Un
matin de septembre, alors que j’allais vérifier si la forêt amazonienne remplissait
ma boite aux lettres de sa production de publicités en tout genre, je trouvais
glissée, entre un tract de Carrefour et un autre des cuisines Vogica, une enveloppe en
kraft pliée en deux et colleéesoigneusement. Au toucher : quelque chose d’épais et
dur à l’intérieur. Mon adresse écrite à la main d’une écriture fine et
longiligne, au dos le nom et l’adresse de l’expéditeur : Pierre Guénard… Paris.
Pierre
Guénard ? Voyons… ! Ce n’est pas l'un de mes nombreux
créanciers ? Un huissier de justice avec qui j’aurais eu maille à partir ? Une
secte nippone qui m’enverrait une enveloppe de gaz sarin ? Non
plus ! Pour savoir à qui j’ai affaire, il n’y avait qu’à ouvrir ce mystérieux
envoi. A l’intérieur, je découvre deux disques, l'un de quatre titres, et un
simple de deux titres avec en toutes lettres le nom de l’artiste : Radio Elvis.
Quel imbécile ! Bien sûr ! Pierre Guénard,
Radio Elvis !
j’avais écrit une chronique sur ce garçon en octobre 2012. Je l’avais comparé à Harry
Potter. Avec les deux disques, je découvre un bout de papier blanc dactylographié à la main
(Et non avec un ordinateur ce qui donne
encore plus de cachet à la missive) et signé de l’artiste (Désolé, je ne dirais pas ce qu’il y a écrit,
c’est personnel !). Très
touché, je ne pouvais pas rester sur trois pattes et je me devais de rédiger une
nouvelle chronique consacrée à Radio Elvis qui depuis 2012 a renforcé ses
effectifs et vole de ses propres ailes vers un succès croissant.
Mais
comme un plaisir n’arrive jamais seul, je vois que ce dernier passe dans une
petite salle de concert dans ma commune le 3 octobre ! Une chronique de l’album
et une du concert, une pierre (Guénard) deux coups.
Harry Potter poète rocker est
mort, vive Radio
Elvis rocker poète. Le look a changé, il ressemble maintenant plus à un Buddy
Holly qui aurait perdu son peigne dans le corsage de Peggy Sue,
mais le look ne fait pas le talent et pour preuve, il en a… du talent.
Après
un début de carrière seul en scène, deux comparses vont rejoindre Pierre sur les planches : Manu Ralambo guitare électrique et guitare basse et Colin Russell batterie et claviers, tous les deux issus
du groupe Mother of two. Colin Russell était un pote de lycée de Pierre et est aussi passé entre les mains de Gaëtan Roussel, chanteur de Louise
Attaque et de Mademoiselle K. Ce dernier
est un redoutable batteur qui sûrement se classera dans un futur parmi les meilleurs
batteurs nationaux (Mais j’en parlerai plus bas).
A
partir de 2013 le trio va se faire
remarquer des critiques et de la presse spécialisée avec leurs styles musicales
intimistes bien à eux, le tout relevé par
les textes poétiques taillés par la plume de Pierre
Guénard.
2013 : le premier EP «Juste avant la
ruée» verra le jour grâce à un financement
participatif (Moi-même, j’ai donné mon obole). A la
première écoute, quand on ne connaît pas l’univers onirique de Radio Elvis,
si l'on devait faire un dessin de sa musique, beaucoup traceraient une ligne
droite, un trait sans nuance ni dénivelé. Voilà une erreur de ne pas posséder une
oreille ouverte à la poésie et à une ligne de musique aussi claire que la ligne
bleue des Vosges. «Goliath» : un début tout en douceur comme Dominique A et une voix qui ressemble à Bashung en début de
carrière, un final avec un bon feeling rythmé. «La traversée» le titre que
j’aime beaucoup sur cet album, beaucoup de rythme. Dans le clip, Pierre Guénard abuse (trop ?) de boissons à base de cola. «Demande à la poussière» : une chanson
rageuse où le vibrato de la voix se fait plus intense avec une musique
entêtante ou Bertrant Cantat et Noir désir pourraient être devant le micro à leurs places
en retirant le coté engagé du groupe Bordelais. «Le continent» avec une belle et
douce partie de guitare et je n’arrive pas à trouver autre chose que du Bashung comme superlatif pour comparer la voix, même si
Pierre Guénard a la sienne mais c’est
troublant !
MANU, PIERRE, COLIN
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Deuxième
EP : «Les
Moissons» avec deux titres. «Au loin les
pyramides» le hit en puissance, un titre avec un intro pleine d’un
charme puissant et toujours des paroles qui vous embarquent dans un monde
imaginaire et un refrain qui vous prend la tête comme un doliprane qui ferait
son effet contre une grosse migraine. «Elle partira comme elle est venue» joli titre
digne d’un Dominique A d’une grande cuvée. Avec
une telle musique et des paroles que l’on comprend quand le chanteur les entonne
(Ce qui est de plus en plus rare à notre
époque), les récompenses ne pouvaient que tomber. Finaliste 2014 du concours Sosh-les Inrocks, Le
prix du jury des iNOUÏS au printemps de Bourges 2015, prix Félix Leclerc au FrancoFolie de Montréal 2015, coup de cœur Charles Cros 2015 (En attendant le grand prix
plus tard ?) et lauréat Paris jeunes talents.
Prochaine
étape le concert du 3 octobre pour voir les oiseaux sur
scène.
