Brüggen
effectua un recul par rapport aux effectifs trop maigrelets, il est connu
que
Bach
lui-même déplorait de ne pas disposer à l'époque d'un nombre plus important
de chanteurs et de musiciens pour ses grandes œuvres… Il est donc judicieux
de tenter de lui offrir des ensembles qui correspondent à ce qu'il
souhaitait… J'ai eu la chance de voir ce grand chef diriger cette messe à la
cité de la musique en 2001. Il
avait retenu ses options
interprétatives avec un trentaine de musiciens et autant de choristes de
l'Orchestre de Paris. À l'évidence grippé, livide et émacié, dirigeant assis, le chef avait
obtenu une interprétation de bon aloi avec des artistes non familiers du
style baroque. Pour les chœurs des passages les plus recueillis, seuls 12
chanteurs intervenaient, une excellente trouvaille…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
La
Messe en si mineur
de
Bach
déconcerte par :
sa durée de composition
(plus de vingt ans), ses
dimensions exceptionnelles, le fait qu'elle ne soit pas le résultat d'une
commande officielle et le recours à la parodie à outrance. Je rappelle que
dans ce contexte, le mot parodie désigne la réutilisation de mélodies
déjà écrites voire orchestrée dans d'autre partitions et sur lesquelles on
plaque les paroles. Sauf que Bach
adapte avec cohérence, ni plagiat ni réchauffé.
La durée de la plupart des messes
baroques ne dépasse guère
les 20 minutes, la messe en si mineur
: 1H50 à 2H10.
Le texte se limite bien entendu à l'ordinaire de la messe et ses cinq prières obligées alternant
avec la liturgie propre à un dimanche ou un jour particulier : textes de
l'ancien testament,
Évangiles, épitres,
eucharistie. Petit rappel pour les athées pratiquants. Donc, 5 grandes
parties :
Kyrie,
Gloria,
Credo
(dans sa version longue dite de Nicée-Constantinople),
Sanctus-Benedictus
et
Agnus Dei
en conclusion. Texte en latin pour une messe que
Bach
semble avoir destinée tant pour le culte luthérien que catholique ! Un
office qui devait durer 3
heures et plus !
En général, dans les messes écrites par les compositeurs, chaque prière
mise en musique est jouée dans la continuité. Ce sera le cas pour
Mozart,
Haydn,
Beethoven,
Schubert,
Bruckner
pour citer les auteurs d'œuvres marquantes dans ce domaine.
Ici,
Bach
subdivise sa partition bien au-delà des habitudes en donnant une forme
oratorio à sa messe, à savoir : chaque verset principal d'une
prière donne lieu à
l'écriture d'un chœur ou d'un air en solo ou en duo. Chaque morceau
possédant ainsi sa propre thématique musicale. Soit 26
morceaux indépendants. Je propose ci-dessous un tableau de cette
organisation
sans préciser dans quelles œuvres antérieures
Bach
a puisé ses matériaux mélodiques. (Il y a des sites pour s'amuser à établir
les rapprochements.)
Ce découpage offre à cette messe une diversité de pièces courtes qui ne la
fait à aucun moment dériver vers un pensum sulpicien hypertrophié. J'irai
jusqu'à dire que
Bach
voit sa messe comme une aventure spirituelle dont l'inventivité polyphonique
et la rutilance de l'orchestration enchantent bien au-delà de
sa
vocation
sacrée. Le testament ultime d'une vie guidée par une foi profonde, bien
avant d'être une page utilitaire même brillantissime
et destinée à satisfaire le clergé ou les princes de l'Église. Dans les deux
cas, la réussite est totale.
Comme il va être d'usage pendant deux siècles : l'effectif vocal comprend
quatre chanteurs solistes (soprano, alto ou contreténor, ténor et basse), un
chœur mixte (sans doute de garçons à l'époque) et se complète d'un orchestre
assez fourni avec cordes, cors, trompettes, flûtes, hautbois, hautbois
d'amour, bassons, timbales et orgue, un continuo. De mystique, cette œuvre devient lyrique
avec cette forme d'opéra religieux, ce qui est
assez
inattendu sur le plan liturgique.
