mercredi 2 septembre 2015

WES CRAVEN (1939-2015) R.I.P



     C’est le crabe qui a eu sa peau (tumeur au cerveau), pas un couteau, ni un gros marteau, une scie sauteuse, ou une bande de psychopathes armée de haches… Le réalisateur Wes Craven est décédé, à 76 ans, il faisait partie d’un petit clan de cinéastes dont les noms sont synonymes d’épouvante : John Carpenter (HALLOWEEN, CHRISTINE) Tobe Hopper (MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, POLTERGEIST), George A. Romero (la saga des MORTS VIVANTS).

     A la fin des années 60, Wes Craven travaille surtout comme documentariste et monteur. Il écrit un scénario, inspiré apparemment d’un fait réel, qu’il réalise en 1972 : LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE. Le film est très remarqué, et lance un genre : le slasher, des jeunes filles perdues dans le noir qui crient très fort avant d’être débitées en tranches. Ce premier métrage semble réalisé avec trois bouts de ficelles (tourné en 16 mm), les approximations de raccords sont flagrantes, il manque des plans, s’en est presque risible. 

     Sauf que, le côté amateur renforce le propos, et l’horreur du film, d’autant que la construction dramatique, toute simple, est très efficace. Une bande qui a enlevé, violé, tué deux jeunes filles, se retrouve dans une maison, qui s’avère être celle des parents d’une des victimes. Parents qui vont comprendre qu’ils sont faces aux meurtriers de leur fille… Pas d’effets tape-à-l'oeil, mais de la tension, du malaise, et une violence brute, sadique, crescendo, filmée froidement, presque documentaire. L'arrière pays texan n'a jamais été aussi repoussant !

     Avec LA COLLINE A DES YEUX en 1977, Wes Craven signe encore un classique d’horreur, tellement violent qu'il sera d'abord classé X, avant qu'un second montage n'adoucisse le propos (sic). Il donne encore une vision de l’Amérique profonde à faire frémir. Le schéma des futures productions de ce genre se met en place : des jeunes, innocents, beaux, qui s'égarent et tombent sur une meute moins accueillante que prévue… Il y aura une suite, réalisée par lui, puis un remake d'Alexandre Aja, et une suite du remake… En 1981, c’est LA FERME DE LA TERREUR, avec encore une communauté pas très sympathique, des prières au démon, mais surtout, l’apparition d’une blonde très mignonne qui jouera elle-même du pic à glace quelques années plus tard : Sharon Stone. Elle hurle très bien. Et Ernest Borgnine qui fait les gros yeux sous son chapeau de quaker. Y’a des trucs avec des insectes proprement dégueulasses !

     En 1984, c’est le succès planétaire avec LES GRIFFES DE LA NUIT, et la création du personnage de Freddy, sérial killer qui s’en prend à ses victimes dans leurs cauchemars. Rôle qui colle à la peau (il a essayé le Biactol, le Freddy, parce que question hygiène de peau...) de son acteur Robert Englund. Parmi les moments épouvantables, cette langue qui sort du téléphone pour lécher la fille qui tient le combiné ! FREDDY est devenu une franchise qui rapporte, avec 9 films, mais réalisés par d’autres. On est en pleine période VENDREDI 13, des films qui ne coûtent pas grand chose, et rapportent beaucoup. Wes Graven a accepté d’en reprendre un, le septième épisode (1994), mais en y ajoutant un élément original : la mise en abîme. Le réalisateur y joue son propre rôle, en train de réaliser son nouveau Freddy… Un film dans le film.

     Entre temps, il y aura eu SCHOCKER (1989) puis LE VAMPIRE DE BROOKLYN (1995), avec Eddie Murphy. Mais son grand retour, et son plus gros succès commercial, c’est SCREAM en 1996, qui repose sur la culture des films d’horreur, autrement dit, sur ce que Wes Craven a lui-même contribué à créer. Les personnages, une bande d’amis, sont passionnés de films d’épouvante, jouent à se faire peur. Sauf que les morts, eux, sont bien réels ! SCREAM joue sur les codes du genre, passe du premier au second degré, emprunte au DIX PETITS NÈGRES d’Agatha Christie. Le résultat est assez jouissif, d’autant que dans les épisodes 2 et 3, Wes Craven pousse le principe un cran au-dessus, mais bon... on commence à tourner en rond. SCREAM a permis aussi de revoir Drew Barrymore, qui depuis E.T. avait bien grandi. Et de découvrir Neve Campbell (disparue depuis...) et Rose Mc Gowan, et rien que pour ça on lui en sera éternellement reconnaissant !  Une des clés du succès est aussi la panoplie du tueur, sorte de fantôme en cape noire, portant un masque, visage déformé évoquant le tableau  "Le Cri" de d'Edward Munch

     Le dernier film réalisé par Wes Craven est SCREAM 4, passé inaperçu (par moi, en tout cas…). Même s’il a essayé de changer de registre, Wes Craven restera lié au cinéma d’horreur, d’épouvante, un de ceux qui a contribué à forger ce genre, un genre qui ne se démode pas, car très lucratif. Tous les étés pleuvent sur les écrans des zombies, des piranhas, des psychopathes hirsutes, voire des piranhas-psychotiques-zombie, (cet été on a vu "Zombeavers", l'attaque des castors mutants... véridique !) des prédateurs qui s’en prennent toujours à des jolies filles, aux gros seins si possible, qui en perdent leurs soutifs à force de courir en hurlant !! 

Mmmm… merci Wes !

On se regarde une bande tranche de rigolade, le (court) rôle de Drew Barrymore au début de Scream.           




ooo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire