Delta Moon continue son
petit bonhomme de chemin d'exploration et de pérennité d'un Blues roots, qui aurait pris naissance sur
les rives du Mississippi et dans
les bayous de la Louisiane. Delta Moon c'est
l'assurance d'un Blues de qualité, bercé par des phrases langoureuses
d'harmonica et slides, et soutenu par une voix patinée au cigare et
au Sazerac, qui s'encanaille parfois auprès de rythmes Southern-rock
et un Americana un rien bastringue. Avec, très occasionnellement, quelques
instants d'obédiences psychédéliques ("Mean Streak"). Le tout
avec une culture de la slide sous de nombreuses coutures, l'habillant de
tremolo crachotant, de réverbes rustiques, de douces overdrives ; tout
en bannissant les accélérations et les dérapages. C'est très proche d'une culture, voire d'un culte, voué au style laid-back. "Less is more" comme disait l'autre.
G à D : Mark Johnson, Tom Gray & Franher Jospeh |
En bref, La musique de Delta Moon est une bonne mixture de Ry Cooder, de Sonny Landreth, de Muddy Waters, de Dr John, de Creedence Clearwater Revival, de Chris Réa, de J.J. Grey & Mofro, de North Mississippi All Stars (évidemment, pour ce dernier, cela dépend des albums) et de Drive-by-Truckers.
Le quatuor d'Atlanta s'est stabilisé autour du duo de barbus fondateurs, amateurs de slide, soit Tom Gray, chanteur et principal compositeur, et Mark Johnson, de Fransher Joseph à la basse et de Marion Patton aux fûts. Actuellement, les chanteuses n'ont plus court, Tom Gray assumant le rôle de chanteur principal, Fransher et Mark assurant les chœurs. Une perte de diversité, certes, toutefois au profit d'un gain notable en stabilité, affirmant mieux la personnalité du collectif.
(Toutefois, on peut légitimement regretter une présence féminine qui apportait un peu de fraîcheur)
Ce n'est pas nécessairement profondément original, et on reste principalement ancré dans un idiome Blues généralement parfumé par la flore des bayous. On ne sort guère des sentiers battus : on ne part pas à l'aventure et, surtout, on ne prend pas de risques. C'est un choix, un trait de caractère cultivé.
Ainsi,
on retrouve deci delà quelques emprunts, comme avec "Nothing you can tell a
fool" qui est une
relecture du "I Can't Be Satisfied" de McKinley Morganfield (le vrai nom de... désolé, tout le monde sait forcément de qui il s'agit), et "Afterglow" qui transpire à grosses gouttes le "Congo Square" de Sonny
Landreth.
Ce
qui n'enlève rien à la qualité indéniable de ce Blues qui se plaît
à fréquenter assidûment, souvent intimement, avec le
Swamp-blues.
Indéniablement
l'assurance d'une musique plaisante et sincère, totalement étrangère aux appels
des sirènes de la musique commerciale. Rien ici de particulièrement transcendant, il n'y a aucun gimmick ou refrain qui soit accrocheur ou mnémonique ; par contre, c'est le genre de musique sur laquelle le temps ne semble pas avoir d'effet et qui ne semble pas vouloir viser un public particulier, si ce n'est que ça sent à plein nez la Louisiane et le Mississippi (au cas où vous n'auriez pas suivi).
Les disques de Delta Moon se parent toujours d'une ou deux reprises et cette fois-ci, ce sont Bob Dylan ("Down in the Flood"), Skip James ("Hard Time Killing Floor Blues") et Tom Waits qui baptise le disque ("Low Down"), qui sont mis à l'honneur.
2.
Afterglow
- 3:54
3.
Nothing
You can tell a Fool - 3:43
4.
Mean
Streak - 5:27
5.
Lowdown
- 3:54 (Tom Waits, , Kathleen Brenhma)
6.
Down in
the Flood (Crash on the Levee) - 4:14 (Bob Dylan)
7.
Open
All Night - 2:25
8.
Spark
in the Dark - 3:22
9.
Hard
Time Killing Floor Blues - 4:00 (Skip James)
10.
Mayfly
- 3:14
11.
Jelly
Roll - 2:59
12.
Jacky
Ray - 3:57
Tom Gray : Chant, lap-steel, guitare, claviers et
harmonica
Mark Johnson : Guitares
et chœurs
Franher Joseph : Basse
et chœurs
Marlon Patton : batterie
et percussions
Delta Moon, perdu quelque part dans un lieu arboré en Pologne.
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