On trouvera
cette écriture moins
insolite en considérant que
Bach
est l'auteur des immenses et
ambitieuses passions.
CD 1 : Kyrie
|
Credo : Symbolum Nicenum (1748/49)
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Agnus Dei (1748/49)
|
Kyrie eleison
(chœur)
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[53:23] Credo in unum Deum (chœur)
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[1:36:30] Agnus Dei (alto solo)
|
[8:55] Christe eleison
(duo pour soprano & alto)
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[55:23] Patrem omnipotentem (chœur)
|
[1:41:37]
Dona nobis pacem (chœur)
|
[14:05]
Kyrie eleison
(chœur)
|
[57:06] Et in unum Dominum (duo pour soprano & alto)
|
|
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[1:01:40] Et incarnatus est (chœur)
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|
Gloria
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[1:04:45] Crucifixus (chœur)
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[18:00] Gloria in excelsis (chœur)
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[1:07:46]
Et resurrexit (chœur)
|
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[19:43] Et in terra pax (chœur)
|
[1:11:31] Et in Spiritum Sanctum (basse solo)
|
|
[24:35] Laudamus te (aria pour alto solo)
|
[1:16:39] Confiteor (chœur)
|
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[29:00] Gratias agimus tibi (chœur)
|
[1:19:42] Et expecto (chœur)
|
|
[32:03]
Domine Deus (duo pour soprano & ténor)
|
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[37:46] Qui tollis peccata mundi (chœur)
|
CD 2 : Sanctus (1725)
|
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[40:45] Qui sedes ad dextram Patris (alto solo)
|
[1:23:25] Sanctus
(chœur)
|
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[45:17]
Quoniam tu solus sanctus
(basse solo)
|
[1:27:38]
Osanna in excelsis
(chœur)
|
|
[49:32] Cum Sancto Spiritu (chœur)
|
[1:30:04] Benedictus
(ténor solo)
|
27 plages car le Credo et
le Patrem sont séparés. |
|
[1:34:03] Osanna repetatur
(chœur)
|
|
Fra Angelico : Eucharistie (vers 1420-1450) XXXX |
Philosopher sur chaque
partie de cette grande œuvre serait un non-sens. Attachons-nous à quelques passages typiques de l'art génial de
Bach
et aux
talents des artistes à
travers quelques exemples caractéristiques.
Passages indiqués en bleu dans le tableau.
Premières mesures du
Kyrie
(Seigneur ayez pitié de nous) : le chœur lance un cri à l'unisson (souligné par les cordes et les vents). Est-ce
la plainte désespérée du
pêcheur invétéré ? Absolument pas
!
Au contraire, nous écoutons un hymne de confiance totale dans la miséricorde
divine. Comme écrivait le disciple Saint-Paul, la faute est humaine et sans
doute regrettable, certes, mais l'important est d'aimer et de garder
confiance dans le Christ. Dans son long
Kyrie
de 20 minutes,
Bach
a retenu la leçon de cette citation de la lettre aux Galates. Pour le
premier verset, les voix des choristes sont lumineuses, les tessitures
limpides et bien audibles, la profondeur émotionnelle convaincante. Cette
exhortation est suivie d'une introduction orchestrale quasi pastorale, l'un
des arias polyphoniques et concertants dont le cantor avait le secret.
Frans Brüggen
adopte un tempo vif pour faire chanter bois et cordes qui se répondent
allègrement, une mélodie tonique et colorée. La rythmique est allègre mais
aucunement appuyée. L'entrée du chœur se révèle franche et radieuse. Une
interprétation qui respire un rituel de fête et non une sempiternelle
déploration d'expiation des innombrables fautes mortelles ou vénielles pour
utiliser la rhétorique en usage dans les sacristies du XIXème
siècle. Flamboyant !
Le
Christe
(Ô Christ ayez pitié de nous) prolonge ce climat de réconciliation par un duo entre la soprano (Jennifer Smith) et l'alto (Michael
Chance). L'accompagnement se limite aux violons et au contiuno. Les deux
chanteurs, parmi les meilleurs du chant baroque de cette fin du siècle
dernier, se "renvoient la balle" avec une élocution vivante bien servie par
leurs voix pures dépourvues des ornementations héritées de l'opéra italien.
