Didier
Varela est une figure assez connue dans le Sud-Ouest, et en
particulier dans les contrées montpelliéraines. Enfant du pays, ce
gaillard né en 1967 à Toulouse, entame très tôt une passion pour
la musique, souhaitant acquérir rapidement une batterie. Une requête
à laquelle n'adhère pas ses parents. Toutefois, sa grand-mère
espagnole lui offre sa première guitare (instrument moins encombrant et onéreux) pour ses 10 ans et qui
lui fait découvrir le flamenco dont elle chante les mélodies, et qu'il essaye de suivre avec sa guitare.
Mais,
le choc décisif, celui qui marque à jamais l'âme d'un artiste, en
l'occurrence ici, du musicien, c'est la découverte quelques années
plus tard du Heavy-Rock. Ses premières idoles de jeunesses ont pour
noms Ritchie Blackmore, Ace Frehley et Angus Young. Ce sont également
des références auprès desquelles il apprend en essayant de
reproduire leur jeu distinctif.
Passé
son bac, il se lance professionnellement dans la musique et
débute alors la longue valse des groupes, à l'avenir incertain. Après
l'aventure « Interphase », il passe à la basse en
rejoignant « Signal Rock ». Groupe qui change
d’appellation pour « Les Ratons Laveurs », puis pour
« Les Êtres Humains », où l'on retrouve George Nounou,
une figure musicale connue du Sud-Ouest. Parallèlement, il rentre au
conservatoire régional de Montpellier pour étudier la contrebasse
(jusqu'au 3ème cycle) et parfaire son éducation musicale.
Avec « Les Êtres Humains », il
reprend la guitare et réalise, avec eux, quatre disques en dix ans.
Soit le 1er en 1992 (« Jo ») et le dernier, « Asile
en mer », en 2002 (distribution Totem Music).
Parallèlement,
il rejoint les Venus Lips en qualité de soliste et avec qui il
parcoure les salles de l'hexagone et des pays limitrophes. Un disque
en 1995, le bien nommé « Rock'n'Roll Fiesta », et
l'obtention de premières parties valorisantes pour Joan Jett, Lynyrd
Skynyrd, Dr Feelgood, Omar & the Howlers, Wayne Kramer et Calvin
Russell. Et une, plus étonnante en raison de la nette différence de
registre, avec Metallica.
En
dépit d'une certaine longévité et de nombreux concerts, dont
certains hors de nos frontières, le groupe « Les Êtres
Humains » ne bénéficie pas de l’appui des médias, et finit
par se dissoudre.
A
la fin de l'aventure, il garde toujours un pied dans la musique en
rejoignant diverses formations musicales et montant sur les planches
dès que l'occasion se présente. Il reste en contact avec George
Nounou qu'il accompagne sur scène et en studio.
En
2007, il retrouve Frédéric Temstet (des « Êtres Humains »)
pour un duo et avec qui il enregistre, dans son propre studio,
« Frédéric Temstet & Didier Varela ».
En
2012, c'est la rencontre avec la musique africaine via des musiciens
dont il fait la prise de son de leurs démos.
Et
puis enfin, en 2013, c'est le plongeon dans la carrière solo avec un
premier disque, « Remonté à Bloc », enregistré entièrement seul ; des instruments (batterie
comprise) en passant par toutes les étapes de l'enregistrement. Un défi
difficile mais réussi et qui reçoit déjà un bon accueil. Second essai l'année suivante, avec, cette
fois-ci, le renfort du batteur de Venus Lips, Gil Sanchez, qui désormais reste
attaché au trio pour sillonner la France (le trio a décroché la
place de première partie pour les fêlés
de White Cowbell Oklahoma). Un recrutement de choix car Gil est un bon et solide batteur, qui apporte force et groove.
Dès
les premières mesures de « Le Respect » qui ouvre
l'album, on cerne le caractère de la musique de Verala. C'est du
brut, du franc du collier, du « fonce-tête baissée ».
