Akseli Gallen Kallela
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Ah les forêts et lacs de Finlande, les aurores
boréales… Ballade nocturne aujourd'hui dans ce court et romantique poème
symphonique du compositeur finnois Jean
Sibelius. Pas de commentaires à rallonge
et trop érudits pour cette période estivale.
Honnêtement, ce sont les choix de vidéos musicales
disponibles qui vont guider mes choix de petits articles. Je vous rassure tout
de suite, je ne brade pas le sujet et essayerai de trouver des morceaux
interprétés avec brio, même si la discographie regorge d'enregistrements un
poil plus aboutis. C'est le cas ce jour avec une pièce de Sibelius
qui figure comme complément d'une intégrale des symphonies de Sibelius gravée par le chef anglais Simon Rattle avec l'orchestre
symphonique de City of Birminghan, et non la Philharmonie de Berlin dont il est
directeur depuis 2002. Pour être
plus précis, ce bonus a été enregistré avec le Philharmonia
Orchestra, autre grande formation symphonique british.
Je ne suis pas un inconditionnel de cette intégrale
qui a ses qualités, mais qui, manquant un petit peu d'engagement et de passion, ne
peut rivaliser avec les réussites légendaires de John Barbirolli,
Guennadi Rojdestvenski (Clic),
ou encore Paavo Berglund et Kurt Sandeling. Ne boudons pas pour autant
notre plaisir par snobisme musicologique, laissons cela à la presse spécialisée.
Dès 1980, Simon
Rattle s'est imposé comme l'un des chefs les plus doués de sa
génération, notamment avec l'orchestre de Birminghan avec
lequel il a enregistré des must dont des symphonies de Mahler,
des gravures de références.
Une chronique de ce blog a été consacrée en partie à
ce chef accompagnateur du pianiste lang Lang
dans le 3ème concerto
pour piano de Prokofiev (Clic).
Un commentaire sur l'un de ses disques mythiques reste toujours à écrire, j'y
songe, j'y songe… Tiens la 10ème
symphonie de Mahler
avec l'orchestre de Bournemouth, Sir Simon n'a jamais été surpassé pour ce
CD réalisé au tout début de sa carrière !!
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XXXXX |
Dans l'article consacré à l'âpre 4ème
symphonie, j'avais souligné l'habileté d'orchestrateur de
Sibelius qui, bien qu'appartenant à l'école postromantique, savait moderniser son style d'écriture notamment dans ses ultimes symphonies. Il est évident que
dans son corpus des 7 symphonies, Sibelius
n'a cesse de sophistiquer la structure des ouvrages et de l'orchestration. De la première symphonie (1899) à la 7ème (1924), le compositeur a
basculé dans l'ère moderne. Ce poème symphonique, écrit en
1908, entre les symphonies 3 et 4, montre la transition vers une écriture plus aventureuse,
débarrassée de tout académisme de manière patente. Dans ce poème symphonique, la nature
nocturne et épique des divers éléments a priori disparates assurent la cohésion par des thèmes
identifiables et récurrents, des leitmotive.
L'orchestration lorgne vers la modernité. Exit
l'orchestre romantique d'un Tchaïkovski,
ici : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 1 clarinette
basse en si bémol, 2 bassons, 1 contrebasson, 4 cors en fa, 2 trompettes en fa,
2 trombones, 1 tuba, timbales, grosse caisse, tambour, tambourin et ensemble de
cordes.
Quant à l'inspiration, elle se rapproche du goût prononcé
de Sibelius pour les légendes nordiques, les sombres forêts
impénétrables, les tragédies surnaturelles. Une thématique poétique que l'on
retrouve dans toute son œuvre : En saga
(1892-1901) la symphonie épique Kullervo (1892), la dramatique Suite de Lemminkäinen (1893) comportant une
pièce féérique : le Cygne de Tuonela, et Tapiola (1924) pour citer les ouvrages orchestraux majeurs
autres que les 7 symphonies…
Tout commence par une brève introduction aux accents anarchiques
dans laquelle cordes graves, cuivres agrestes et percussions se bousculent. Un
cheval qui piaffe, se cabre, désireux de s'élancer dans la nuit diaphane aux clairs-obscurs
propres à la Scandinavie. Sibelius
évoque la chevauchée aventureuse par une scansion ininterrompue et très rythmée
des violons. Cavalier et destrier traversent la forêt et longent les lacs qui
miroitent sous la Lune. Sibelius
émaille cette course folle de mille évènements musicaux dont la signification
sera laissée libre à l'auditeur. Une myriade de petits motifs orchestraux aux
bois ou aux cuivres animent cette chevauchée (Sibelius
adorait le son des bois, celui des clarinettes entre autres). Que peut-on imaginer ? Le
bruissement des feuilles, le galop d'un élan, le chant d'un oiseau de nuit…
Le compositeur fait preuve à la fois d'une belle
imagination mais surtout d'une légèreté d'écriture qui manque parfois cruellement à la plupart des poèmes
symphoniques de Liszt, l'inventeur du genre qui abuse souvent des répétitions de thèmes lourds, ce qui appauvrit le récit et réduit l'œuvre à
une simple ouverture de concert classique.
Dans le développement médian [5':22"], flûte et
bois succèdent aux cordes pour prolonger l'ivresse de cette galopade nocturne. [6':52"]
Petit à petit le discours se détend, quelques bois semblent expédier avec
drôlerie les petits animaux vers le sommeil. [7':52] Les pas du cheval ralentissent et le
cavalier va contempler le lever de soleil doré au son d'une longue mélopées
élégiaque des cordes, où flûtes, hautbois et basson apportent des traits de
lumières vermeils. [11':42"] La clarinette, toujours elle, introduit la
coda : une marche sereine sous un ciel grandiose, un tableau brossé par des
accords de bois et de cors. Majestueux mais aucunement emphatique.
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L'interprétation de Simon
Rattle est de bon aloi, le phrasé est précis, sans pathos, et les
belles couleurs du Philharmonia magnifient ce
poème nordique. Cet œuvre se trouve souvent intégré au sein des intégrales
symphoniques, soit 4 ou 5 CDs (Sanderling
et Barbirolli). Il existe un superbe album
simple de Paavo Järvi dirigeant l'orchestre de Stockholm où se trouvent
réunis Chevauchée nocturne et lever de soleil
et la Suite de Lemminkäinen peu
enregistrée dans son intégralité hélas. Une recommandation…
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