La ligne de chant rayonnante évite ainsi les hors sujets mélodramatiques de
certains chanteurs des scènes lyriques
entendus dans les
enregistrements précédant la révolution de l'interprétation authentique. On
entendait de-ci de-là des prouesses vocales de premier ordre, voire cultes
évidement. Mais y avait-il la simplicité spontanée dans la dévotion
écoutée ici ? Pas toujours
hélas…
Les airs sont moins nombreux que les chœurs, mais d'une exceptionnelle
richesse mélodique et instrumentale. C'est le cas du Domine Deus
(Seigneur Dieu, Roi des cieux…, hymne à la grandeur de Dieu et du Christ).
Bach
imagine un duo ardent entre la soprano et le ténor (Nico van des
Meel)
auquel se
joignent une flûte traversière soliste et un léger continuo dont des cordes en
sourdine. Dans ce passage à la gloire du Très-haut,
Bach
adopte un legato-staccato enlevé et empreint de bonhomie.
Frans Brüggen
fait briller de mille feux ce trio voix-flûte, réfutant toute froideur à ces
versets admiratifs en
rejetant toute pompe
par une subtile fluidité du
récit musical… Religieux, oui, bien sûr, mais quelle humanité dans cette
osmose entre
Bach
et
ses interprètes
!
La voix
aérienne de
Nico van des
Meel
est le choix idéal pour ce duo allègre. Imaginez cet air chanté par un ténor
héroïque wagnérien s'époumonant, même vocalement excellent… Je n'ose même pas y penser☺.
Andreï Roublev (Trinité - 1410) WWW WWW |
Deux chœurs me bouleversent particulièrement par leur beauté extatique et
leur humilité. Le
Qui tollis
(…Vous qui effacez les péchés du monde, Ayez pitié de nous / Recevez
notre prière). Bach
fait preuve d'une grande
simplicité dans cette douce litanie. Les voix s'entremêlent, baignées par une mélodie
séraphique des deux flûtes et d'un violoncelle solos. Doit-on imaginer
ces flûtes comme les voix
des anges ou la présence de l'Esprit-Saint dans cette lamentation marquée par l'innocence la plus intime
?
À noter le magnifique étalement des plans
de la prise de son. Les
flûtes en bois de l'époque baroque, moins altières que leurs arrières
petites filles en argent, se font parfois trop discrètes dans ce chœur,
noyées par les voix et les cordes. Dans cette belle
capture de son, elles sont bien là et
l'air circule comme une légère brise entre les pupitres.
Le
crucifixius
(Qui a été crucifié pour nous, a souffert sous Ponce Pilate ; et a été
mis au tombeau). Situé au sein du Credo, ce chœur se révèle le plus dramatique de la
messe, logique.
Bach
adopte pourtant le ton du récit sans effet tragique outré, conscient que ce
drame prévu par les Écritures apparaît comme le sacrifice voulu par le
Messie. Le phrasé hésitant et essoufflé illustre la crucifixion, la
résignation du Christ épuisé par les sévices. Un staccato glaçant scande la
marche au supplice vers le Golgotha.
Frans Brüggen
transcende la vision musicale de
Bach
de ce calvaire sans aucun pathos théâtral. Au contraire, ses
interprètes diffusent une
lumière crépusculaire qui, dans un douloureux decrescendo, accompagne
Jésus à la mort et au tombeau.
Troublant, terrible, mais sublime d'émoi…
La basse (Harry van des Kamp), comme le ténor, n'intervient que dans deux airs. Notamment
le
Quoniam
(Car vous êtes le seul Saint ; le seul Seigneur ; le seul
Très-Haut, Jésus-Christ). Encore un air de louange, une expression de foi enjouée envers le
Christ.
Bach
choisit une voix mâle de prophète pour cet air radieux. L'air est très
enlevé et le chanteur n'hésite pas à ornementer avec des appoggiatures sa
ligne de chant.
Harry van des Kamp, familier de
Monteverdi, possède une voix chaude,
pas une
tessiture de basse
sépulcrale. Petite variante orchestrale, le soliste est accompagné par un
cor solo naturel vif-argent
soutenu par deux bassons qui
jouent quasiment à l'unisson, plus le continuo.