Du Hard-Rock Rock'n'Roll pêchu et charnu. La batterie ouvre le bal
sur un rythme agressif et clopinant, pouvant évoquer feu-Philty
Taylor sur lequel se greffe une guitare aux couleurs Gibson évidentes
et une basse fluide et groovy (que l'on aurait aimée un chouia
plus en avant). Bon, c'est sûr que cela ne devrait pas être le
genre de « rock » bon-chic bon-genre propre à plaire à la
jeunesse qui souhaite se donner des airs de rebelles le samedi soir,
pour faire genre, comme on change de frusques. Le style de « rock »
souvent plébiscité dans la capital et qui peut autant faire les
émissions de télé que les faveurs des chaînes dîtes musicales. De toutes façons, cela ne s'adresse pas à eux.
Non,
il s'agit bien de vrai Hard-rock, ici à tendance Rock'n'Roll
graisseux et Heavy-boogie bitumeux, loin des tendances à vouloir séduire les radios ou les faveurs et la complaisance des médias (et de la "Musique Industrielle", titre d'une chanson de Varela) ; du genre que l'on s'attend
à attendre en entrant dans une bonne et vraie brasserie, un pub
peuplé de cuirs, de jeans, de poilus, de chevelus (ouah, les images
d'Epinal ! (1) ). Bref, le genre de lieux où on ne serait guère
étonné d'y rencontrer un Lemmy, un Mark Manning, unJustin Hawkins, un Billy Duffy, un Christophe Maé (euh... non, pas lui - un bug -), Tracii Guns, Pete Wells (même si certains ne sont plus de ce monde).
Une
entrée en matière qui rue dans les brancards. Et si « Confiance
et Espérance » ralenti le tempo, on reste toujours dans cette
même ambiance moite, mâte, et un tantinet bourrue. (Ha... ça y
est : la basse est plus présente).
L'apport
de chœurs (d'Emilie Galibert et de Cathy Lewicki) donne un peu de
fraîcheur à ce Rock foncièrement viril ; comme un brise fraîche et
salvatrice lors d'une journée caniculaire. Ces choristes de qualité
réveillent parfois le fantôme du regretté Speed Queen (avec la
chanteuse Stewie). Notamment sur des titres tels que « Laissez
moi Faire » et « Confiance et Espérance ».
Avec
« Toi ou Moi », le riff nerveux est du pur Ted Nugent, (référence que l'on retrouve aussi sur l'intro de "Remonté à Bloc" du 1er opus) si
ce n'est que la tonalité et le grain reste dans une sphère typiquement Hard-blues. Un grain d'ailleurs que l'on pourrait estampillé
« label 70's » ; cela bien que l'on subodore
l'utilisation d'une généreuse overdrive pour gonfler le son, plutôt
qu'une fuzz.
Le son de Didier Varela est ostensiblement du pur
humbucker sur Gibson (Toutefois, on le voit aussi, mais rarement, avec une Telecaster), que l'on
pourrait situer, approximativement, entre Leslie West, Rickie
Medlocke, Jim Barbiani, Toshino Sumitomo et Jonboat Jones (de Hogjaw).
Bref, on ne fait pas dans les cocottes funkies, sons policés et/ou
travaillé au rack d'effets volumineux comme une armoire normande.
C'est du direct, du crémeux, du brown-sound. (Sa Les Paul, qui
affiche des heures de vols, a des signes de customisation avec trois
switchs supplémentaires et donc une électronique refaite, avec peut-être un Pearly Gates ou un JB SH4).
Varela maîtrise son instrument, il sait faire sonner sa guitare,
trouvant souvent le riff juste, entre swing et impact. Et ses soli
sont pertinents, en accord avec le tempo et l'air du morceau ; ça sonne, c'est goûteux !
Avec
son chant graveleux qui le ferait passer pour un ours dérangé lors
de son hibernation – ou un orque (c'est selon) -, il a tous les
attributs pour faire fuir tous amateurs de Star'Ac et autres
escroqueries du genre. Mais, par contre, d'attirer, comme un réverbère pour les papillons de nuit, les amateurs de bonnes guitares.
Avec ses
paroles en français, Varela s'inscrit dans une forme de
continuité d'un certain Hard-rock à la française. Celui qui criait sa
colère, son amertume, son sentiment d'injustice, du rejet des travers de
notre société. Une forme (ou une idée ?) de sincérité et
d’honnêteté ? Il écrit des paroles sur des sujets qui
le touchent, ou le turlupinent (« Le Respect »).
