samedi 29 août 2015

DEBUSSY - La Cathédrale Engloutie (Prélude pour piano 1-X) - François-Joël THIOLLIER – par Claude Toon




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Chers amis, si vous passez vos vacances en Bretagne et plus précisément dans le Finistère sud du coté de la pointe du Raz, cette dernière petite chronique estivale est pour vous…
- Mais M'sieur Claude, quel rapport entre Debussy, les boutouquettes, les crêpes et le cidre ?
- Allons Sonia, les landes et les légendes, les farfadets et ici le mythe de la cité d'Ys…
Ce prélude de Claude Debussy (le Xème du 1er livre) est mon péché mignon. J'ai toujours rêvé de pourvoir jouer cette pièce magique et ésotérique au piano. Cela n'est resté qu'un espoir déçu… pas grave. Pourquoi le compositeur français a-t-il été inspiré par cette tragique légende de la cité d'Ys, mystère ? Fascination pour la sulfureuse reine Dahut ? Possible !
Cette légende fait partie du patrimoine des mythes celtes et, à travers moult récits médiévaux différents, elle a alimenté les exégèses les plus fécondes chez les historiens, les érudits de tout poil et même les psychanalystes… Je résume…
En des temps très reculés, le Roi de Cornouailles, Gradlon, après maints combats et aventures, navigua pendant une année en compagnie de la reine du Nord Malgven. Sur le bateau, cette dernière mis au monde Dahut (une petite fille Sonia, pas la bestiole qui a les pattes de gauche plus courtes que celles de droite et… heuu... on s'en fout).
Devenu adulte, la jeune Dahut implora son père de lui bâtir une forteresse au bord de la mer capable de résister aux tempêtes les plus violentes. Gradlon accepta. Pour protéger jalousement sa fille, la digue ne disposait que d'une unique porte en bronze dont seul Gradlon possédait la clé !! La ville d'Ys était née.
Dahut devient avec le temps une veuve noire. Chaque soir elle part en quête d'un nouvel amant qu'elle étouffe au petit matin, le corps étant jeté dans la fameuse baie des trépassés… Un soir, un étrange chevalier persuade Dahut de voler la clé pour une petite virée nocturne. La princesse y consent, mais Saint Guenolé apparait et profère une malédiction devant tant de turpitudes. Une tempête apocalyptique engloutit la cité d'Ys et ses habitants, et Gradlon doit sacrifier sa fille maudite en la jetant dans les flots démontés pour calmer les éléménts… Et depuis, en prêtant l'oreille, on peut entendre par temps calme le glas de la cathédrale d'Ys engloutie par les vagues…
- Une histoire terrible M'sieur Claude, mais Debussy dans tout cela ?
- Oui, pas facile à résumer, j'y viens Sonia, j'y viens….

François-Joël Thiollier
Debussy ne s'intéresse pas à l'histoire en tant que récit. Le compositeur, à l'instar de son chef-d'œuvre La mer (clic), fait œuvre de symboliste et d'impressionniste.
Les préludes de Debussy (2 cahiers de 12) ont donné lieu à un nombre incalculable d'enregistrements géniaux ou ennuyeux. Pour ce petit billet, j'ai retenu une belle version qui souligne l’expressionnisme de la pièce dans une excellente qualité sonore (un petit casque sera le bienvenu).
François-Joël Thiollier est un pianiste franco-américain qui fut élève de Robert Casadessus au Conservatoire de Paris dans les années 50 puis étudiant à la prestigieuse Julliard School.

Renoir
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Les premiers accords, très sombres, évoquent le martèlement sinistre du bourdon du clocher de l'édifice sacré surgissant lentement de l'onde à marée basse. Dans le développement central, Debussy éclaircit le discours musical pour symboliser la renaissance de la cathédrale et même lui rendre vie. Ce n'est pas une musique descriptive, mais on peut songer à un chœur rappelant la tragédie qui s'y déroula bien des siècles auparavant. Petit à petit les accords initiaux resurgissent de plus en plus pianissimo. La Cathédrale est de nouveau engloutie par la marée haute. François-Joël Thiollier apporte une lumière diaphane et un jeu précis et poétique à ce grand moment de musique qui ne se prête guère à l'analyse, mais plutôt à une écoute méditative…

- Dites M'sieur Claude, 5 à 6 minutes de musique pour cet article, vous faîtes dans l'économie je trouve…
- Moui, pas faux, même si cette pièce est du pur bonheur… Allez, un petit bonus avec La "fille aux cheveux de Lin", le prélude n°8, toujours du premier cahier de Préludes et d'après un poème de Leconte de Lisle…
- Joli titre et beau portrait de Renoir ! Un morceau difficile ?
- Non ! Juste 39 mesures avec un tempo doux et sensuel, Debussy n'est pas un compositeur adepte du remplissage et des redites… Une pièce très souvent jouée et accessible aux jeunes pianistes après 3-4 ans de piano… assidus, il y a des accords complexes mais seulement deux pages de partition… Le même interprète bien entendu. Il faudrait que je consacre une chronique aux 2 cahiers de préludes un de ces jours… Notez bien que cela est déjà fait pour le cahier N° 1 sous les doigts de Nelson Freire (Clic).


1 commentaire:

  1. Très beau morceau que cette cathédrale engloutie, dommage qu'il ne soit pas comme les finger de Cadbury, "Un p'tit peut plus long" !! ^^

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