Dans le
Benedictus
(Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur), un air souvent
intériorisé, Bach
limite l'accompagnement du
ténor (Nico van des
Meel) à une simple flûte (éventuellement un violon) et au continuo. Il règne
une nébulosité diaphane dans cet air qui évoque la rencontre entre le Divin
et l'humain. Le ténor retrouve ce timbre angélique qui souligne la déférence du verset. C'est le propre
de tous les artistes de
cette interprétation de respecter à la lettre les intentions et les
notations de
Bach, attitude garante d'une réussite
servant fidèlement le
compositeur.
Deux mots sur le
Dona Nobis Pacem
(Donnez-nous la paix) qui conclut la messe avec timbales et trompettes naturelles (sans
pistons).
Frans Brüggen
n'appuie aucun effet glorieux
ou pompier en retenant ses
cuivres qui participent ainsi en toute luminosité à ce final. Une perfection
!
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Les excellentes versions sont légions. Difficile d'écouter les "anciens"
après la transparence et les couleurs de vitrail voulues par
Brüggen. Dans les versions précédant le retour aux instruments
anciens et aux chanteurs
aux
tessitures
baroques, ma faveur va à
celle de
Hermann Scherchen, chef d'orchestre illustre déjà
présenté dans un article sur
l'art de la fugue,
ouvrage étrange et magique
auquel il consacra de nombreuses recherches. Les tempos sont très lents,
Scherchen
joue la carte de la prière métaphysique. Une conception digne de
l'architecture gothique et gravée en
1959 à Vienne avec entre autres
deux chanteurs d'exception : la contralto
Nan Merrinam
et le ténor canadien
Léopold Simoneau. (Westminster ou
Thara 5/6).
Dans la mouvance "large effectif romantique", on peut citer
Otto Klemperer,
Eugen Jochum
(de préférence en 1959) et plus
tardivement le chef Roumain
Sergiu Celibidache, lui aussi avec des tempos trèès (trop ?) allongés. Aucun de ces grands
chefs n'arrive vraiment à s'affranchir d'une certaine emphase passée de
mode, mais on pourra apprécier les airs de chanteurs d'exception et des
directions au cordeau. (Divers labels plus ou moins disponibles, prises de
son datées parfois
empesées – 4/6). Quant à Herbert von Karajan, il confond le
Christe avec un duo du
Chevalier à la rose
de
Richard
Strauss. (Pour les
inconditionnels du chef et des contrebasses par
8 ou plus
dans
Bach, Dgg - 2/6).
Entre ces réalisations de
style grandiose et celles des baroqueux, divers chefs comme
Michel Corboz, et surtout Karl Richter, le spécialiste de l’après-guerre de
Bach, ont laissé un grand nombre d'enregistrements (plusieurs pour certains) qui
tirent encore leur épingle du jeu avec un allégement du discours pertinent.
Les progrès techniques offraient
de belles prises de son, notamment celle des disques de
Richter
pour
Archiv qui est
l'une des rares où l'orgue positif
illumine l'espace
sonore. (Harmonia Mundi /
Archiv – 5/6)
Philippe Herreweghe
a marqué de son empreinte la discographie avec plusieurs disques réconciliant
tradition et modernité en conservant certains acquis sonores du style baroque
pur et dur tout en donnant la priorité à la méditation. Il recourt à un
plateau de chanteurs exceptionnels pour la gravure de
1998 :
Véronique Gens,
Andréas Scholl,
Christophe Prégardien
et
Peter Kooy
(Harmonia Mundi – 5/6).
Un album original nous est
venu d'Allemagne en 1997 avec
le
Freiburger Barockorchester
dirigé par
Thomas Hengelbrock. Les solistes sont issus du chœur. Jouant sur un legato-staccato élégant,
aucune note ou articulation ne se perd. Une interprétation qui semble surgir
d'une petite chapelle conventuelle. Dans ma discothèque,
c'est l'interprétation qui rivalise
avec celle
avec
Frans Brüggen. Il y a dans cette conception une approche
cosmique et méditative peu
commune. (DHM – 6/6).