Assez
souvent, on se retrouve donc dans une ambiance d'un Hard-rock hexagonale
propre aux Karoline,
Speed Queen, Square, Psychose, voire Attentat Rock (sans rapports
avec les nombreux apprentis d'un Heavy-Metal des années 80, déjà pénalisés par
une déficience au niveau du son) ; tout en ayant une maîtrise accru de la musique et de l'enregistrement. Avec en filigrane, un
Hard-Blues/Rock'n'Roll 70's, parfums à peine épicé d'un soupçon
Boogie (avec parfois l'apport judicieux d'un saxophone, d'un piano ou
d'un orgue), d'obscures combos tels que Incredible Hog, Burning
Plague, Stray Dog, Stepson, Orang-Utan.
Rock'n'Roll
aussi. En mode burné, comme l'atteste sa très bonne version de
« Johnny B. Goode » qui a un petit goût de Billy Thorpe
& The Aztecs (en mode "live"). D'autres parts, de temps à autres, au détour d'un
riff ou d'un chorus, l'« école Angus Young » remonte à
la surface.
Tandis
que les premiers mouvements acoustiques de « L'Île aux
Fleurs » (une chanson sur le gaspillage alimentaire et la
suralimentation... alors qu'il y a des gens qui meurent de faim -
« Là où le Soleil est caché sous une montagne de
déchets » -) font résonner un Southern-Rock (du
Sud-Ouest). La seconde partie, elle, en 240 volts, reste dans un
Southern-rock mais plus moderne. Chanson en hommage au court-métrage
brésilien de 1989, du même nom (encore visible sur le net).
Un petit clin d’œil sur "Laissez moi Faire" avec des "Haw-haw*haw" propre au Reverend Willie G. Probablement que pour son goût pour le son épais vienne aussi de cet illustre personnage.
Quelques
passages de « Musique Industrielle » pourraient même
être une sorte de Stray-Cats en mode Heavy-rock (« Tu chantes
pour les thunes pour remplir tes poches... Naïf et sans talent ils
t'ont mis en avant, Star pour quelques jours, ton heure de gloire
sera courte... Ta musique préfabriquée... toujours la même
rengaine... le même thème... aucune rébellion »).
Varela
démontre avec « En Silence » (sujet grave traité avec
pudeur), un rude Country-blues à la française (avec violon
de Johanna Varela), n'est pas dépendant du « tout-électrique »
et qu'il est donc aussi à l'aise en acoustique.
Du
Hard-Rock chaleureux,exempt d'agressivité gratuite et stérile, à la française par le chant, à 75 %
d'obédience américaine par la musique, aux réminiscences Bluesy
(Hard-blues) et Boogie, fait pour donner du bon temps et offrir une
soirée (un concert) des plus sympathiques et enthousiastes.
Bruno
Bruno
(1)
Personnellement, j'ai connu des gars tout cuirs (probablement plus
maintenant) qui écoutaient ce que l'on leur disait. Alors, que je
connais quelques costards-cravates (quoique cravate... ils évitent
autant que possible) qui en connaissent un rayon, et depuis des
décennies. L'habit ne fait pas l'moine.
"Rock'n'Roll" du 1er opus
Bon. Montpellier, ce n'est pas le Sud-Ouest. Ici, dans le vrai Sud-Ouest gascon, on ne connaît pas ce monsieur, sympathique au demeurant et qui fait l'effort de chanter en français. Ce qui n'a pas l'air de lui valoir une presse (aux deux sens du mot) considérable (cf 2e vidéo)
RépondreSupprimerEt Toulouse ! Heingue ! C'est quoi TooLoose ? Parce que Didier est né à Toulouse (comme Claude).
SupprimerEt puis, et puis, l'Hérault ne fait-il pas partie de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées ?
Dans la vie, y'a pas que le gascon. (vieux proverbe de Saint Marius).
Après, c'est sûûûr... y'a Sud-Ouest et Sud-Ouest... Le cassoulet n'est plus le même...