Samedi 3 octobre 20h00, je suis devant la salle du
Rack’am, petite salle de concert qui a vu passer, Giedré,
Shaka Ponk, Oldelaf,
Camille, Bratsch,
les Wampas, les Ramoneurs
de Menhirs, La
Fanfare en Pétard et toute une flopée d’artistes.
Première
partie avec L, de son nom Raphaële Lannadère, jeune auteur compositeur interprète qui nous
rappellera qu’il y a encore des artistes pour nous prouver que la chanson
française n’est pas entièrement morte. Un premier album en 2011 «Initiale», L est lauréate du prix
Barbara en 2011 et du prix Félix Leclerc la même année.
Elle écrira aussi un titre pour Camélia Jordana.
Pantalon de cuir noir, cheveux courts et pieds nus, L
fera un set d’une rare élégance et sans fausse note, avec de très beaux textes, une
ambiance profonde et teintée de couleurs, la nouvelle Barbara ?
Possible. De toute manière avec L, l’avenir
de la chanson française est assuré.
Le
groupe monte sur la scène pour installer son matos, pas de roadies. Quand on
veut que les choses soient bien faites, il vaut mieux les faire soi-même ! Et
la première chose qui m’interpelle, c’est que Pierre
Guénard est grand, très grand. Quand il allait en fond de scène, j’avais
peur qu’il s’assomme contre un flood au plafond. Le matériel une fois en place,
je me place sur la gauche de la scène prêt du batteur, le set commence avec «Lascaux» une chanson de l’époque solo de Pierre Guénard mais qui
avec la complicité de ses potes à pris une autre dimension. Fini le registre
voix guitare, Radio Elvis à mis les
doigts dans une prise électrique et sort des arpèges de décibels qui ne percent
pas les tympans et qui ne dénaturent pas la poésie qui découle des textes de Pierre. Colin le
batteur fait un mixte batterie clavier, sur sa gauche un clavier que je crois
avoir reconnu comme un minimoog, il joue de la batterie de la main droite et
plaque quelques accords en même temps sur son clavier, mais quand il n’est qu’à
la batterie, ça envoie grave avec classe. Manu, lui, n’arrête pas de passer de sa basse à sa guitare quand il ne passe pas non
plus derrière un clavier. Caché derrière ses petites moustaches à l’Errol Flynn, il est un bassiste qui joue tout en
finesse et un guitariste rythmique qui connaît bien son manche. Pierre, lui, est un vrai lapin pour une marque de piles
connue, il ne s’arrête jamais, On le croirait monté sur ressort comme un
improbable zébulon. Quelques Talking entre les morceaux, les titres en live
déménagent. Les morceaux s’enchainent trop vite, on voudrait que ça dure plus
longtemps, une super reprise du groupe canadien Arcade
Fire : «Haïti» qui te
fait battre la semelle, tout y passe, jusqu’au titre du futur album qui sortira
l’année prochaine. La version de «Le Continent» se savoure comme un gros gâteau, mais ça sent malheureusement la fin. En
rappel, une autre reprise : «La bétonneuse»
de Nicolas Jules, encore un électron libre de la
chanson française que j’avais vu en première partie de Jacques Higelin dans les années 2000 et qui demanderait à
être plus connu.
On
finira avec «elle
partira comme elle est venue». Fin de concert, Radio Elvis repart comme il est
venu, sous les applaudissements d’un public qui, comme moi, était conquis d’avance. Je sors de la salle et me dirige vers la petite table ou trône le
merchandising. Pierre sort de la loge et commence
à vendre ses disques aux publics qui aiment le son de Radio Elvis, pour ma part, je ne
vois que le live sorti depuis peu et le vinyle blanc deux titres. Pierre me reconnaît de suite alors que nous ne nous
sommes jamais rencontrés (Merci les photos
sur les réseaux sociaux !), il me serre la louche, on taille le bout
de gras 2 minutes, il n’y avait pas de vinyle et renvoie Manu qui était sortie entre temps en chercher en loge.
Ce garçon est sympathique et sa poignée de main est franche. Je ne reste pas
plus longtemps et m’éclipse rapidement, après avoir travaillé, on aime se
reposer et la scène... c’est crevant.
Merci Radio Elvis
pour cet album, merci Radio Elvis pour ce concert intimiste aux
multiples facettes et au trois talents conjugués, Merci Radio Elvis pour un futur musical
proche, et un grand merci à Pierre pour sa
gentillesse et son accessibilité.
Quelques images tournées le soir même par quelqu'un du public.
Étonnant et rafraîchissant ! Et puis tu as raison, ce batteur est incroyable. Cette façon de jouer simultanément batterie et claviers, il faut le faire !
RépondreSupprimerEt sans pratiquement de cymbales finalement. Vraiment une chouette découverte Pat. Et sans doute aussi l'un de tes meilleurs articles à ce jour. On sent que tu l'as vraiment vécu avec intensité ce concert.
Bravo les gars !
Merci Vincent ! Je suis complètement mordus de ce groupe et de ce qu'il fait ! Et j'ai fais des émules, ma copine est aussi dingue de Radio Elvis que moi c'est peut dire ! ^^
RépondreSupprimerbonjour !!! merci pour cet article élogieux concernant mon neveu ! il le mérite car il a beaucoup travaillé pour en arriver là ,c'est un petit (lolll ) gars bien et ses compagnons de route idem .Qu'ils continuent leur route ensemble avec beaucoup de succès !!
RépondreSupprimerGeorges Brassens disait "Le talent sans travail n'est qu'une sale manie" et du talent, il en a et je dirais même, ils en ont ! Ils sont le futur de notre paysage musical.
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