Inutile de préciser que d'autres disques méritent à l'évidence le détour,
je ne connais pas tout…
Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs…
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Des querelles de chapelles pour l'interprétation d'une messe, rien que de très normal. "Le pensum sulpicien hypertrophié", pas mal...
RépondreSupprimerHier, en voiture, j'ai écouté du Hadn sur France Culture. Dire quoi exactement dépasse mes compétences, mais ça m'a presque rendu zen, moi aussi, c'est dire. Chapeau pour l'érudition. Pour info, ta discothèque compte combien de pièces? En gros.
Lire Haydn, évidemment....
RépondreSupprimerMerci Shuffle d'avoir lu mon article à propos d'une œuvre qui n'est peut-être pas ton choix premier. Haydn est un compositeur épicurien et très populaire…
SupprimerQuestions statistiques complexes ! Si on compte les CD : 2165 dont 1876 "classique" et 400 vinyles. Pour le nombre d'œuvres c'est compliqué car on peut trouver plusieurs œuvres sur un même CD du même compositeur ou, au contraire, une anthologie thématique par un artiste interprétant divers auteurs… Inversement un opéra de Wagner peut occuper jusqu'à 4 CD… Et puis il y a les versions multiples avec chacune leur intérêt propre…. 6 "Messe en si" et 12 "chant de la terre de Mahler".
À la louche ? 3000 œuvres environ, ça fait 60 ans de chroniques… ;o)
Côté Rock-Blues, avant mon entrée au blog le patrimoine devait être de 3-4 CD, il est de 50 titres, merci aux potes !
Pour m'y retrouver dans le rangement dans 13 colonnes Ikea de 12 case : un méga classeur Excel auquel j'ai ajouté un petit logiciel en VBA. Tu cliques sur un titre, un Popup avec l'image des colonnes s'affiche avec, comme à la bataille navale : Colonne D, rang 6….
Ça doit être kif-kif chez moi. Mais je n'ai pas résolu le problème du rangement, ni celui du classement. Je compte sur ma mémoire visuelle...et de temps à autre, j'achète un truc que j'ai déjà...Ça me fait penser qu'il va falloir que je choisisse le CD à écouter sur mon lit de mort.
Supprimer+ de 2500 skeud, vous partez en vacances des fois ? moi c'est 3 fois moins. Pour le classique, avant que je ne tombe sur les chroniques de Claude Toon, j'en possédais 3-4 maintenant c'est une trentaine donc merci à lui.
Supprimer@ Shuffle : qui tiendrait la corde (au cou) Wet Willie, ARS, Mighty Jeremiahs...? Bon rien ne presse n'est-ce pas ?
Un nouveau fan de Wet Willie et d'ARS? Champagne!
RépondreSupprimerMighty Jeremiahs, c'est très bien, mais c'est plus une rencontre qu'un groupe. Passe après, à mon avis.
Wet Willie: 1. The wetter the better + Left coast live 2. Keep on smiling + Dixie rock; les deux réédités chez BGO
ARS: 1. Dog days + Red tape 2. Third annual pipe dream = A rock and roll alternative, chez BGO aussi.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMerci pour ces compléments.
SupprimerJe n'avais pas cité Minkowski car je n'aime pas tirer sur les ambulances. Un comble, ce chef pourtant souvent bon, arrive à rendre l'œuvre soporifique dès le kyrie : ton plaintif et larmoyant, pas d'inflexion dans un phrasé confus du chœur, un chœur du cum sancto maniéré qui fait penser à un air de Rossini, la totale… Attendre une autre version…
Helmuth Rilling, le mal aimé des critiques comme tous ceux qui, étrangers aux écoles officielles, privilégie le fond sur la forme. J'aime beaucoup ses Bach, notamment les passions (Sony introuvable sauf en MP3, sinon Hänsler en effet).
Je suis un fan de Celibidache notamment dans ses Bruckner. Il règne un élan mystique hors du commun dans sa messe en si, auquel il consacra un soin inouï à la préparation (oui les tempos sont lents, mais l'éternité prend son temps…). Certes, Peter Schreier à 55 ans… et pourquoi six solistes ?
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
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