Voilà
ce qu’on appellera un film tout à fait sympathique, immédiatement drapé du
slogan « feel good movie », c’est-à-dire, une histoire à l’issue
heureuse dont on ressort content. Il s’inspire d’une histoire vraie, celle vécue
par le propre frère du réalisateur, Noureddine Bentoumi, qui avait représenté l’Algérie
aux JO du Turin en 2006, en ski de fond. A l’époque, Bentoumi, ingénieur
informatique, s’était lancé dans ce défi par passion. Le réalisateur transforme
un peu le conte.
Dans
le film, Sam travaille avec un ami, Stéphane Duval, dans une entreprise de ski.
Ils sortent des produits de grande qualité, mais les investisseurs rechignent
un peu, la marque Duval n’étant pas accolée aux noms de grands champions. C’est
donc pour sauver financièrement sa boite, que Stéphane propose à son pote – d’origine
algérienne – de s’inscrire aux JO d’hiver, toucher ainsi la prime du CIO, et
valoriser sa marque de ski.
On
sent bien de quel côté veut nous embraquer Farid Bentoumi, vers la comédie
sociale anglaise, du type Ken Loach. Bonne idée, mais pas tout à fait abouti. Là
où le réalisateur anglais nous fait entrer dans une communauté, un milieu
social ou professionnel, Farid Bentoumi reste devant la porte. Si on voit les
collègues de l’usine Duval, on ne s’y intéresse pas plus que ça, on ne les fréquente pas assez pour s'y attacher.
Le
deuxième aspect du film est davantage affaire de culture (et
surtout pas un film sur la « bi nationalité » pour essayer de se
raccrocher à l’actualité, comme lu ici ou là). Sam est né de père algérien, de
mère française, il vit en France depuis toujours, ne parle pas arabe. Une famille très française, qui fête Noël, et c’est papi
Kader qui se déguise chaque année en Père Noël !
Pour
les besoins de son dossier, Sam doit se rendre en Algérie, et y restera
quelques temps, à contre cœur, pour visiter sa famille. Le cinéaste en profite
vite-fait pour stigmatiser la corruption, à la fois au consulat pour obtenir
les visas, et avec les membres algériens du CIO, qui se goinfrent 80% de la
subvention en frais crapuleux ! Cette deuxième partie en Algérie est la plus
intéressante, la confrontation de deux mondes, deux cultures. Sam débarque avec
ses réflexes de français, affolé de voir comment on traite les affaires par
ici. Le bon sens aurait voulu que ce soit sa sœur qui hérite de terres (Kader,
le papa, est propriétaire d’arbres fruitiers), elle aurait eu le temps et la
compétence de les gérer, seulement voilà, une fille, ça n’hérite pas de son
père…
Sam,
une fois l’argent en poche, s’inscrit aux JO. Il partage la loge des
représentants togolais et sud-africains ! Jolie scène à la banque, où il
réclame une rallonge, et où on lui explique que pour les skis Duval, être
équipementier officiel du Togo aux JO d’hiver, ça ne fait pas très sérieux…
C'est Noureddine Bentoumi (photo) qui fait office de doublure dans les scènes de préparation à ski. Mais on
ne verra pas grand-chose de l’aventure olympique, pour des raisons de budgets j’imagine.
GOOD LUCK ALGERIA est un premier film, un petit budget, il était impensable de
reconstituer quoique ce soit, c’est donc en plan très serré que Sam est filmé
entrant dans un stade, portant son drapeau algérien, et faisant bien sûr la fierté
de toute une famille et communauté. Quelques images d’archive au générique de
fin nous montrent le vrai Bentoumi, qui avait fait 109ème sur 15 km, au championnat 2005, mais n'avait pas terminé son 50 km aux Jo l'année suivante.
La
qualité numéro un du film, c’est l'esprit qui y règne, la petite revanche des sans
grades, le rêve de fou réalisé, davantage que l’exploit sportif, d'ailleurs le récit s’arrête à la cérémonie d’ouverture,
il n’y a donc aucune compétition à l’écran. Deuxième qualité, l’interprétation : Sami Bouajila joue Sam, j’adore
cet acteur, Franck Gastambide joue son pote, Chiara Mastroianni sa femme,
Hélène Vincent, sa mère. Ils sont tous épatants, le vieux Kader est joué par un
débutant de 81 ans, Bouchakor Chakor Djaltia. Pour le reste…
C’est
un premier film, long à monter, le manque de moyen et d’expérience se ressent, bref,
disons-le, sur le plan strictement images, y’a pas grand-chose à se mettre sous
la dent. Ce récit aurait eu davantage sa place sur France 2 à 20h50, que sur un
grand écran. Je pense au film NOUS TROIS OU RIEN [ clic sur l'article ] qui dans la même veine, avait
des velléités cinéma nettement plus revendiquées. Et non, ce n’est pas un « Rasta Rockett » algérien !
Sam est parfaitement à son aise sur des skis, c’est sa passion, sa région, son
métier. C’est au contraire en Algérie qu’il passe pour un bras cassé !
couleurs - 1h30 - scope 2:35
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