vendredi 14 août 2015

CES ACTEURS QUI ROCKENT ET QUI ROLLENT - part 4, par Luc B.



On poursuit notre petite série estivale par un très gros poisson : Emir Kusturica. Acteur certes mais surtout metteur en scène, détenteur de deux Palme d’or à Cannes, ce qui est rarissime. Il n’est pas américain, mais serbe (politiquement, l’homme est assez obscur et controversé…) mais le film qui l’a fait connaitre du grand public est américain : ARIZONA DREAM (1993) avec Faye Dunaway et Johnny Depp. Avant cela il y avait eu PAPA EST EN VOYAGE D’AFFAIRE (1985, Palme d’or), LE TEMPS DES GITANS (1988), puis UNDERGROUND (1995, Palme d'or), CHAT NOIR, CHAT BLANC (1998)… Le cinéma de Kusturica pourrait être à la croisée de Chaplin, Fellini et Terry Gilliam, c’est du baroque, du lyrique, c’est barge, esthétiquement très créatif, coloré, bariolé, ça hurle, ça boit, ça chante, ça danse, c’est engagé, c’est poétique. Son dernier projet en date est un documentaire sur le footballeur Maradona (2008). Emir Kusturica apparait dans ses films, mais depuis quelques temps fait l’acteur pour d’autres, comme dans L’AFFAIRE FAREWELL de Christian Carion (2009) ou le joli NICOSTRATOS LE PÉLICAN d’Olivier Horlait. Mais depuis un moment, le cinéma n’a plus ses faveurs…

C’est que notre homme est aussi musicien, compositeur. Il a collaboré avec Goran Bregovic sur plusieurs films. Il était aussi bassiste d’un groupe de rock garage dans les années 80 : Interdit de Fumer. Ils sortent quatre albums jusqu’en 1989, où la formation se désagrège au moment de la guerre en ex-Yougoslavie. Rassemblant la moitié du groupe, Emir Kusturica en forme une déclinaison : No Smoking Orchestra, où il assure la guitare rythmique, et avec lequel il sort 5 disques, correspondant parfois aux musiques de ses films. Très populaire, le groupe enchaine les tournées. Un live sort en 2005 « Live is a miracle, in Buenos Aires », un truc dantesque, entre fanfare folklorique déglinguée et punk-rock aviné ! Un air de famille avec des groupes comme Les Négresses Vertes, et on ne s'étonnera pas que Kusturica et Joe Strummer (Clash) se soient déjà croisés... J’adore cet album, festif, où les guitares se mêlent aux violons, aux accordéons. Le chanteur Néle Karajilic s’époumone comme un diable, harangue la foule, ils sont nombreux sur scène, des cuivres et des percus, bref, y’vraiment du monde au balkan…  Les morceaux s’enchainent, créant de longues transes éthyliques, l'ambiance et la qualité des chansons vont crescendo.

On écoute "Live is a miracle"... Quel boxon !!




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Pour finir, un autre réalisateur que j'aime bien, John Carpenter, 67 ans aux prunes. Soyons honnête, je l'apprécie davantage derrière une caméra qu'un clavier. John Carpenter est un franc tireur, qui a donné ses lettres de noblesse à la série B horrifique. Les budgets modestes le laissaient libre de ses choix, il a pu faire les films qu'il voulait vraiment, et surtout régler ses comptes avec une société américaine, folle de consommation et de violence, sans trop donner l'impression qu'il faisait de la politique ! L'homme place RIO BRAVO au panthéon du cinéma. Nous sommes donc deux. Au générique de ses films, si vous voyez "montage : John T. Chance", c'est un des pseudos de Carpenter (acteur, scénariste, monteur, et musicien). Il s'est choisi le nom du personnage joué par John Wayne dans le film de Hawks, et dont il fera un remake urbain dans ASSAUT (1976). Puis c'est HALLOWEEN, FOG, le fouteur de jeton CHRISTINE, l'épatant INVASION LOS ANGELES (1993). Avec Kurt Russell dans le rôle de Snake Plissen, il tourne NEW YORK 1997 (1981) et LOS ANGELES 2013 (1996). Pas grand chose, hélas, depuis GHOSTS OF MARS en 2001, Carpenter déclare lui même qu'il a assez donné comme ça, et mérité de changer d'air...  

Son père était professeur de musique, et John apprend le violon, dès 8 ans. Il passe au piano et à la guitare ensuite. Quand il fait ses études de cinéma, étant le seul à avoir un bagage musical, c'est lui qui écrit les musiques des films des autres, les mixent. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il passe à la réalisation. John Carpenter a composé 80% des musiques de ses propres films. Sur THE THING, il collabore avec Ennio Morricone. Carpenter travaille généralement aux synthés, à l'instinct, il crée des atmosphères, des nappes, des boucles (influencé par le travail de Tangerine Dream). Au milieu des années 80, il forme le trio rock-électro The Coupes de Villes, où il tient le chant, les claviers et la basse, la célèbre Höfner de son idole McCartney (J'explique pour Claude : tu prends une vielle de gambe, et tu en joues comme une guitare...). Tommy Lee Wallace est à la guitare, Nick Castle au chant. Ils publient l'album "Waiting out the eighties" en 86.

John Carpenter vient de sortir un album, "Lost themes", constitué uniquement d'instrumentaux, une musique au départ improvisée, à partir d'un son, d'un accord, et développée ensuite. Il a été épaulé par son fils Cody, qui joue dans le groupe de rock progressif Ludrium. Ce pourrait être des thèmes illustrant des scènes de film, c'est d'ailleurs ainsi que travaille Carpenter, associant toujours les images et le son.

On regarde un titre d'il y a 30 ans, et "Vortex", tiré du dernier né...





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